de Bolt » 27/03/2022 21:58
Ce qui frappe en premier, c'est l'ambiance dépeinte dans les 2/3 du bouquin : un ciel bleu blafard, une ville anonyme en constante mutation, les murs défoncés par les tags, rues, appart's et terrains vagues en dépotoir, les odeurs d'alcool et de cigarettes qui montent au nez... bref, un quotidien bloqué dans la grisaille de la fin des années 80. Une évocation lointaine d'un possible conflit nous rappelle que nous sommes en ex-Yougoslavie.
Miroslav Sekulic-Struja aime bien pousser jusqu'à l'absurde la crasse et la surpopulation, ça grouille à chaque case. Ca pourrait sonner comme du Kusturica en plus anarcho-punk.
Dans ce vacarme arrive Petar. Il vient de terminer son service, accompagné de Bobo et Francesco. Les trois décident de tracer chacun leur route. Et du côté de Petar, ça sera une longue série d'écrits sur des bouts de papier, de déménagements, de poisse et de rencontres excentriques à la lisière d'un "dehors" fait de petits boulots et d'un "souterrain" alternatif peuplé de fêtards, d'anciens camarades d'université, d'artistes désœuvrés. Il a beau être entouré, l'écrivain reste taciturne voire triste. La danseuse Liza entend parler de lui, le croise une, deux fois, mais peine à mettre un visage sur le personnage. Ca sera au détour d'un énième boulot alimentaire que les deux se mettent à converser... et tout le reste est comme une évidence. Un peu trop même car même si les couleurs gagnent en vivacité autour de lui, Petar reste hanté par son univers intérieur. Est-ce que Liza arrivera à le tirer de là ?
Je ne connais pas du tout les bouquins précédents de Miroslav Sekulic-Struja, mais celui-ci est une très belle BD, poétique à souhait, et qui m'a ému. Je ne sais pas si c'est un des grands albums de cette année, mais en tout cas il fera partie de ceux que je retiendrai.