La fée Aveline étonnamment, n'a pas été publiée dans un magazine de bande dessinée mais dans un journal publicitaire appartenant à Marcel Dassault. Elle n'a pas duré très longtemps puisque la publication s'est étendue de 1967 à 1969 et correspond à une centaine de pages mais elle a un certain charme, un peu désuet mais réel.
Il tient d'abord aux dessins de Coq, qui utilise la couleur bleue plutôt que le noir, même si certaines pages (minoritaires) sont simplement en noir et blanc

Mais le charme vient aussi de l'histoire qui reprend un certain nombre de poncifs de contes de fées de façon un peu kitsch mais plaisante. Comme la Belle au bous dormant, la fée Aveline a été bénie par ses marraines les fées mais maudite par une méchante fée, non invitée et qui répond au doux nom de Carabosse. En représailles, celle-ci va maudire Aveline : si elle tombe amoureuse d'un mortel, elle perdra tous es pouvoirs.
Ayant grandi, Aveline est devenue très curieuse et, se lassant quelque peu du monde des contes de fées, va vouloir découvrir celui des humains. Ca va être l'occasion pour Carabosse de lui tendre plusieurs pièges, d'abord pour lui faire perdre ses pouvoirs puis davantage pour l'embêter, l'objectif initial étant à peu près oublié - ou devenant très secondaire.
Les textes de Goscinny sont très bons, sans trop de calembours mais avec beaucoup de références ou d'adresses humoristiques aux lecteurs ("n'oubliez pas que, s'il y a encore des dîners ratés ou des lacets qui cassent le matin quand vous êtes pressé, c'est parce que Carabosse a empêché Aveline de résoudre nos petits ennuis"). La société de l'époque est croquée ironiquement mais aussi avec une certaine tendresse, les personnages humains étant plutôt attachants, malgré (ou à cause de) leurs nombreux défauts et leurs réactions interloquées face à la magie d'Aveline ou à ses raisonnements d'un autre monde sont aussi très drôles
Ca a donc été une très bonne lecture, légère mais agréable. L'introduction est aussi très intéressante, avec ses développements sur le dessinateur espagnol mais aussi sur le journal Jours de France et sur le rôle de Dassault, dont on apprend qu'il s'intéressait à la bande dessinée et qu'il aurait même écrit des scénarios.