Novembre et les tartes aux pommes
Dehors ça a beau être la tempête, on peut sentir dans l’air le premier printemps qui pointe. Les perce-neige fleurissent, le chant timide des mésanges sort des buissons: c’est le moment idéal pour écraser, broyer et détruire tout espoir naissant avec cette série de tampons décourageants, disponibles sur mon site ici:
https://tampographe.com/46-tampons-deprimants et à la galerie.
Sinon à part ça quelques mots-clefs: Café. Camion. Boue. Village. Chapeau. Slalom. Parisiens. Crâne. Si on met ça dans l’ordre ça peut éventuellement donner:
Semaine calme. On regarde des camions de déménagements qui passent. C’est le mois de février, il fait froid, la campagne est moche, les parisiens divorcent et rentrent à la capitale en deux camions bien distincts. Ils étaient arrivés en avril, ils avaient frappé à la porte des voisins et tendu en souriant des tartes aux pommes toutes chaudes, les enfants prenaient des couleurs, ça parlait qualité de vie et beuh du jardin. Et puis paf. Novembre qui pardonne pas. L'hiver dans ta face. Les vieux murs impossibles à chauffer, les volets qui restent fermés, la connexion du télétravail qui rame, la cambrousse vide sous la grisaille. On regarde les camions qui filent vers l’A6. Tant pis pour les tartes aux pommes.
Nous on est coriaces. C’est déjà notre troisième hiver, on finit par apprécier l'étendue de boue à perte de vue autour du village. Elle vient jusque dans la chambre, jusque dans le plumard où les chiens la ramènent et l'étalent sur les draps avec leur air tendre. Et sur mon clavier, et sur mes fringues, et jusque sur la tasse de café qui fume à coté de moi. II y en a parfois sur les colis, échantillon gratuit de la terre maudite de l’Yonne qui part en colissimo un peu partout en France. Quand je sors sous la flotte je marche d’un pas prudent d’abord, puis je cours presque et je glisse sur les chemins. On pourrait skier là-dedans. Faire des sports de boue. Luge, slalom, batailles de boules de boue, bonshommes de boue avec carotte pour le nez, pipe, vieux chapeau canaille posé sur le front, couvre-chef qu’un tueur en série distrait a perdu dans les fourrés, car on s’enrhume vite par le crâne.