Efficace et malin d'un bout à l'autre. La partie politique bien amenée dès le début prend progressivement de la vigueur au fil de l'intrigue.
On oublie vite le "petit" format, qui permet de nous offrir un page-turner de plus de 300 pages à un tarif plus qu'accessible. Chaque planche fourmille de détails, le plus souvent politiques ou comiques. Nombreuses sont les cases à enchaîner avec brio plusieurs échelles (l'influence manga ?) pour donner du rythme et de l'épaisseur aux caractères, en faisant passer d'un plan large sur des silhouettes un peu gros-nez, à des cadrages serrés où elles deviennent des trognes de cinoche (un ex. de ce que je décris là : III, p. 93)
Nicolas Juncker m'avait aussi scotché au dessin avec "La Vierge et la Putain" (et "Malet", et "Immergés", ou plus récemment "Seules à Berlin"). Et là, sur un tout autre plan, chapeau. J'ai beaucoup aimé, clairement. Et loin de moi l'idée que, mis bout à bout, ce copieux "Octofight" représente moins de travail que les opus cités (même à quatre mains), mais : comme Edouard Cour qui passe de la trilogie "Herakles" (5 ans de travail, disait-il en festival, pour un chef-d'œuvre) ou de "O Senseï" à des créations apparemment plus modestes (quoique très plaisantes) comme "Les Super-deltas" ou "Les Sousvivants", je m'interroge. Je ne sais si de "belles" maisons comme Glénat (surtout sous la coll. Treize Etrange) ou Akileos en viennent à freiner leurs auteurs, ou si leur situation elle-même les pousse à voir plus court, mais que faire...
Persuadé que le format pourra stratégiquement aider (si les libraires jouent le jeu ?), je souhaite en tout cas aux deux auteurs comme à Glénat le franc succès que mérite cette petite trilogie, à relier à "Il faut flinguer Ramirez" et à "Valhalla Hotel" dans le côté Tarantino-défouloir. L'époque est enragée, mais ça donne de bonnes bd