de anaxarque » 17/09/2013 11:23
Ce qui est également remarquable c'est que Petrograd présente Raspoutine tel qu'il était, et pas tel qu'il fut fantasmé par la suite.
Certes, il n’apparaît pas, loin s'en faut, dans toutes les scènes du livre (comme son nom l'indique c'est Petrograd qui en est l'héroïne, elle et ses habitants de tous les milieux sociaux), mais ces apparitions restent dans les mémoires.
Raspoutine fut un mélange improbable mais pourtant réel de force physique démentielle (son assassinat à rebondissement est une des séquences d'anthologie de la BD, même si cela c'est bien déroulé ainsi), de fanatisme religieux (c'est officiellement un staret, un saint homme) et d'hypocrisie : c'est un amateur de femmes et de bonnes chairs, un manipulateur qui profite de la faiblesse de la tasrine préoccupée par la santé fragile de son fils hémophile, un voleur et un escroc.
Raspoutine, plus qu'un agent du diable comme on le représenta souvent ensuite, profite de la situation cyniquement pour se remplir les poches et le ventre. Raspoutine se situe dans la droite ligne de ses personnages douteux comme la Galagaï (exécutée par Louis XIII) ou encore Cagliostro (condamné pour hérésie) qui profitent de la faiblesse de souverains, lors de crise de Régime, en leur promettant des miracles en échange de biens très terrestres...
Certes, ces personnages ne sont pas les responsables de la crise du Régime, ils en sont le symptôme, le furoncle purulent qui cristallise la haine. Raspoutine évolue comme il l'entend dans un empire russe asphyxié par une guerre perdue d'avance contre la coalition prussienne et austro-hongroise et par une situation alimentaire très précaire ce qui suscite des mouvements sociaux (les soviets) qui veulent en finir avec ce régime liberticide et devenu fou.
"On Friday night, a comedian died in New York. Someone threw him out a window and when he hit the sidewalk his head was driven up into his stomach. Nobody cares. Nobody cares but me. " Roarshach's Journal, 13/10/1985.