GringoBandito a écrit:Ça va encore faire des stocks de papier toilette
Derrière les tablettes bien garnies des librairies québécoises, une industrie tout entière fait les frais d’une pénurie de papier. Et travaille d’arrache-pied pour qu’il y ait des livres sous le sapin de Noël, cette année. Décryptage.
Le cas Zviane
« Mon éditeur ne me donne plus de date de parution. Ma bande dessinée arrivera quand elle arrivera », laisse tomber Zviane au bout du fil. Depuis l’automne, l’engorgement dans les imprimeries retarde la parution et la réimpression d’ouvrages, parfois jusqu’à plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
On peut nommer Petit traité sur le racisme de Dany Laferrière, Les enquêtes de Sgoubidou de Cathon ou encore Symptômes de Catherine Ocelot. Zviane n’y a pas échappé. Auteure prolifique, elle croisait les doigts pour recevoir son dernier projet, Football-Fantaisie, à temps pour le Salon du livre de Montréal, qui se tiendra du 25 au 28 novembre au Palais des congrès.
Sur les planches depuis cinq ans, la bande dessinée – une brique de 500 pages couleur, un défi d’impression en lui-même – devait initialement voir le jour en octobre. La date de publication a été reportée au 16 novembre. Puis, une autre fois à une date non définie. « Il va y avoir du monde [au Salon du livre] pour que je signe mes vieux livres. C’est certain que j’aurais aimé avoir mon livre pour l’occasion, mais ce sont des choses qu’on ne contrôle pas et qu’on n’a pas le choix d’accepter », se résigne Zviane.
Casse-tête pour les éditeurs
Entre les retards multiples et les ruptures de stock, l’automne a été un « enfer », affirme Luc Bossé, fondateur des éditions Pow Pow, qui publient Zviane. Et pas le temps de reprendre son souffle : le Salon du livre et le temps des Fêtes, des périodes cruciales pour l’industrie, n’attendront pas. « La conquête du cosmos [d’Alexandre Fontaine Rousseau et Francis Desharnais], par exemple, je n’ai plus de copies depuis le mois de septembre. Ce livre-là est hot, je trouverais ça plate de rater ce momentum-là », déplore M. Bossé.
Il n’est pas le seul à soulever l’enjeu des réimpressions, véritable casse-tête pour les éditeurs. La maison d’édition Boréal a tenté de prévoir le coup en augmentant le tirage de certaines œuvres, mais ce n’est pas une solution miracle. « Cela nous demande plus de frais, donc plus de risques. Ce qui est plus difficile aussi, ce sont les engouements surprises qu’on n’avait pas prévus », affirme le directeur adjoint Philippe Gendreau, qui se considère tout de même chanceux de n’avoir dû reporter qu’un seul titre.
Chez Québec Amérique, on rapporte aussi des reports de parution – parfois jusqu’au printemps prochain – et de réimpression. Flexibilité et préparation sont les mots d’ordre pour passer à travers cette crise, affirme la directrice de la production, Véronique Loranger. Lundi encore, son imprimeur l’a informée qu’il manquait d’un papier précis en vue d’une réimpression. « Finalement, j’ai changé de papier. C’était plus important d’avoir le livre avec un papier qu’on aime moins que de ne pas l’avoir du tout pour Noël. »
Plusieurs nœuds dans la chaîne
Non, il ne manque pas d’arbres pour imprimer tous ces livres. « Sans reculer trop loin dans le temps, il faut se positionner avant la pandémie [pour comprendre la crise actuelle] », explique Serge Loubier, président de l’imprimerie Marquis. Ces dernières années, le papier perdait de son lustre à la faveur du numérique. Pour leur survie, plusieurs moulins se sont réorientés vers les produits d’emballage ; d’autres ont carrément fermé leurs portes. Et puis, soudainement, la demande a explosé.
Confinée, la population a retrouvé le plaisir de la lecture, loin des écrans et de la dure réalité. L’industrie locale s’est retrouvée submergée par la demande et l’arrivée de nouveaux clients – des éditeurs canadiens et américains qui ont tourné le dos à l’Asie en raison de l’incertitude liée au transport maritime. « Tout ça a créé la tempête parfaite. En ce moment, il faut passer nos commandes de six à huit mois à l’avance. J’ai des clients qui commencent à réserver pour le mois d’août prochain », explique l’imprimeur, qui ne prévoit pas un retour à la normale avant le printemps 2023.
Dans la foulée de la rareté du papier, les prix ont par ailleurs explosé sur le marché mondial. La facture risque fort d’être refilée aux consommateurs.
lusabets a écrit:Bonsoir
Dans le quotidien Le Monde, ce jour, un article (réservé aux abonnés) sur la pénurie de papier...
Depuis la fin du printemps, éditeurs et imprimeurs sont confrontés à une pénurie historique de pâte à papier. Un effet de la crise sanitaire qui se fait sentir au plus mauvais moment.
En gros, les prix vont sûrement augmenter...
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/09/17/la-penurie-de-papier-le-roman-noir-de-la-rentree-litteraire_6094952_4500055.html
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