Le dit du Genji est un classique de la littérature japonaise, écrit au 11ème siècle par la poétesse Murasaki Shikibu et qui relate la vie du prince Hikaru Genji, surnommé le radieux en raison de sa grande beauté. Fils cadet de l'empereur, il n'est pas destiné à régner et le roman raconte sa vie, ses amours et décrit la société aristocratique dans laquelle il vit. Le roman est disponible en version française, dans diverses versions plus ou moins luxueuses :
La première fois que j'ai entendu parler de cette histoire, c'est dans un manga qui n'avait rien à voir :
Dans le tome 19, Ryo se moquait d'Umibozu, désormais en couple avec la superbe Miki qu'il avait recueilli et élevé lorsqu'elle était enfant. Il faisait alors le parallèle avec Hikaru Genji le radieux, qui avait fait élever une jeune fille pour qu'elle devienne plus tard son épouse et mettait aussi en avant la tête "radieuse" d'Umibozu, dont le crâne chauve reflète la lumière du solei.
Plus récemment, j'ai aussi vu ce film :
Auquel, vu la multitude de personnages, je n'avais pas compris grand chose, sinon que le beau prince couchait avec toutes les filles qui croisaient son chemin.
Un manga en un tome est aussi sorti chez l'éditeur Synchronique édition en 2022. Je ne l'ai pas lu.
Enfin, le dit du Genji a fait récemment l'objet d'une exposition au musée Guimet à Paris :
Et, après ce long préambule, on arrive donc enfin à la série dont je veux parler; cette fois-ci, il s'agit d'un manga faisant 7 tomes de 400 pages (autant dire que le manga cité précédemment a dû beaucoup élaguer). Il est l'oeuvre de Waki Yamato et a été publié de 1979 à 1993 dans le magazine shôjo Mimi. C'est Panini qui se charge de l'édition française et, dans ce premier volume, nous propose une très belle éditions, avec de nombreuses pages couleurs et, dans ce premier volume, une préface, une brève présentation des personnages et un arbre généalogique des personnages principaux - ce qui n'est pas du luxe, vu leur situation et la complexité de leurs rapports ainsi qu'un marque-page en cadeau. Je m'y suis référé plusieurs fois au cours de ma lecture. La traduction est excellente, mettant bien avant la complexité des sentiments et des relations entre les personnages et permettant de rendre de nombreux moments particulièrement touchants.
L'histoire commence avant même la naissance du Genji, avec la rencontre entre sa future mère, Kiritsubo, dite la dame du clos au Paulownia, et l'empereur, qui tombe éperdument amoureux d'elle alors même qu'il a déjà un garçon, futur héritier du trône, avec la dame du Kokiden. Ils auront ensemble un fils mais Kiritsubo mourra alors qu'il est encore très jeune. Pour le protéger des intrigues de la cour, son père le nommera Genji, ce qui veut dire qu'il sera écarté de la succession, et donc des risques qu'il pourrait être amené à courir.
Quelques années plus tard, le Genji a bien grandi mais n'a fait que croître en beauté et en grâce. Il est également particulièrement doué pour les arts, comme la danse et la poésie et, de ce fait, la coqueluche de toutes les dames de la cour. Mais, malgré cela et l'affection que lui porte son père, il souffre toujours de l'absence de sa mère. Et, lorsqu'il tombe amoureux, c'est de Fujutsubo, la dame du clos aux glycines, qui l'a élevée et qui est aussi une des épouses de son père. C'est donc un amour (réciproque) qui va être impossible, tourmenter les 2 personnages mais aussi pousser le Genji à papillonner à droite et à gauche, souvent vers des femmes qui ressembleront sur certains points à Fujitsubo.
Le manga va donc développer les relations que le Genji va avoir avec les différentes dames de tout âge. Et vraiment de tout âge : ça va de Murasaki, la demoiselle violette, l'enfant et futur épouse qui l'appelle "Monsieur mon ami" à la très vieille (et très drôle) régente en second qui passe son temps à minauder et veut lui mettre le grappin dessus. Le manga arrive quand même à éviter le côté objectivement malsain de la première relation en nous montrant les personnages qui jouent ensemble et sont très attachés l'un à l'autre. Si les complots et les jalousies sont régulièrement présents en arrière-plan, les dessins et les nombreux poèmes prononcés par les personnages pour se séduire ou évoquer une atmosphère particulière donnent cependant une ambiance plutôt douce et agréable. Le développement psychologique des personnages les rend également souvent attachants et les rend intéressants à suivre.
Au final, on a donc un gros tome très bien réalisé et une lecture prenante. J'attends avec impatience le tome 2, dont la sortie est prévue pour le 5 février.