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Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Séries Franco-belge, "récentes" nouveautés "grand public".

Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Gorkh » 06/09/2017 18:46

Message précédent :
Parfait !
Je le prendrais donc la prochaine fois que je passe chez mon fournisseur :-D
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 08/09/2017 11:56

:? Le tome 3 est sorti avant-hier (le 6 Septembre donc). Serait-il possible de l'ajouter dans la listes des sorties de cette date ?

Merci d'avance !
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede xof 24 » 08/09/2017 12:02



Fiche validée mais [:bdgest]
Pas de visuel de planche
Pas de visuel du 4eme plat

Et le visuel de couverture n'est pas super top (comme pour les autres fiches :( )

Une fiche bien faite c'est aussi un peu de promo ;)
"Tout ne doit pas être expliqué" CF Andreas in TaO n°3


Le "RAGOUT du Jeudi "est servi ceJEUDI 24 OCTOBRE Les BDs à vendre de Xof! On clique sur le ===> CLIC...


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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 08/09/2017 12:14

xof 24 a écrit:
Une fiche bien faite c'est aussi un peu de promo ;)


En effet. :? Merci en tous les cas d'avoir réagi si rapidement!

L'idéal serait qu'il soit également référencé ici :

https://www.bdgest.com/top

(re-merci d'avance)

Bon, sinon, il y a une preview sur le site de l'éditeur :

http://www.glenatbd.com/bd/livre/les-de ... 1/mode/2up
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Nirm » 08/09/2017 13:35

Pour le top mensuel, je copie ce que j'avais répondu à J. Lamontagne il y a peu :
Nirm a écrit:En fait, la liste est constituée des albums en fonction de leur dépôt légal (et non de leur date de sortie).
Du coup, votre album sera/est dans la liste de septembre.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede xof 24 » 08/09/2017 14:35

Irregular a écrit:
xof 24 a écrit:
Une fiche bien faite c'est aussi un peu de promo ;)


En effet. :? Merci en tous les cas d'avoir réagi si rapidement!

L'idéal serait qu'il soit également référencé ici :

https://www.bdgest.com/top

(re-merci d'avance)

Bon, sinon, il y a une preview sur le site de l'éditeur :

http://www.glenatbd.com/bd/livre/les-de ... 1/mode/2up


Ben il est référencé

https://www.bdgest.com/sorties_bd?DL=09 ... l%C3%A9nat
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 08/09/2017 17:31

xof 24 a écrit: Ben il est référencé

https://www.bdgest.com/sorties_bd?DL=09 ... l%C3%A9nat


Ah oui, toutes mes excuses : ça m'apprendra à confondre la page d'Août avec celle de Septembre... Oups... :D

Merci en tous les cas d'avoir pris le temps de me répondre !
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 13/09/2017 17:49

Pour ceux qui ont lu et apprécié notre trilogie et qui souhaiteraient en apprendre plus sur sa conception, ses personnages et ses connexions mythologiques, j'ai décidé de poster sur ce fil de discussion quelques notes scénaristiques (vous savez, le genre de trucs qu'on pourrait trouver dans un "cahier bonus" d'une édition intégrale etc. :D )

Attention : ces notes contiennent des spoilers (assez modérés pour le premier article ci-dessous, mais qui seront plus importants dans les suivants). Il est donc préférable de n'en prendre connaissance qu'après avoir lu la trilogie dans son entier !

Voici donc un premier petit article, consacré aux trois guerriers du groupe de héros : Jason, Skarra et Leitos.

[Révéler] Spoiler:
Lorsque nos Derniers Argonautes embarquent pour leur quête, ils sont au nombre de sept – comme les Sept Samouraïs de Kurosawa ou leurs homologues de western, les Sept Mercenaires. Parmi ces sept (anti)héros, seuls trois sont des guerriers : Jason le vieux héros aigri et esquinté par la destinée, la farouche Amazone Skarra et le jeune prince Leitos.

Pourquoi avoir choisi JASON ? Pour au moins trois raisons. D’abord, parce que tout le monde connaît plus ou moins le personnage, y compris à travers l’extraordinaire film Jason et les Argonautes de 1963 (avec les effets spéciaux de Ray Harryhausen). Ensuite, parce que c’est un personnage au parcours à la fois très chargé et assez fascinant : il a accompli l’impossible (la quête de la Toison d’Or), avant de tout perdre de façon véritablement tragique (meurtre de ses enfants par leur mère Médée)… et il existe plusieurs récits divergents de sa mort – notamment l’histoire selon laquelle il aurait été tué par la chute de la figure de proue désormais pourrie de son navire l’Argo, une fin presque comique que nous avons recyclée dans notre histoire comme une rumeur peut-être lancée par Jason lui-même. Enfin, Jason possède une caractéristique assez rare pour un héros grec : c’est un mortel et non un demi-dieu… Combinée à sa trajectoire tragique et à l’incertitude régnant sur les circonstances exactes de sa mort, cette dimension purement humaine en faisait le personnage idéal pour une histoire mettant en scène des héros confrontés au Silence des Dieux…

J’ai toujours eu un faible pour les histoires mettant en scène de vieux héros sur le retour – comme par exemple Batman dans le Dark Knight Returns de Frank Miller, le personnage incarné par Michael Caine dans Harry Brown, les trois mousquetaires dans Vingt Ans Après et Le Vicomte de Bragelonne - et tant d’autres. D’une certaine façon, on peut voir notre Jason comme un équivalent « mythologie grecque » du personnage de Clint Eastwood dans Impitoyable : le héros aigri et vieilli qui repart pour une dernière aventure et qui sait que ce sera l’aventure de trop…

SKARRA est un des personnages les plus importants de cette histoire. D’entrée de jeu, nous voulions que le groupe intègre une guerrière amazone, en ayant conscience de tous les clichés que l’on associe généralement à un tel personnage ; avec Skarra, nous voulions justement casser ces clichés, en présentant une guerrière avec une plastique normale (et même les seins bandés, par opposition aux espèces de globes ou d’obus qui servent si fréquemment de poitrine aux guerrières d’heroic fantasy) et qui ne soit pas utilisée comme une espèce de pinup ou d’eye candy à destination des lecteurs masculins, comme c’est souvent le cas avec ce genre d’héroïnes. Comme Jason et Leitos, nous voulions que Skarra soit un personnage avec de profondes blessures intérieures, que les lecteurs / lectrices pourraient non seulement admirer pour son courage, sa présence d’esprit et son habileté au combat mais avec qui ils pourraient également se sentir en empathie.

LEITOS est un peu le « jeune premier » du groupe. Beau, courageux, de sang royal, il aurait tout pour être LE héros classique… sauf que sa mutilation (main tranchée) l’a privé de toute dignité, aux yeux de son père et à ses propres yeux. Il ne peut plus être l’héritier du trône et est devenu, en quelque sorte, l’ombre de ce qu’il aurait dû être. Au début de l’histoire, c’est aussi un jeune homme assez naïf, pétri de toutes les valeurs héroïques qu’on lui a inculquées dans son enfance : la bravoure, la noblesse, le sens de l’honneur et du sacrifice… Cette naïveté contraste évidemment avec le côté aigri et endurci de Jason et la relation qui va se nouer entre eux va, bien entendu (et au grand dam de Jason lui-même), jouer sur la corde « père-fils » : Jason avait des fils que leur mère a assassinés, Leitos avait un père pour lequel il est devenu un objet d’embarras et de honte… Sur ces bases déjà difficiles va venir se greffer le personnage de Nessia, la jeune sorcière, dont Leitos va (évidemment) tomber amoureux et en qui Jason ne peut (évidemment) que voir un avatar de la magicienne Médée, l’épouse infanticide...


Voilà, j'espère que cette première livraison vous aura intéressé. La semaine prochaine, je posterai un nouvel article sur le rôle des dieux dans notre trilogie.

O. Legrand
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 19/09/2017 18:30

Comme promis, un deuxième petit article, cette fois-ci sur le rôle des dieux (destinés à ceux qui ont déjà tout lu - attention aux spoilers etc etc.).

[Révéler] Spoiler:
Les dieux occupent une place centrale dans ce récit – y compris (dans les deux premiers tomes) par leur absence. C’est leur inexplicable silence qui constitue le catalyseur de toute l’histoire et leur réapparition finale qui en amène le dénouement.

L’idée d’un « jeu des dieux » dans lequel des héros seraient utilisés comme de simples pions est assez typique de la mythologie grecque ; on le retrouve aussi très explicitement, par exemple, dans le film Jason et les Argonautes de 1963. Mais dans l’histoire de nos Derniers Argonautes, le jeu se fait sans doute beaucoup plus cruel et met en avant à la fois le côté tout-puissant des dieux et leur inhumaine frivolité. Le motif des querelles conjugales entre Zeus et Héra, alimentées par l’infidélité du dieu et par la jalousie de la déesse, constitue, là encore, un élément familier de la mythologie grecque.

Jason, plus lucide (mais aussi plus aigri) que ses compagnons, marqué par tout ce qu’il a vécu (et que lui ont fait vivre les dieux) autrefois, est bien entendu le premier à pressentir la vérité ; il a d’ailleurs sans doute déjà tout compris avant le combat contre la Chimère mais il ira jusqu’au bout, conscient que c’est là sa seule destinée possible et sa seule chance de pouvoir faire entendre sa voix, lorsque tout sera terminé – ce qu’il fait finalement, en disant ses quatre vérités à Héra et en amenant ainsi sur lui l’inévitable foudre divine de son époux.

Le jeu des dieux nous permet aussi de montrer Hermès dans toute la multiplicité de ses rôles ; comme il le rappelle lui-même, le messager des dieux est aussi (entre autres choses) le dieu des arbitres. Hermès était également un dieu psychopompe, chargé d’accompagner les âmes des défunts vers leur dernier séjour, comme le reflète la réplique qu’il adresse en se démasquant au roi Partholon mourant : « Midir est mort voici trois ans. Je l’ai moi-même escorté jusqu’aux portes d’Hadès... »

Et comme tout jeu digne de ce nom, celui-ci se termine par une remise des récompenses : la mort pour Jason et un don pour chacun de ses trois compagnons. Leitos reçoit une main artificielle forgée par Héphaïstos, ce qui le « guérit » aussi symboliquement de toute la honte et de la souffrance qu’il ressentait à cause de son infirmité. En recevant le don de sagesse de la part d’Athéna, Skarra retrouve aussi une forme de sérénité et d’espoir, qui vont lui permettre de revivre (d’où la présence à ses côtés, sur l’image de la dernière page représentant le futur, de sa jeune « soupirante »).

Eurymion, enfin, reçoit le don de prophétie, que possédait également Orphée, évoqué à plusieurs reprises par Jason et Eurymion au cours du récit. Ce don constitue bien évidemment un cadeau empoisonné : certes, il apporte au poète la vision (en dernière page du tome 3) d’un futur qui semble heureux et même glorieux, mais dès le premier tome, de façon ironiquement prémonitoire, Eurymion lui-même disait que, pour rien au monde, il ne souhaiterait posséder un tel don (« Connaître le futur, c’est renoncer à l’espoir. Et nous autres, mortels, ne pouvons vivre sans espoir »). Sa vision du futur semble toutefois porteuse d’un nouvel espoir : Peut-être la sagesse du poète lui permettra-t-elle de « gérer » au mieux ce don si lourd à porter. On retrouve ici l’idée selon laquelle le pouvoir (ici, le pouvoir de prophétie) ne peut être sagement exercé ou utilisé que par celui qui l’a reçu sans l’ambitionner. Eurymion regrettera-t-il un jour d’avoir reçu ce don ? Seul l’avenir le dira…

Le dernier survivant des sept est Manaos, fils de Poséidon et d’une nymphe des mers. Par ses origines autant que par son rôle, ce personnage occupe une place à part dans le groupe et, plus largement, dans l’histoire ; il existe et opère « à la marge », intervenant de temps à autres mais demeurant assez étranger aux enjeux de la quête de nos héros. Ce rôle fait à la fois écho au statut particulier de son père Poséidon (qui ne vit pas sur le Mont Olympe et possède en quelque sorte son « propre monde ») mais aussi au dieu gaélique Manannan mac Lir, un des « modèles » de Manaos, sur lequel nous reviendrons dans la prochaine partie de ces notes.


La semaine prochaine, un petit topo sur les influences mythologiques de notre trilogie !
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 26/09/2017 09:58

Troisième petit article - qui pourrait s'intituler D'une mythologie à l'autre.

[Révéler] Spoiler:
En atteignant l’Ile d’Hyperborée, Jason et ses compagnons arrivent dans une terre inconnue… qui pourrait bien correspondre, dans cet univers imaginaire, à une version de la Grande Bretagne ou de l’Irlande ou encore à un mélange des deux : une « île perdue dans les brumes du Nord ».

On identifie d’ailleurs assez souvent la mythique Hyperborée des Grecs à la Grande Bretagne. Ici, nous avons joué à fond sur cet aspect des choses en truffant ce troisième tome de références implicites aux mythes celtiques – comme par exemple le motif assez angoissant de la « tête feuillue », l’appellation des Cyclopes locaux (les Fomoriens, nom d’un peuple de géants monstrueux dans la mythologie irlandaise) ou encore les noms propres de certains personnages.

Ainsi, le nom du roi Partholon est lui aussi tiré du Livre des Conquêtes irlandais, dans lequel il désigne un des divers rois mythiques ayant régné en Irlande avant les fameux dieux du clan des Tuatha dé Danann (les « enfants » ou la « tribu » de Danu, c’est-à-dire la déesse-mère / la terre). Idem pour Midir, un nom issu des rangs des Tuatha dé Danann. Quant à la princesse Alba, son nom ne veut pas seulement dire « blanche » en latin : c’est aussi un des noms les plus anciens de la Grande Bretagne, que l’on retrouve dans l’appellation « Albion ». Lorsqu’Alba devient reine à la fin de l’histoire, son royaume devient donc « le royaume d’Alba »…

Mais on retrouve aussi dans ce dernier volet des éléments majeurs tirés des mythes grecs, comme l’épouvantable Chimère - réinterprétée ici comme une sorte de créature lovecraftienne, à la fois informe et protéiforme et qui puise ses métamorphoses dans les peurs et les regrets de ses victimes… un monstre « psychomorphique », en quelque sorte.

Cet entremêlement de mythes grecs et celtiques était prévu depuis le début. L’idée est qu’en passant des terres connues de Jason, Leitos et des autres pour aller en Hyperborée, « au-delà du monde connu », on « change de monde » et donc de mythologie.

En accomplissant leur quête et en choisissant, après la mort tragique de Jason et la fin du jeu des dieux, de rester en Hyperborée pour en devenir les nouveaux seigneurs, Leitos et ses compagnons vont en fait devenir les archétypes de nouvelles légendes, les « modèles réels » de figures que l’on retrouvera ensuite dans la mythologie celtique des îles britanniques. Ce sont d’ailleurs ces figures celtiques qui ont, en amont, inspiré certains des personnages. En retournant les choses, on peut donc imaginer que certains éléments de la mythologie celtique seraient en fait des versions déformées de personnages et d’événements de notre récit, censé se dérouler très longtemps avant que ces légendes se retrouvent fixées sous la forme que nous connaissons aujourd’hui.

Ainsi, SKARRA l’Amazone pourrait être le modèle de la mystérieuse guerrière celtique Scathach (qui initie notamment le guerrier Cuchulainn aux arts du combat et dont le nom se retrouve dans l’île de Skye).

Quant à LEITOS, le Prince à la main tranchée, lorsqu’il reçoit la main artificielle forgée pour lui par Héphaïstos, il devient « le roi à la main d’argent », ce qui correspond à la figure mythique du dieu celtique Nuada, souverain des Tuatha dé Danann irlandais et aussi connu sous le nom de LLUD (avec un L comme Leitos) en Grande Bretagne.

MANAOS, le fils de Poséidon, porte un nom qui évoque celui du dieu irlandais Manannan mac Lir (littéralement « Manannan, fils du dieu de la mer »)… et comme ce dernier, Manaos est d’abord un « compagnon de route », issu d’un autre monde que celui des héros et qui agit en quelque sorte à la marge de leur quête : dans les mythes irlandais, Manannan est l’allié des fameux Tuatha dé Danann, mais ne fait pas à proprement parler partie de leur clan, étant un enfant du dieu-mer (et non de la déesse-terre). On peut donc voir notre Manaos comme une sorte de proto-Manannan.

Si la fin du cycle des Derniers Argonautes présente donc une « ouverture » sur la mythologie celtique, elle présente aussi la « fermeture » d’une branche de la mythologie grecque, à savoir l’histoire de Jason : on sait enfin comment Jason est (vraiment) mort et pourquoi le récit de cette mort et, plus largement, de la quête des Derniers Argonautes, n’avait jamais été raconté auparavant : parce que ceux qui l’ont vécu et qui pourraient le raconter (à commencer par le poète Eurymion, qui fait office de narrateur) ont en quelque sorte disparu du monde de la mythologie grecque pour devenir les Seigneurs d’Hyperborée… et écrire le début d’autres légendes.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 03/10/2017 16:03

Allez, un dernier pour la route - un petit article qui revient sur les deux héros ayant trouvé la mort au cours de la quête (dans le tome 2 - pas de spoiler sur le tome 3 ! :D ).

[Révéler] Spoiler:
La Sorcière et le Satyre

Comme les autres membres du groupe, le personnage de Nessia est construit à partir d’un stéréotype que nous avons souhaité casser, détourner ou renverser ; en l’occurrence, il s’agit du stéréotype de la belle sorcière séductrice (et forcément un peu inquiétante), également incarnée, dans le passé de Jason, par la célèbre Médée. Dans le cas de Nessia, le renversement s’effectue sur trois plans : son apparence physique, ses actes et son sort final.

L’apparence de Nessia est entièrement due à notre dessinateur Nicolas Ryser. Alors que tous les autres héros sont, sur le plan visuel, extrêmement proches des pistes descriptives que nous lui avions fournies, il a su ici s’affranchir de ces suggestions pour donner à Nessia une apparence plus originale et plus intéressante.

Au départ, je visualisais Nessia comme une sorte de « gothic girl sauce peplum », très pâle, avec des cheveux très noirs et des yeux charbonneux, évoquant un peu le personnage de Death dans le Sandman de Neil Gaiman – tout cela avec, bien sûr, une toge noire, un chignon « gothique », des bracelets de bras en forme de serpents etc.

Mais lors du découpage du scénario, il est vite devenu évident que ce look gothique assez étudié serait très difficile à amener dans l’histoire, compte tenu de la situation dans laquelle Leitos, Jason et compagnie rencontrent Nessia - capturée, dénudée et prête à être sacrifiée aux dieux silencieux. Nous avons alors décidé que Nessia serait vêtue de la cape d’Eurymion transformée en toge de fortune… et de fil en aiguille, l’idée du « look gothique » s’est trouvée abandonnée, au profit d’une allure de femme-enfant à peine sortie de l’adolescence, qui donne au personnage un côté beaucoup plus ambigu (ou, si l’on veut, ingénu) ; aux yeux de Leitos, pétri de valeurs honorables et héroïques, Nessia apparaît d’abord et avant tout comme une jeune fille vulnérable qu’il convient de sauver et de protéger – rien à voir avec une séductrice à la Médée.

Du coup, l’antipathie et la méfiance que suscite immédiatement Nessia chez Jason, le fait qu’il « voie Médée » en elle (et c’est pour cela qu’il finira par la tuer), se teinte aussi de quelque chose de plus trouble, de plus sombre… d’autant que, concernant Nessia, Jason aura eu tort jusqu’au bout, comme le prouvent les actes de la jeune magicienne, qui va toujours se comporter envers ses compagnons de façon altruiste (y compris avec Jason, lorsqu’elle guérit ses blessures) et sans qui ils n’auraient pu réchapper au maelström qui se déchaîne à la fin du tome 2. Selon cette logique, la mise à mort de Nessia par un Jason aveuglé par l’emprise de ce maelström qui n’est rien d’autre qu’une manifestation du pouvoir des dieux, constitue véritablement un sacrifice, dans tous les sens du terme – sacrifice qui répond bien entendu à ce premier sacrifice interrompu auquel Leitos et ses compagnons ont arraché Nessia au tome 1. Sans nos héros, Nessia aurait été sacrifiée aux dieux : à partir de là, elle n’était qu’en sursis et en la tuant, Jason ne fait finalement que « boucler la boucle », à son insu.

Borbos le Satyre s’inscrit lui aussi dans un stéréotype bien connu – celui du serviteur sympathique et plein de bon sens, dans la même lignée, par exemple, que Sam dans Le Seigneur des Anneaux, Sancho Pansa dans Don Quichotte ou Planchet dans Les Trois Mousquetaires. Et là encore, nous avons souhaité casser le cliché – non pas en faisant de lui Satyre, mais bien en le faisant mourir assez vite dans l’histoire (au début du tome 2), alors que ce type de personnage appartient presque toujours à la catégorie de « ceux qui s’en tirent à la fin ». De fait, la mort prématurée de Borbos semble avoir surpris (et touché) beaucoup de lecteurs – ce qui était précisément l’effet escompté. En liquidant assez cruellement ce personnage attachant, unique « élément comique » du groupe, le scénario fait passer un message clair : fini de rire. Cette mort amène aussi l’idée qu’aucun des héros n’est vraiment à l’abri – et la mort suivante, celle de Nessia, enfonce encore le clou.

Du reste, ces deux personnages, même morts, aient toujours un impact sur l’histoire : la mort de Borbos touche beaucoup plus Jason qu’il ne l’aurait pensé et fait du même coup ressurgir une humanité que le vieux héros croyait bien avoir étouffé en lui depuis longtemps. Quant à la mort de Nessia, elle est à la fois le pivot décisif des relations entre Leitos et Jason et un facteur décisif dans la future relation entre Leitos et la princesse Alba, au tome 3 : c’est en évoquant la défunte Nessia en présence d’Alba que Leitos commence à percevoir l’étrange rapport que les gens de Belerion entretiennent avec la vie et la mort.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 13/11/2017 13:43

Hello à tous ! J'aurais le plaisir de poster ici, au fil des prochaines semaines, trois nouvelles "notes d'écriture" (avec l'habituel format anti-spoiler), qui seront consacrées à l'Hyperborée telle qu'elle apparaît dans le tome final de notre trilogie :

1. La cité de Belerion

2. La cour royale (personnages)

3. Prodiges & Monstres

A très bientôt, donc, pour le premier volet de ce petit "retour en Hyperborée" :-D
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 14/11/2017 10:18

La Cité de Belerion

[Révéler] Spoiler:
En apparence, la cité de Belerion semble mener une existence idyllique, libérée de l’emprise des Dieux et même de l’angoisse de la mort – une société pacifiée, accueillante et sereine, qui paraît vouée toute entière au « carpe diem ». En cela, elle constitue un reflet inversé du monde qu’ont quitté nos Derniers Argonautes dans le tome 1 : un monde en proie au Silence des Dieux, plongé dans l’inquiétude, le désarroi et le repli sur soi.

Mais derrière l’insouciance et l’utopie hyperboréenne se cache une Chimère – dans tous les sens du terme, puisque ce nom désigne aussi le monstre qui garde le bien le plus sacré de Belerion, et le symbole-même de tout ce qu’elle incarne : l’Arbre de Vie. Nous reviendrons sur l’Arbre de Vie et la Chimère dans le troisième volet de notre petit tour d’horizon hyperboréen.

La vérité est que Belerion n’existe non pas en dépit (ou en défi) des Dieux mais uniquement parce que les Dieux ont décidé de la laisser prospérer et ont même largement contribué, en secret, à la pérennité de la cité des « sans dieux »… en attendant le moment d’abattre un châtiment divin « bien mérité » sur ceux qui avaient osé défier leur puissance et prétendre « faire sans eux ».

Derrière ses apparences de société parfaite, Belerion n’est donc que le résultat d’un mensonge des dieux, l’objet d’un jeu cruel, typique des divinités olympiennes, au caractère à la fois impitoyable et frivole. Autre élément typiquement olympien : l’enjeu de ce jeu est le règlement d’une querelle finalement assez anodine entre Zeus et son épouse Héra – et pour cela, des destinées seront manipulées, influencées et finalement brisées. En cela, le « jeu de Belerion » suit donc la même logique que le « jeu du Silence des Dieux » et, comme le fait observer Hermès lorsqu’il dévoile la vérité aux héros, ces deux jeux n’en font qu’un – à l’intérieur du « grand jeu » que constituent les rapports des mortels et des dieux.

Comme les héros eux-mêmes, les personnages de la cour royale de Belerion s’inspirent directement d’archétypes mythiques aisément identifiables – et comme dans le cas des personnages principaux, ces archétypes ont été décalés, détournés voire distordus. Plusieurs des personnages de la cour de Belerion peuvent d’ailleurs être définis comme des reflets inversés ou altérés de certains de nos héros : c’est une des façons dont, dans ce troisième et dernier tome, Leitos, Skarra et même Eurymion vont être confrontés à eux-mêmes.

Dans notre deuxième volet (que je mettrai en ligne la semaine prochaine), nous examinerons donc en détail les personnages suivants : le roi Partholon, sa fille Alba, le guerrier Telion, le conseiller Midir (en réalité le dieu Hermès !), sans oublier Demné, la jeune fille attirée par Skarra.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede bone » 14/11/2017 21:18

Ces notes d'écriture donneront-elles des albums BD ensuite ?
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 14/11/2017 22:03

bone a écrit:Ces notes d'écriture donneront-elles des albums BD ensuite ?


Euh... non, pas en tant que telles, puisqu'elles concernent la trilogie terminée (et plus particulièrement le dernier tome).

Elles s'adressent donc en priorité aux lecteurs qui ont aimé notre histoire et qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur ses sources et ses références mythologiques - un peu comme une sorte de "postface" ou d'appendice qu'on pourrait trouver, par exemple, sous la forme d'un "dossier spécial" dans une édition intégrale :D (ou comme les commentaires sur un DVD, si on veut). Il ne s'agit pas d'apporter de nouveaux éléments, ni de "compléter" le récit (qui se suffit à lui-même), mais juste d'explorer un peu les coulisses du scénario de notre trilogie (ex : origine de certains noms, connexions mythologiques de certains éléments etc.)
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede bone » 16/11/2017 20:23

Merci pour tes éclaircissements :ok:
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 19/11/2017 17:40

En route pour notre deuxième volet de ce "retour en Hyperborée", avec quelques notes sur le roi Partholon et sa cour.

Le roi Partholon
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Le roi Partholon apparaît d’emblée comme un souverain bon, généreux et même prodigue – un roi idéal… et aussi le parfait opposé de cet autre roi, le père de Leitos, souverain aigri, méfiant et ombrageux. En cela, Partholon apparaît aussi, dans un premier temps, comme une « image du père » pouvant faire concurrence, aux yeux de Leitos, à celle qu’incarnait jusqu’ici Jason (du moins jusqu’à la mort de Nessia).

Mais derrière la bonhomie et la largesse de Partholon se cache l’orgueil du roi qui pense être le seul et dernier détenteur de l’autorité suprême et qui voit SA loi comme la seule loi sacrée. En cela (comme Créon dans l’histoire d’Antigone et un nombre appréciable d’autres personnages mythologiques), il place implicitement son propre pouvoir au-dessus de celui des dieux et se rend coupable d’hybris, cette « folie des grandeurs » si chère aux tragédiens antiques, et qui mène invariablement à la plus terrible des chutes.

Ainsi, lorsqu’il découvre que ceux qu’il a accueillis à bras ouverts dans son palais y sont en réalité venus dans l’intention de dérober l’Orbe du Monde, le « trésor » de Belerion, Partholon fait preuve de la dureté la plus inflexible, au point de condamner avec eux sa propre fille Alba, coupable d’avoir « trahi Belerion » - une condamnation prononcée sans la moindre hésitation et sans même laisser à la princesse la possibilité d’implorer sa pitié. A ce moment, Partholon fait usage de ce pouvoir suprême qu’il s’imagine posséder – et c’est bien sûr le moment qui précède sa chute et son agonie. Tué par Telion, son plus fidèle guerrier (voir ci-dessous), Partholon aura le temps de se voir révéler la vérité par Hermès et mourra en comprenant que toute son existence et sa royauté elle-même n’étaient qu’un leurre, une illusion née du bon plaisir de ces Dieux dont il se croyait pourtant entièrement affranchi.

La princesse Alba
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Alba représente à la fois l’insouciance et la souveraineté. Dans un premier temps, son insouciance à la fois naïve et très « libérée » s’oppose à la personnalité de Leitos, le jeune prince à la destinée brisée, aux illusions perdues et aux blessures intérieures… mais cette opposition fait aussi partie, bien sûr, de ce qui crée entre les deux personnages une attraction mutuelle, ainsi que quelques malentendus profonds.

Au fil de l’histoire, Alba va perdre cette innocence ; la confrontation finale, dans le repaire de la monstrueuse Chimère, va lui permettre de regarder en face la vérité monstrueuse (c’est le cas de le dire) qui se cache derrière le bonheur insouciant de Belerion. La trajectoire d’Alba va donc la rapprocher de Leitos et réciproquement : Alba va trouver auprès de Leitos une gravité et une lucidité qui lui faisaient défaut… mais va aussi donner à ce dernier un peu de « cet amour de la vie » qu’elle semblait incarner dès leur première rencontre. Mais Alba, fille de roi, incarne également la souveraineté – cette souveraineté dont Leitos se pensait privé à jamais à cause de son infirmité et qu’Alba elle-même va lui offrir.


Le guerrier Telion
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Telion est le capitaine de la garde royale et le champion de Belerion. Vaniteux et arrogant, toujours sûr de sa suprématie, il peut être défini comme l’opposé de Leitos… ou peut-être comme un écho de ce que Leitos aurait pu devenir si sa mutilation n’avait pas bouleversé un destin qui semblait tout tracé (comme le souligne Skarra à Leitos lors d’une de leurs conversations, dans le tome 1). L’opposition Telion-Leitos s’exprime également à travers l’hostilité qu’exprime très vite Leitos envers le prince à la main tranchée – une hostilité nourrie à la fois par son mépris envers cet « infirme » que lui, le guerrier d’exception, perçoit comme un homme incomplet et par la jalousie immédiate qu’éveille chez Telion l’intérêt mutuel que se portent, dès leur première rencontre, Leitos et Alba.

Telion convoite en effet Alba en secret – en tant que femme, mais d’abord et surtout en tant que personnification de la souveraineté (« Je la voulais pour moi ! » déclarera-t-il à Partholon avant de le tuer). Il est « ironique » (ou, selon la logique olympienne, tout à fait « juste ») que Partholon soit tué par son propre champion, par ce guerrier dont il aurait peut-être pu faire son héritier. Là encore, on retrouve des relations « père-fils » et une symétrie distordue avec les héros : Partholon désirait Alba et finit par tuer Partholon, qui le voyait presque comme un fils… tandis que Jason, que Leitos voyait presque comme un père, a tué Nessia, l’aimée de Leitos (au tome 2).

La jeune Demné
[Révéler] Spoiler:
Il s'agit de la jeune fille qui est attirée par Skarra et tente désespérément de percer sa carapace, représente tout ce que Skarra a perdu lorsqu’on a tué sa compagne et qu’on a fait d’elle une esclave – d’une certaine façon, elle renvoie à l’Amazone une image lointaine de son innocence perdue. Et la méfiance (voire l’hostilité) dont Skarra fait d’abord preuve à son égard traduit chez la guerrière la volonté de ne plus jamais souffrir, de ne plus jamais être vulnérable aux blessures de la vie…

L’image finale des temps à venir, qui montre la jeune fille à ses côtés, vêtue de la même façon, suggère clairement qu’elles sont devenues des compagnes et que Skarra, libérée du serment qui la liait à Leitos, va pouvoir se construire une nouvelle vie, une vie qui donne enfin une place à l’espoir, à la confiance inconditionnelle et à tout ce qu’elle pensait avoir perdu à jamais.

Midir le sage
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Midir, le conseiller du roi Partholon, se pose d’entrée de jeu en gardien des mystères et des secrets – mais il serait hâtif et erroné de voir en lui le stéréotype du « sénéchal fourbe » complotant contre son souverain… car Midir n’est que le masque du dieu Hermès, dans son rôle de manipulateur (voire de marionnettiste) et d’arbitre du jeu des dieux : son but n’est donc en aucun cas de s’emparer du pouvoir (un pouvoir totalement insignifiant au regard de son propre pouvoir divin) mais bien de faire en sorte que le jeu soit mené jusqu’au bout, dans les règles – ce qui inclut la destruction du « mirage » de Belerion et la mise à mort ignominieuse de son roi. Ce n’est évidemment pas un hasard si, une fois Partholon tué par Telion, Midir dirige lui-même les lances des soldats contre l’ancien champion devenu régicide : les châtiments sont tombés, la comédie / tragédie est finie, le rideau peut tomber sur Belerion… et les dieux peuvent enfin apparaître sur le devant de la scène !
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Gorkh » 20/11/2017 21:08

Je viens de lire le tome 3. Une belle tragédie !
On est à fond dans l'ambiance de la mytho Grec. Je me doute bien que c'était voulu mais ça a été très bien retranscris.
Je ne peux que conseiller cette histoire aux fans du genre (et aux autres aussi). Une série qui mérite une plus grande lumière, je trouve.

Sinon, merci Olivier Legrand pour ces notes. Ca éclaire d'autant plus la lecture.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Irregular » 25/11/2017 09:47

Pour notre troisième et dernier volet sur l’Hyperborée, parlons un peu Monstres & Mystères.

[Révéler] Spoiler:
Les Fomoriens tirent leur nom d’un peuple légendaire de géants ennemis des dieux irlandais du clan des Tuatha dé Dannan (voir les notes précédentes sur les liens de l’Hyperborée avec les mythes celtiques) ; ici, ils sont montrés comme de vulgaires cyclopes brutaux et bestiaux, vivant comme des bêtes à la lisière de Belerion. Ils ont jadis été vaincus et soumis par les ancêtres de Partholon et de son peuple. A leur manière, ils incarnent cette part de brutalité et bestialité que tout civilisation humaine prétend surpasser, conquérir et reléguer hors de son monde (mais qu’elle n’a, en l’occurrence, jamais réussi à anéantir entièrement puisqu’il reste toujours des Fomoriens en Hyperborée). Dans le mythe fondateur du peuple de Belerion, les Fomoriens sont mis dans le rôle de « l’ennemi qu’il a fallu combattre », légitimant ainsi leur appropriation de l’île et de tout ce qu’elle représente : cette conquête a donné aux ancêtres de Partholon le sentiment qu’ils avaient obtenu leur nouvelle terre « de haute lutte » et qu’ils « méritaient » par là-même leur puissance et leur prospérité. Les monstrueux cyclopes ont donc eux aussi joué un rôle (à leur insu) dans ce jeu des dieux.

L’Arbre de Vie, dans les branches duquel se trouve l’Orbe du Monde, constitue LE trésor sacré de Belerion – il est même plus que cela puisque (comme la Toison d’Or dans les premières aventures de Jason), il est le garant, la source et l’incarnation de cette fameuse prospérité dont jouit le peuple de Partholon depuis leur installation en Hyperborée. Pour les gens de Belerion, l’Arbre de Vie est un être sacré – d’autant plus important que leur société s’est affranchie (ou pense l’avoir fait) de la pesante tutelle des dieux. L’Arbre signifie qu’à leurs yeux, les gens de Belerion n’ont pas renoncé au sacré en se détournant des dieux : ils ont, au contraire, établi un nouveau sacré, une nouvelle spiritualité, plus abstraite, tout aussi omniprésente (comme le montre la récurrence du motif de la « tête feuillue » dans l’architecture locale), centrée sur la fertilité (et son pendant matériel, la prospérité) et le « cycle de la vie » - ce qui inclut, en l’occurrence, le sacrifice régulier de victimes choisies parmi leur propre jeunesse… mais un « sacrifice » déguisé, masqué par de belles histoires auxquelles tout le monde choisit de croire.

Les masques feuillus que portent les « enfants de l’Arbre de Vie » avant leur sacrifice sont censés symboliser un mystère sacré – mais en tant que masques, ils peuvent tout aussi bien symboliser le mensonge et l’illusion. Tout comme Alba, les gens de Belerion « croient » au « mystère de l’Arbre », sans se poser les questions que Jason va, au contraire, se poser d’entrée de jeu : qu’est-ce qui se cache derrière tout cela ? A qui ou à quoi les jeunes victimes sont-elles livrées ? Quelle horreur se cache dans l’ombre de l’Arbre de Vie ? Cette horreur, c’est la Chimère et tout ce qu’elle représente.

Toute l’horrible mascarade autour de l’Arbre de Vie constitue aussi, du point de vue des dieux, une leçon donnée au peuple de Belerion : selon cette leçon, les mortels ne peuvent PAS se passer du sacré… et quand ils se détournent des Dieux, c’est finalement pour pactiser avec l’abîme. Ceux qui ont refusé d’honorer les Olympiens finissent par livrer en pâture leurs propres enfants à la plus monstrueuse des créatures, tout en croyant, dans leur aveuglement et leur arrogance (l’hybris, encore), s’être libérés des chaînes de la mortalité…

La Chimère représente donc à la fois une chimère (au sens psychologique du terme) et le « monstre caché » que personne ne veut voir, alors même qu’il se trouve au cœur du pacte fondateur de la civilisation de Belerion. Monstre qui mon(s)tre tout ce que l’on préfèrerait ne pas voir, la créature exhibe aussi, au cours de son combat contre nos héros, les traits des fils morts de Jason, du père de Leitos, de leurs compagnons disparus (Nessia, Borbos), de Demné, de Médée, de Jason lui-même… Pour les gens de Belerion comme pour nos héros, « faire face à la Chimère » signifiera « faire face à la vérité ».
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede Karmion » 30/12/2017 14:19

Je viens de finir la trilogie et c'est vraiment une très bonne histoire. Tout est bien ficelé et justement les stéréotypes du genre sont plutôt bien évités.
Pour qui aime la mythologie grecque cette BD est indispensable.

Je viens aussi de lire les compléments et c'est très intéressant aussi et complète bien la lecture.
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Re: Les Derniers Argonautes (Djian-Legrand-Ryser)

Messagede toine74 » 15/01/2018 14:18

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