de thyuig » 06/10/2020 14:40
Relecture hier soir de Léon la came. Je ne l'avais plus relu depuis son achat. Je crois qu'à l'époque j'avais été rebuté par le dessin alors que j'avais été épaté par celui de Foligatto.
20 ans plus tard le dessin me plait davantage, c'est plutôt la mise en couleur qui me dérange. Je trouve qu'elle noie l'ensemble dans une soupe (oups, le terme est violent) surnaturelle, ambiance fin du monde. Tout a l'air un peu fluorescent, radioactif. Ajouté à l'avalanche de traits dans le dessin, ça donne des planches parfois peu lisibles. C'est sans doute volontaire, j'en conviens, comme lorsque ce grand benêt de Geraldo-George veut montrer à Léon qu'il réussit à bander et qu'au dessin, effectivement s'il bande, on en voit rien. Ce côté sale m'a un peu gêné je l'avoue.
Pour le reste, la truculence et l'invention des patronymes, c'est un régal. Ça dézingue à tout va. Les hypocrites, prétentieux, snobinards, faux-derches, tout le monde en prend pour son grade ! Le ton est cynique en diable et l'humour fait souvent mouche. Le fait que Géraldo-George se fasse littéralement chier lorsqu'il est sous pression donne un l'ensemble un ton potache dont personnellement je me serais bien passé mais finalement, c'est aussi constitutif de l'histoire : cette haute société qui prend tout le monde pour son larbin, elle a ses tares, même si ça frappe ici l'un de ses membres les moins virulents.
Mention spéciale pour le père que De Crécy saisit avec violence. Sous ses traits il apparaît dans toute sa brutalité, le mec qui marche sur tout le monde, que rien n'arrête, le parfait criminel adoubé par le société, une sorte de Bernard Tapie avec les angles limés pour couper davantage, dans la carrure de Marlon Brando époque colonel Kurtz.
Au final un relecture et une redécouverte. Je comprends le succès de l'album à l'époque. C'est dingue de penser que son propos serait d'autant plus d'actualité dans la gabegie actuelle.