de ers b » 11/07/2007 19:12
Bon, puisque vous aimez entendre parler de l'envers du décors, voici comment se passe un B.A.T.
Nous avons rendez-vous à une heure précise à l'imprimerie.
Il n'est pas question d'arriver en retard, le temps d'arret de ces machines hyper perfectionnées coûte trrrrès cher.
Il y a généralement un représentant de la "fab"(fabrication) de l'éditeur qui est présent.
Quand nous arrivons, la machine est déjà lancée, et les premiers réglages ont déjà eu lieu. L'imprimeur a à sa disposition des épreuves très fidèles qui lui servent de références pour approcher le plus possible du résultat final...
Mais... Et c'est là que nous intervenons, il n'est pas possible d'arriver à reproduire exactement ces épreuves. donc, il faut faire des choix.
Pour info, l'album est imprimé par cahiers de 16 pages qui sont ensuite pliés et découpés. Si par exemple, je désire rendre plus rouge la veste d'Alexia sur une planche, je peux faire augmenter le pourcentage de cette couleur, mais ce réglage affectera également d'autres planches... Et les ciels deviendront plus violet sur une autre planche... Les jaunes plus orangés deci... les verts plus bruns delà... donc il faut avancer à tâton, avec les excellents conseils de ces grands pros... Refaire un essai.
La machine (qui ne s'arrète jamais) redémarre, reprend sa vitesse, les encres se régulent, et hop, on reprend un cahier au hazard pour re-vérifier, re-régler etc...
Les rotatives modernes installées cette année sont plus économiques, mais un B.A.T. normal sacrifiait, il y a peu, plus de 6000 cahiers qui partaient au recyclage.
Les compromis sont parfois durs à trouver, et quand le temps sécoule trop, la tension, la fatigue arrivent, il devient de plus en plus dur de savoir quoi... et la rotative tourne!
Quand tout est ok, on enrégistre les réglages qui serviront également pour les reimpressions.
Tous les intevenants signent le cahier de référence avec la mension B.A.T.
Il ne reste plus qu'à aller patienter dans une pièce spéciale, loin du bruit infernal de l'endroit.
Pendant ce temps, le tirage s'effectue, on arrète la machine, pour remplacer les rouleaux encreurs par ceux du cahier suivant, et on effectue les pré réglages avant de nous appeler de nouveau.
En parallèle, on effectue l'impression de la couverture. C'est la même procédure, mais il y a une difficulté supplémentaire: le pelliculage (plastification) qui change de manière parfois importante l'aspect des couleurs. Le pelliculage est effectué plus tard à cause du sechage. Il faut donc en tenir compte.
Heureusement qu'il y a des vrais pros pous nous conseiller!
Après une journé de sress, de concentration et d'attentes interminables, on rentre chez soi à l'état de loque à reloqueter (belgicisme)... avec une petite pile de cahiers comme souvenir.
Le montage de l'album se fera plus tard, donc il n'y à plus qu'à patienter pour le voir enfin arriver par la poste.
Voilà.