de facsimile » 22/12/2012 11:04
Piètre chroniqueur, j'ai franchi le pas en laissant mon point de vue, pour promouvoir ces deux bd indispensables! "Pattes d'eph et col roulé", et "la peur du rouge" par Fred Neidhardt. Deux volumes indispensables, voire incontournables pour ceux de la génération concernée, moi-même, né quatre mois avant l'auteur, et (comme lui) franc-comtois (mais d'adoption), lecteur assidu (et déçu) de bandes dessinées, je tombe enfin sur cet auteur dessinateur atypique, qui apporte une touche d'originalité au monde de la bd marginale. Je ne taris pas d'éloges pour cette petite merveille truffée d'allusions à la décennie 80 naissante et aux glorieuses seventies , "la peur du rouge" étant la suite chronologique et logique à son premier ouvrage autobiographique, "pattes d'eph et col roulé", vous savez? ces bas de satané futal qui frottent, et ces cols prépuciformes qui grattent. Un régal à chaque vignette, mêlant un style graphique sans cesse changeant,à un humour rafraîchissant, inédit, imprévisible, et pourtant une belle cohérence de l'ensemble, un road movie parfaitement étudié, une satyre habilement dosée sur le monde de l'enfance et de l'adolescence de la fin des années 70. Tout y est, l'imaginaire salutaire de l'écolier, l'interclasse, les complexes qui se dissipent, la crise identitaire, les frustrations, les peurs, les premières expériences, les mauvaises fréquentations, le monde cruel des adultes, les chambres bordéliques parsemées de playbig et de fulguropoings , les photos crues maladroitement dissimulée dans "les pirates du silence", les prof d'histoire caricaturales, vielles filles acariâtres et destructrices, les redoublants malintentionnés, les têtes de turc boutonneux, drogue, tragédies humaines, préoccupations sexuelles, marginalité, communismes en tout genre et ces absurdes hantises politiques, besoins élémentaires, ou paroxysmes de la poésie, tout y est pour restituer cet univers d'un passé qui ne quitte pas notre mémoire, et vers lequel on retourne volontiers. J'ai du parcourir ces deux volets une bonne vingtaine de fois, chaque fois avec une lecture différente, émerveillée, amusée, surpris à chaque tour de page. Je ne m'en lasse pas, et tente de remercier à ma manière, avec mon humilité, cet auteur trop rare, que j'incite à nous réserver une suite à cette fresque hors norme. J'y retourne. Un dolois...