Les récits "autopsychanalitiques" et ceux qui entendent "partir à la recherche de soi", m’assomment bien souvent.
Pourtant, Mon père était boxeur est une réussite absolue. L'histoire est d'une simplicité désarmante, elle est aussi d'une vérité universelle, c'est sans doute pour cela que le lecteur, quel qu’il soit, y retrouvera un fragment de sa propre existence.
Le ton de la BD me fait curieusement penser à la chanson "Mon vieux " de Daniel Guichard qui fait instantanément pleurer l'auditoire quand elle est diffusée à la TV ou lors d'obsèques : Quand on perd un aïeul, on se rend compte, trop tard hélas, que l'on a vécu longtemps à coté de quelqu'un et non pas avec lui. Les mesquineries de la vie quotidienne, les embrouilles que nous avons pu avoir, nous font nous éloigner les uns des autres. Et quand c'est trop tard, il ne reste que les regrets et des interrogations qui resteront sans réponses dans cette vie.
Par là, la quête de Barbara Pellerin nous touche tous.
Elle tente de mieux comprendre son père qu'elle aime et qu'elle craint en même temps, en prétextant faire un reportage sur la boxe qu'il enseigne à ses élèves dans une salle de sport :
Son père est un être ambigu, si elle se rappelle de moments de tendresse partagés avec lui, elle se souvient aussi d'un homme amer et hanté par son échec relatif dans le monde de la boxe, d'un individu poursuivi par l'alcoolisme, la jalousie, et par sa propre violence qui se manifeste de manière brutale contre ceux qu'il aime, et contre lui-même...
Le père et la fille, leur vie durant, se chercheront mais s'éviteront, ne se parleront que peu, en vrai ou au téléphone.
Ils essaient plus au moins adroitement d'échanger via cette caméra qui ne constitue qu'un nouvel écran entre eux deux. Il est évident qu'ils souhaiteraient se retrouver mais, par un mélange de pudeur et de vanité, ils n'arrivent jamais vraiment à se comprendre mutuellement.
Le dessin de Bailly est admirable. Le film documentaire est remarquable. Comme la BD, il se suffit à lui-même, mais les deux œuvres ensemble forment un tout supérieur à l'addition de ses deux composants.
Remarquable, vraiment.