Les mangas de comédie romantique

[Cyril91]

The dangers in my heart est une comédie romantique mâtinée avec du gag manga, les chapitres étant assez courts - plus ou moins une dizaine de pages - et de courts gags étant souvent présents en bonus. Le manga est prépublié dans le Weekly shônen champion puis dans le Champion Cross et le Manga cross (je suppose que le public visé par ces deux derniers magazines doit être un peu plus âgé), 8 tomes sont déjà sortis au Japon et un animé a été produit cette année avec une première saison de 13 épisodes, diffusée en France sur ADN. Pour les débuts, Kana a choisi de sortir les deux premiers volumes en même temps ; ce qui est une bonne idée car les personnages évoluent sensiblement durant ceux-ci. Une réserve qui ne concerne pas la qualité du manga mais son lectorat : le langage et certains sous-entendus sont parfois assez crus, ce qui fait qu'à mon avis, il s'adresse plus à des ados ou à des préados qu'à des enfants.

Kyotaro Ichikawa est un collégien de 4ème, de petite taille, renfermé et qui a en lui un lourd secret : il veut, un jour, tuer ses énervants camarades de classe, et en particulier la belle et grande (et un peu à l'ouest) Anna Yamada. Assez vite, cependant, on voit qu'il se fait surtout des films dans sa tête et que Yamada l'intéresse aussi pour d'autres raisons : il faut dire qu'elle agit souvent bizarrement, dans ses discussions avec ses camarades, son rapport avec la nourriture ou sa façon de travailler. Au fil de petits moments de la vie quotidienne (exposés, discussions à la bibliothèque, sorties...), les deux vont progressivement se rapprocher.


Par certains aspects, The dangers in my heart me rappelle beaucoup le dessin animé Mes tendres années : on avait déjà un couple très différent, formé d'une fille grande et belle, expansive, parfois un peu fofolle et ayant un groupe d'amies soudées et un garçon un peu tsundere, qui refuse d'avouer qu'il l'aime alors que ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Même s'il a aussi au fond bon coeur, Ichikawa diffère cependant de Shunsuke par un côté plus glauque, surtout dans les premiers chapitres : on le voit ainsi acheter un magazine pour lequel Yamada a posé (elle est mannequin) et il est ensuite sous-entendu qu'il va se masturber dessus - le thème est d'ailleurs réabordé à la fin du deuxième volume lors d'une discussion avec Adachi, l'obsédé sexuel de la classe. J'ai bien dit qu'il y avait certains passages assez crus.

Ce n'est cependant pas l'essentiel : les gags font régulièrement mouche grâce aux côtés décalés des deux personnages et à la façon dont ils se rapprochent, sur des malentendus, des situations bizarres, parce qu'Ichikawa tente d'aider Yamada ou parce que celle-ci lui fait de temps en temps (volontairement ?) du rentre-dedans. Les personnages secondaires sont aussi réussis: le groupe des filles, avec leurs disputes sans conséquences, est soudé et très drôle. Les garçons sont davantage relous (surtout Adachi) mais ne semblent pas avoir un mauvais fond. Grâce à ses chapitres courts, le manga est bien rythmé et se renouvelle régulièrement, sans lasser et en faisant progresser son histoire par petites touches. Les dessins sont bien adaptés à ce type d'histoire et au type de gags que dessiné Norio Sakurai. J'ai donc passé un très bon moment et ri régulièrement à la lecture de ces deux volumes qui constituent une des bonnes nouveautés de cette rentrée.

[HervB]

En tout cas, graphiquement, ça a l'air moche. Du moins, les couvertures...

[Cyril91]

C'est spécial mais j'aime bien. Le chara-design est rigolo et va bien avec le type d'humour du manga. Voici un exemple de page avec plusieurs personnages :

[Cyril91]

J'ai changé le titre du sujet (initialement dédié au seul manga The dangers in my heart - dont je vais quand même parler dans ce post) pour l'élargir un peu et pouvoir discuter d'autres titres. Les comédies romantiques sont un genre ancien, et présent dans le shônen, comme dans le shôjo et le seinen J'en ai 3 en cours en ce moment et, pour l'instant, elles me satisfont pleinement (à part le rythme de parution de la première, publiée par Noeve, le pire éditeur manga actuel : 4 tomes en un an et demi) :



Elles ont des points communs majeurs : un côté feel good, avec une gentillesse des deux membres du couple l'un envers l'autre (ce n'était pas gagné au début pour Ichikawa dans Tge dangers in my heart) ; un humour loufoque plus (Tonikaku kawaï, The dangers) ou moins (Insomniaques) accentué ; des thèmes qui sortent parfois du lot (le mystère sur l'identité de Tsukasa dans Tonikaku, la maladie d'Isaki, l'insomnie et l'astronomie dans Insomniaques ; le côté glauque d'Ichikawa au début de The dangers). Ce sont ces éléments qui me plaisent et qui différencient assez ces titres pour me faire apprécier leur lecture.

Le tome 4 de The dangers est sorti hier :


Le côté glauque des débuts a quasiment disparu, malgré un ou deux passages en dessous de la ceinture ou Yamada qui découvre l'intérêt passé d'Ichikawa pour les ouvrages sur les meurtres. On suit plus, surtout du point de vue d'Ichikawa dont l'auteur nous livre les pensées, tout un tas de petits riens, les gentillesses des deux personnages l'un pour l'autre, leurs avancées et hésitations maladroites. Yamada semble faire davantage du rentre-dedans, en en ayant plus ou moins conscience selon les situations d'ailleurs, comme lorsqu'elle appelle Ishikawa sur son smartphone avec la caméra braquée sur sa poitrine.
D'autres moments sont plus touchants, lorsque les deux personnages se retrouvent près de la fameuse statue d'Hachiko le soir de Noël pour un premier rendez-vous sans qu'Ichikawa en ait véritablement conscience (les signaux sont pourtant clairs) ou lorsqu'ils s'échangent des cadeaux. D'autres, enfin, sont assez drôles, lorsque les deux amoureux se taquinent ou se font charrier par leurs amis ou par la soeur d'Ichikawa. Et souvent, on a tout cela à la fois, avec les bouilles souvent adorables des deux personnages, quand Ichikawa est troublé par Yamada, quand celle-ci mange de façon maladroite ou quand tous deux sont ensembles, se touchent plus ou moins par accident, ont des gestes d'amoureux sans vraiment oser se le dire.

Si le ton de The danger in my heart pouvait intriguer au début par son ambivalence, le choix est devenu assez clair dès le tome 2 et s'est confirmé dans les deux suivants - à bon escient à mon avis - et la série me séduit donc de plus en plus. La version animée (dont la deuxième saison commence juste après ce tome 4) me permettra de patienter en attendant la sortie du tome 5 - heureusement prévue dans 2 mois : on n'est pas chez Noeve Grafx...

[mr_switch]

C'est marrant que tu associes Noeve à un éditeur lent, alors qu'on craignait à son lancement que ce soit un éditeur hyperactif à la Meian. M'est idée que Noeve a commencé sur les chapeaux de roue, sans support de comm', et puis a été rattrapé par la réalité du marché.

[tom pouce]

Comédie romantique dessinée par Naoki Urasawa sur le thème du judo.

[Cyril91]

Même s'il y a un aspect "relation amoureuse", je classerais plus Yawara (ou Happy, du même auteur) dans les mangas sportifs.

Pour Noeve, c'est vraiment une catastrophe - et Tonikaku kawaï n'est pas le plus mal traité. Des tomes 1 sortent à la pelle mais pour la suite, il faut attendre des plombes. Ca dissuade de commencer des tomes chez cet éditeur.

[Bolt]

Bonne initiative que ce topic, histoire d'élargir l'horizon des lecteur.ice.s du forum.

N'en lisant quasiment pas moi-même, je me réfère à mes têtes chercheuses sur les réseaux sociaux et de ce que je connais en adaptation animé. Non exhaustif, pour éviter de trop flooder :

[HervB]

C'est quand même fou que le meilleur manga de comédie romantique ne soit pas cité ici ! pfff...



10 tomes dégoulinants de romantisme et avec un humour ravageur, proposant un des meilleurs personnages manga que l'on puisse trouver !

[Vainsy]

Dans le genre, mon fils collégien suit cette série :


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Pour un peu plus âgé mais pas tant, je nommerais bien les classiques de Katsura :


Puis glissons dans la partie réservée aux + de 18 ans d'après la BEL (alors que, bon, y a plus pire quand même, et surtout niveau humour on est bien dans le registre de ce topic) :

Je ne le mets pas sous balise spoil mais les - de 18 ans sont priés de ne pas cliquer sur le visuel de planche présentée !!!

[HervB]

Moins de 14 ans, tu veux dire, pour Asatte Dance, car oui, c'est quand même assez soft vu ce qu'il est possible de voir maintenant...

Sinon, effectivement, c'est très bien, Quand Takagi me taquine.

[tom pouce]

Cette série n'a pas encore été citée, je pense



C'est en 11 tomes. L'humour est assez présent. Le "héro" principal étant un peu gauche.

[Exydius]

Ce n'est pas le genre que je lis le plus, mais pour l'instant, je lis Blue Box, Love Fragrance et je regarde en animé Otaku Otaku et Skip & loafer qui sont aussi en manga.

Blue box est pour l'instant très très classique, j'espère que ça va décoller par la suite.

Love fragrance, j'en suis au tome 4, je trouve qu'il manque quelque chose, un peu comme tout les titres de la collection life. J'ai lu Cigarette and cherry et Just not married et j'ai trouvé ça sympa, mais sans plus.

Otaku Otaku et Skip & loafer sont vraiment très chouette en animé, je suppose que les mangas c'est pareil, je recommande.

Sinon, pour moi la série de romance adolescente/ comédie par excellence c'est GE - Good Ending, c'est très classique, mais ça marche super bien. Et surtout le rythme tout du long des 16 tome est vraiment bien géré, je trouve que c'est souvent un problème dans le genre romcom.

[Cyril91]

Skip & loafer, le problème, c'est que le manga est chez Noeve, donc avec un rythme de parution catastrophique (tome 1 sorti en avril dernier, tome 2 en septembre et rien depuis). Mais sinon, les épisodes que j'avais vus m'avaient plu.

Parmi les titres cités, j'ai beaucoup aimé Otaku otaku, avec ses deux puis trois couples très attachants et un humour qui fait mouche, avec pas mal de références mais pas seulement. Les volumes mélangent agréablement des fils conducteurs et des gags plus indépendants.
Mon histoire est aussi un très bon shojo, que j'ai relu il n'y a pas longtemps. Le caractère et le physique du personnage principal mais aussi la gentillesse de celui-ci comme de ses amis ainsi que l'humour en résultant sont les gros points forts du manga. Cigarette and cherry est également une série réussie, assez classique dans son principe mais qui se distingue par quelques bonnes idées narratives.

Parmi les titres plus anciens, je citerais Elle et lui, paru chez Tonkam il y a longtemps (donc plus disponible en neuf) :



C'est un de mes shojos préférés, avec des personnages marquants, qu'ils soient féminins ou masculins, un humour réussi, des passages feel good et d'autres plus sombres et peu de passages faiblards. Le manga avait partiellement été adapté par les studios Gainax.

[Cyril91]

Les choses continuent à avancer pour Yamada et Ishikawa. Moins qu'on n'aurait pu s'y attendre à la lecture du volume 6 cependant : alors que le second avait entendu celle-ci avouer à un tiers qu'il l'aimait, après un premier chapitre d'hésitations, aucune véritable conséquence n'en est tirée. Il n'empêche que les personnages évoluent, lentement mais sûrement : j'ai beaucoup ri en voyant la jalousie de Yamada ou sa réaction devant le cadeau d'Ishikawa pour le white day. A l'inverse, les inquiétudes d'ishikawa face à certains risques qu'encourt Yamada en raison de son métier d'actrice-mannequin sont touchantes, d'autant plus qu'elles ne sont pas injustifiées au vu des exigences de fans autour des idoles japonaises.
Gros point fort aussi : l'attitude des parents de Yamada. Ca fait plaisir de voir des parents aussi bienveillants, protecteurs sans être intrusifs (ceux d'Ishikawa sont bien aussi, mais leurs scènes sont moins marquantes) et très compréhensifs : ça nous offre peut-être les plus belles pages du volume dans le chapitre 98.

Enfin, l'humour est toujours très présent, que ce soit dans la mise en avant de la libido d'Ishikawa (et dans sa façon de la réfréner), avec les réactions toujours décalées de Yamada ou lorsqu'Adachi tente de donner un cadeau à Seline pour le white day. Ce personnage est de plus en plus appréciable, moins obsédé mais toujours avec des idées idiotes et une relation amicale réussie avec Ishikawa. Vivement le tome 8, qui devrait être le dernier avant l'apparition de chapitres non adaptés en dessin animé et entraîner un changement important dans l'histoire.

[Cyril91]

12ème tome sur 14, avec 2 parties distinctes. Après une fête locale qui nous permet de voir de jolis costumes et décorations (Makoto Ojiro a un trait simple mais doux et agréable), la première revient sur un "mythe" présent depuis le début du manga : 2 amoureux traversant les 7 ponts de la ville sans dire un mot resteraient en couple pour toujours. Tous les personnages vont se prêter à ce petit jeu et leurs réactions sont vraiment amusantes, touchantes parfois, notamment pour Magari.
Suit un bond dans le temps : je regrette un peu tout ce qu'on rate avec ces années zappées mais j'aime beaucoup la façon dont l'auteur l'a rendu, avec 5 doubles pages consécutives dans lesquelles les personnages passent au même endroit à des moments différents.

A défaut de les voir, on devine cependant quelques éléments concernant l'évolution de la relation amoureuse entre Magari et Nakami et celle du club d'astronomie mais ça aurait été agréable de la voir "en direct". De nouveaux enjeux apparaissent cependant, concernant les études supérieures (Magari pourra-t-elle s'éloigner, compte tenu de sa maladie ?) et d'inévitables séparations : ça donne quelques beaux dialogues, notamment entre Magari et sa mère. Plus que 2 tomes avant la fin : le treizième est prévu pour septembre et le quatorzième pas encore annoncé (décembre ou janvier, je suppose).

[Cyril91]

Je ne sais pas si ça va vraiment être une comédie romantique, au vu de la différence d'âge entre les deux protagoniste et du caractère peu dégourdi du personnage masculin mais bon, ça n'est pas impossible et il faut bien placer cette chronique quelque part.

Sasaki est un salarié célibataire âgé d'une quarantaine d'années. Il travaille pour une grande entreprise qui, assez classiquement, l'exploite en lui faisant faire des heures supplémentaires interminables ; comme, en plus, il a un caractère assez effacé, il subit souvent les reproches de sa hiérarchie. S'il ne se révolte pas, la situation le mine quand même. Heureusement, il a un petit moment de bonheur lorsqu'il se rend au supermarché du coin et qu'il y est accueilli par Yamada, une caissière dont la gentillesse et le sourire le réconfortent.

Alors qu'il en sort et veut se griller une cigarette (son autre moment de réconfort), il est invité à fumer derrière le magasin par un autre employée nommée Tayama, aussi effrontée que Yamada est douce et qui va régulièrement le charrier. Mais Sasaki va aussi finir par l'apprécier et ils vont aussi régulièrement passer de bons moments ensemble, parlant de tout et de rien et s'entraidant face à certaines difficultés rencontrées.

Seul « petit » problème, dont notre naïf Sasaki ne se rend pas compte : Tayama=Yamada, avec une coiffure différente et une allure plus décontractée.



Cette dernière est donc d'autant plus amusante quand Saski pense parler de l'une à l'autre et qu'intérieurement, elle se moque un peu de lui - tout en appréciant sa gentillesse. Il y a de nombreux moments très drôles autour de ces différents quiproquos. S'il peut en effet y avoir une romance (ce que souhaite ardemment Gotoh, la patronne du supermarché) et s'il a aussi une vision intéressante de certains problèmes de société (les sociétés toxiques, les personnes démesurément exigeantes envers les caissières), on est en effet avant tout dans un manga comique. Il faut dire que Jinushi a d'abord publié son manga sur internet avant d'être repérée par Square Enix ui l'a publié dans Bing Gangan, son magazine seinen. Un parcours qui rappelle le tout aussi excellent Otaku otaku, avec lequel ce manga partage un mélange de gags et de petites histoires permettant progressivement d'en apprendre plus sur les personnages et de les faire évoluer.

C'est d'ailleurs assez amusant de voir que Smoking behind the supermarket est à la croisée de plusieurs mangas publiés par Kana : le style d'histoire est le même que dans Otaku Otaku ; il y a une différence d'âge importante entre les deux personnages principaux, comme dans Après la pluie. Comme dans Cigarette and cherry, la cigarette joue un rôle important, même si elle est avant tout un prétexte pour raconter une histoire et développer la relation entre les deux personnages. Et le supermarché joue un peu le rôle de lieu de rendez-vous et de rencontre qu'a le café dans Après la pluie et Cigarette and cherry.
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‌Rien à redire sur l'édition : la traduction est efficace et le volume épais pour son prix, avec plus de pages que la moyenne alors que c'est en général plutôt l'inverse pour ce type de format. Il ne faut pas non plus oublier d'enlever la jaquette pour lire les gags qui sont sur la couverture.
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