JDMorvan a écrit:
Mai 68 est arrivé JUSTEMENT parce que la France sentait le renfermé.
Mai 68 est arrivé parce que la France de cette époque là vivait le plein-emploi et le coeur des 30 glorieuses, et que les entreprises ne reversaient pas à leurs salariés le juste salaire du boom économique.
La révolte étudiante n'est qu'un épiphénomène d'un mouvement social d'ampleur, qui accouchera des accords de Grenelle.
N'oubliez jamais que les étudiants, à l'époque, étaient une minorité de jeunes, parce que les études supérieures étaient réservées aux enfants de la bourgeoisie.
Le mai 68 étudiant est donc une mini-révolte de jeunes bourgeois, avant tout ; ceux qui, 13 ans plus tard, voteront Mitterand (et qui déchanteront 2 ans plus tard, en 83).
Il faut vraiment distinguer le mai 68 étudiant du mai 68 syndicaliste qui, lui débouchera immédiatement sur des avancées sociales et salariales.
Quant à cette France qui "sentait le renfermé", j'ai du mal à l'envisager.
D'abord parce que dans beaucoup de domaines, les français n'ont pas attendu 68 pour que les choses changent (dans le scoutisme, par exemple, les changements ont commencé bien avant), et regardez comme le pays se transformait, dans tous les domaines, des années 50 aux années 60, sous l'influence des américains.
La France ne s'est pas figée de 1945 à 1968, elle était en perpétuel mutation, bien plus que maintenant. Vivre en France en 1945, ce n'était pas pareil que de vivre en France en 1955, ni en 1962 ou en 1966. Les choses s'accéléraient à une vitesse folle, dans l'alimentation, les transports, les télécommunications, l'habillement, les loisirs, les moeurs, etc...
J'ai plutôt l'impression que le monde sent le renfermé (pas seulement la France) depuis la chute du mur de Berlin, avec la fin de l'idéal (mortifère) socialiste soviétique, et le triomphe du capitalisme libéral (mortifère, lui aussi).
Plus aucun modèle de société n'est proposé sinon celui de la consommation de masse, avec comme seule "nouveauté" (en réalité, régression, un retour au XIXème siècle) la flexibilité des emplois et la fin des protections sociales (au nom de la "dette", cette chose indéfinissable, ce trou noir spatio-terrien qui va nous engloutir tous).
A part la régression des mesures sociales, plus rien ne bouge.
Alors, comme dans les années 60, des mini-mouvements se créent, pour consommer autrement, mettre fin à la mondialisation par la promotion des circuits courts, revenir à une écologie pratiquée avant 1945 (rien ne se perd, tout se recycle).
Est-ce que ces micro-phénomènes vont converger et accoucher d'une nouvelle société ?
Faudra-t-il un clash de type mai 68 mais à l'échelle de la planète ?
Possible, mais pas sans la Chine, le nouveau maitre (économique) du monde...
Il va donc peut-être falloir patienter un peu.