de yvantilleuil » 15/02/2007 15:33
Avec Kingdom Come on effectue un bond d’environs 20 ans dans l’Univers DC, afin d’assister, sur fond d’Apocalypse biblique, à un conflit entre les super-héros ‘traditionnels’ tels que Superman, Wonder Woman et Batman et une nouvelle génération de surhumains immoraux et irresponsables.
Le scénario de cet œuvre n’est pas dénué d’ambitions, car il est sensé aborder le rôle des super-héros, le danger de leur prolifération parmi la population et critiquer cet univers de super-héros qui évolue de plus en plus vers des personnages plus meurtriers et expéditifs, comme «Spawn».
L’histoire est pourtant assez simpliste à la base : Les anciens héros se sont retrouvés sur la touche et ont fait place à une nouvelle génération plus violente, jusqu’au jour où un incident majeur ‘oblige’ les anciens à revenir mettre de l’ordre.
L’idée de faire revenir des héros torturés, vieillis et désillusionnés est intéressante, mais certainement pas nouvelle, avec «Watchmen» comme référence ultime dans le genre. On retrouve ainsi un Superman solitaire et sans confiance en soi, et un vieux Batman soutenu par un exosquelette.
Par contre, on peut s’interroger sur la nécessité d’intégrer au récit l’entièreté des super-héros édités par DC depuis sa création. En plus, les auteurs y ajoutent une panoplie de super-héros ‘nouvelle génération’, ainsi que la descendance des héros ‘traditionnels’. Alors qu’une bonne dizaine de super-héros suffisaient au récit, on se retrouve avec une multitude de figurants, inutiles ailleurs que dans un quizz pour mangeurs d’encyclopédies DC.
Etant donné la profusion de super-héros, il est d’ailleurs impossible de donner de l’épaisseur à la majorité d’entre eux et, en plus, on a l’impression de louper plein de références. Certains protagonistes comme Orion ou Aquaman donnent également l’impression d’avoir été intégrés de manière totalement artificielle au récit, tellement leur intervention semble inutile. Finalement, on a parfois l’impression de se retrouver à un mariage, en se demandant constamment d’où sortent les trois-quarts des invités.
Ajoutez à cela, le fait que les protagonistes se divisent en quatre groupes, dont les frontières et les revendications ne sont pas toujours aussi claires, et votre confusion sera encore plus grande. On a d’abord Superman et sa ‘Justice League’ (Wonder Woman, Green Lantern, Flash, Hawkman, Red Robin, Red Arrow, …) qui veulent inculquer la notion de ‘morale’ à la nouvelle génération. Batman et ses acolytes (Green Arrow, Blue Beetle, …) qui veulent également résoudre le même problème, mais de manière moins idéaliste. Ensuite il y a Lex Luthor et son Mankind Liberation Front (Catwoman, Captain Marvel, Riddler), visant à rendre le pouvoir aux humains. Et pour terminer, il y a cette nouvelle génération de héros, dont Magog et Von Bach sont les plus récurrents.
Bon, c’est clair que l’auteur développe également d’intéressants liens entre les principaux protagonistes, comme la relation entre Superman et Wonder Woman, la rivalité entre Batman et Superman et l’affrontement inévitable entre Captain Marvel et Superman. Mais, est-ce là une excuse suffisante pour inviter toute la famille DC sur plusieurs générations à cette fête apocalyptique ?
Le dessin d’Alex Ross est, par contre, très réaliste est soigné. Malheureusement, il est desservi par un scénario trop confus, car si le graphisme ‘photo’ de Ross donne à merveille lors des gros plans sur les visages de ces héros fanés, il perd un peu de son intérêt quand il s’agit d’illustrer 50 pingouins en collants qui s’explosent la tronche case après case.
Vous l’aurez compris, malgré l’intérêt de certains thèmes abordés, j’ai trouvé l’histoire trop brouillonne et les personnages trop nombreux. Je ne manquerai cependant pas de relire cette intégrale lorsque j’aurai plus de bagage comics, mais, en attendant, je me contenterai de relire «Le Fléau des Dieux» quand l’envie me prendra de voir des demi-dieux se fritter sur notre belle planète.
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