[PREVIEW] Le Diable et Coral - Homs - Dargaud

[Erik Arnoux]

Message précédent :
Pas besoin d'un libraire pour acheter un livre qui me séduit d'autant que je suis fan du dessin de Homs, qui en plus est un proche de mon ami David Morancho. Le dessin superbe, Josep est pour moi un des meilleurs auteurs réalistes actuels, comme il le démontre avec "Shi" par exemple.
Mais je tique aussi énormément sur l'apparence qu'il a donnée à Coral, c'est un choix curieux d'en faire une punk à chien issue d'une ZAD, à partir du moment où il donne un ancrage historique précis à son histoire supposée se passer en 1938. J'avoue que c'est dérangeant, même si ses planches sont superbes (et réalisées avec une technique au crayon plus "lâchée" que pour sa série avec Zidrou) mais ça n'est pas une surprise quand on sait son talent. Album acheté hier.

[etherns]

Pas besoin d'un libraire pour acheter un livre qui me séduit d'autant que je suis fan du dessin de Homs, qui en plus est un proche de mon ami David Morancho. Le dessin superbe, Josep est pour moi un des meilleurs auteurs réalistes actuels, comme il le démontre avec "Shi" par exemple.
Mais je tique aussi énormément sur l'apparence qu'il a donnée à Coral, c'est un choix curieux d'en faire une punk à chien issue d'une ZAD, à partir du moment où il donne un ancrage historique précis à son histoire supposée se passer en 1938. J'avoue que c'est dérangeant, même si ses planches sont superbes (et réalisées avec une technique au crayon plus "lâchée" que pour sa série avec Zidrou) mais ça n'est pas une surprise quand on sait son talent. Album acheté hier.

Bonjour,

Perso j'adore l'apparence de Coral, ça va tellement bien avec l'ambiance qu'on a dans cette BD.

[Dunyre]

Acheté hier, lu ce matin.

J’adore Homs, le dessinateur. C’est toujours magnifique, d’une rare précision tant au niveau des personnages que des décors. On est tout de suite dans la Prague des années 1930.

Par contre scénaristiquement…

Franchement, je me faisais une joie de lire cette BD que j’attendais avec impatience. Mais force est de constater que ça se lit, plutôt bien et assez vite… par contre quand je l’ai terminé, je n’ai pas eu envie de la relire.

Je compare au Marquis d’Anaon (rien à voir, on est d’accord), mais je viens de découvrir cette série et arrivé à la fin de l’intégrale, je n’ai eu qu’une envie : me replonger dedans.

Pour ce Diable et Coral, il m’a manqué la puissance du récit.

[Casou]

Merci, Dunyre, pour ton retour qui colle d'ailleurs avec ce que j'ai pensé de la preview : un jeu de dupes assez artificiel entre les deux protagonistes et déjà peu stimulant. Le nom d'Homs m'attirait, mais c'est vrai que l'idée de retrouver une version réactualisée et plus jeune de l'héroïne sexy de " Shi " (traits plus juvéniles avec oreilles écartées et apparence qui semble en effet artificielle là aussi pour l'époque) ne m'emballe pas.

[etherns]

Acheté hier, lu ce matin.

J’adore Homs, le dessinateur. C’est toujours magnifique, d’une rare précision tant au niveau des personnages que des décors. On est tout de suite dans la Prague des années 1930.

Par contre scénaristiquement…

Franchement, je me faisais une joie de lire cette BD que j’attendais avec impatience. Mais force est de constater que ça se lit, plutôt bien et assez vite… par contre quand je l’ai terminé, je n’ai pas eu envie de la relire.

Je compare au Marquis d’Anaon (rien à voir, on est d’accord), mais je viens de découvrir cette série et arrivé à la fin de l’intégrale, je n’ai eu qu’une envie : me replonger dedans.

Pour ce Diable et Coral, il m’a manqué la puissance du récit.

Perso j'ai déjà relu trois fois cette BD tant j'ai apprécié ^^.

[Dunyre]

Il en faut pour tous les goûts, tant mieux que ça t'ait plu

J'aime beaucoup Homs, donc je suis ravi que ça marche pour lui : il le mérite !

Mais clairement ce n'était pas une grande histoire pour moi, du moins pas de celles que je relirai...

[rvrdelc]

Acheté hier, lu ce matin.

J’adore Homs, le dessinateur. C’est toujours magnifique, d’une rare précision tant au niveau des personnages que des décors. On est tout de suite dans la Prague des années 1930.

Par contre scénaristiquement…

Franchement, je me faisais une joie de lire cette BD que j’attendais avec impatience. Mais force est de constater que ça se lit, plutôt bien et assez vite… par contre quand je l’ai terminé, je n’ai pas eu envie de la relire.

Je compare au Marquis d’Anaon (rien à voir, on est d’accord), mais je viens de découvrir cette série et arrivé à la fin de l’intégrale, je n’ai eu qu’une envie : me replonger dedans.

Pour ce Diable et Coral, il m’a manqué la puissance du récit.

alors là, je m'insurge.
la puissance du récit est justement ce qui caractérise ce livre.
De l'ingéniosité dans la construction , de l'inventivité( tous les codes de la bande dessinée sont mis au service du récit, typograghie, forme des bulles, des citations, chapitrages, espace inter-iconique...)
L'utilisation de la structure des contes n'est pas la moindre des réussites.
La qualité des dialogues n'est pas en reste.
Il faudra que l'on parle un jour des éditeurs qui accompagnent ces dessinateurs brillants qui se lancent dans l'écriture avec succès, ici en l'occurence Ryun Reuchamps. Je pense à Jordi lafebre notamment.

Mais la partition graphique de Homs est encore une fois de haut niveau.
Après l'angelus avec Giroud,
après l'adaptation de Millenium avec Runberg,
Avec le formidable Shi avec Zidrou,
incroyable bibliographie .
Prague, le cirque, les marionnettistes, le contexte historique...Quant à la coupe de cheveux de Coral, outre qu'elle est graphiquement très réussie, ce n'est vraiment qu'un détail vu la densité du récit.
Quand on lit de tels ouvrages, on se dit que la bande dessinée a de beaux jours devant elle.

[Dunyre]

Homs, c’est toujours très beau, j’adore. Mais déjà sur Shi, je trouvais le scénario inégal selon les tomes : ça traîne en longueur sur les 4 tomes du cycle initial, c’était déjà vrai pour ma première lecture et j’ai tout relu l’automne dernier lorsque j’essayais de faire du tri dans ma collection (certes, les tomes 5 et 6 sont un peu meilleurs, car plus rythmés).

Et là c’est pareil pour moi : graphiquement c’est incroyable, les décors sont travaillés, les personnages bien campés. Mais l’histoire est un peu légère. Je veux dire, il ne se passe pas grand chose, tout s’enchaîne vite, et il y a des à-coté inutiles

[Révéler] Spoiler:

la vie au cirque qui n’apporte rien (elle aurait pu vivre comme serveuse dans une auberge, c’était pareil), l’histoire du pont avec l’architecte et la femme qui se jette en permanence, la guéguerre aux enfers, etc.

Donc une fois terminé, je ne me suis pas dit que c’était tellement bien que j’en reprendrais une nouvelle dose. Juste que c’était pas mal, j’ai passé un moment de détente agréable, mais rien de marquant.

[Révéler] Spoiler:

Une gamine juive voit le Diable, ils dialoguent en permanence, les années 30 voient la montée de l’anti-sémitisme et cette gamine, à cause de son père exorciste, se retrouve mêlée aux tentatives de quelques Juifs de recréer un Golem pour se protéger des attaques nazies, mais tout ne se passe pas comme prévu. Ce n’est ni plus ni moins que cela, et globalement tout est un peu téléphoné : le père qui n’est pas tout à fait aussi mauvais que Coral pensait, le Diable qui répète à l’envi qu’il n’est plus capable de retourner aux enfers (J’ai joué à tous les jeux vidéos Diablo, je connais le principe de l’absence du chef sur les Enfers : les lieutenants veulent s’émanciper, c’est classique).

Et pour les dialogues, j’avoue ne pas avoir été touché comme toi. J’ai trouvé cela faiblard, pas vraiment « années 30-like » si je puis dire. Les échanges entre le Diable et Coral sont vraiment très familiers, très XXIe siècle.


Après il en faut pour tous les goûts, donc tant mieux que ce one shot plaise autant ! Pour ma part, j’ai été déçu : c’était sympathique, mais pas incroyable. A lire, oui sans doute, au moins pour la beauté des dessins de Homs. À acheter ? J’avoue qu’à 23 euros et avec le petit format « tassé », ça pique…

[Erik Arnoux]

Josep m'a répondu concernant ma critique sur l'apparence de son personnage, pas du tout jeune fille juive en 38

“Tu sais, j'ai un peu hésité mais je voulais faire un personnage moderne et clairement reconnaissable. Je voulais aussi me connecter avec un public un peu plus jeune (j'en avais marre que mes enfants ne puissent pas lire mes bd) et j'ai remarqué que dans les mangas ils préfèrent créer des personnages avec une personnalité graphique même dans un contexte historique spécifique. Les jeunes sont moins préoccupés par cela ; ils veulent s'identifier aux protagonistes.“

Par ailleurs sur le prix, on rappelle qu'il y a l'équivalent en planches de deux albums soit plus de cent planches...

[Dunyre]

Le prix c’était par rapport au format surtout (pas le nombre de planches). Car le trait de Homs est gâché je trouve, du fait qu’il soit un peu tassé (mes libraires faisaient la même remarque d’ailleurs).

C’est dommage, de plus grandes pages auraient donné une autre dimension encore aux magnifiques planches du dessinateur.

[Erik Arnoux]

Sur ce point tu prêches un convaincu ! Je suis pour les grands formats !

[Olivier_D]

Je suis un grand fan de Homs, c'est un extraordinaire dessinateur.
Ce dernier album n'est pas encore dans ma collection, mais va bientôt la rejoindre. Je suis curieux de lire ça.

[rvrdelc]

[Révéler] Spoiler:

la vie au cirque qui n’apporte rien (elle aurait pu vivre comme serveuse dans une auberge, c’était pareil), l’histoire du pont avec l’architecte et la femme qui se jette en permanence

[Révéler] Spoiler:

Non, le cirque est important. En 1938, à Prague, la fille d'un rabbin, d'un exorciste, qui fuit son foyer est accueillie dans une autre communauté, nomade qui plus est, est intéressante. Elle peut ensuite y cacher son père qui est très recherché à ce moment du récit

[Révéler] Spoiler:

Quant à la légende du pont, elle contribue à renforcer le récit, la densité du propos dont je parlais, l'omniprésence des contes, les ruses (apporter un poulet pour franchir le premier le pont et malheureusement le diable fait accourir la femme de l'architecte), des croyances, des légendes et surtout sur le rôle du diable et intégrer Prague(architecture, Histoire et religions) comme un personnage à part entière.

.
Quant au langage, bien sûr, l'utilisation de terme comme un "chouïa " peut paraître anachronique, mais si chaque livre historique devait se faire avec le langage de l'époque, nous serions vite lassés. et utiliser un langage contemporain, et affubler l'héroïne de cette coupe de cheveux me paraît cohérent.
Mais je trouve ce débat intéressant. Et disserter sur cet album tend à prouver qu'il y a matière à réfléchir.

[Révéler] Spoiler:

La grenouille, le scorpion et le crapaud apportent-ils quelque chose au récit? vous avez trois heures.

[Dunyre]

Ah oui j'avais oublié

[Révéler] Spoiler:

la fable animalière qui effectivement n'apporte pas grand chose (c'est tiré par les cheveux le lien avec l'histoire).

Pour ce qui est [spoiler=]de la vie au cirque, je persiste et signe : serveuse ou prostituée dans une auberge, elle pouvait tout aussi bien accueillir son père dans une chambre. Servante dans un manoir, elle pouvait le cacher dans une pièce d'une aile inusitée. Mendiante dans les rues, elle pouvait cacher son père dans une sorte de bidonville.
J'aurais aimé qu'il y ait plus de scènes au cirque, qu'on voit quelles "prouesses" elle pouvait faire en lisant les cartes et autres acte médiumnique, davantage que dans une seule petite scène en tout cas.[ /spoiler]

Et pour le langage, je suis d'accord qu'il n'y a pas besoin d'aspect "historique" en permanence, mais juste quelque chose d'un peu plus "ancien" dans les formulations de phrase. En tout cas je me sens plus à l'aise avec un phrase plus travaillé dés qu'on est sur des récits anciens (je tique vite sur les abus de langage ou le vocabulaire qui n'a pas sa place à une époque donnée).
Même si objectivement, le langage des rues ou des gens du cirque dans les années 1930 à Prague, cela ne devait pas voler bien haut niveau rhétorique et vocabulaire employé


Oui il y a matière à discussion, c'est le but de ce forum pour moi en tout cas : les avis divergents peuvent aider les indécis. Le nombre de fois où j'ai lu des pages de sujets de ce forum afin de me faire une meilleure idée d'une oeuvre qui m'intéressait sans la connaître au préalable. C'est un aspect important du partage et de l'échange d'idées

Si c'est juste dire j'aime ou j'aime pas, aucun intérêt. On a tous nos goûts, il y en a pour tout le monde !

[DixSept]

Josep m'a répondu concernant ma critique sur l'apparence de son personnage, pas du tout jeune fille juive en 38

“Tu sais, j'ai un peu hésité mais je voulais faire un personnage moderne et clairement reconnaissable. Je voulais aussi me connecter avec un public un peu plus jeune (j'en avais marre que mes enfants ne puissent pas lire mes bd) et j'ai remarqué que dans les mangas ils préfèrent créer des personnages avec une personnalité graphique même dans un contexte historique spécifique. Les jeunes sont moins préoccupés par cela ; ils veulent s'identifier aux protagonistes.“

Par ailleurs sur le prix, on rappelle qu'il y a l'équivalent en planches de deux albums soit plus de cent planches...

Il a entièrement raison ! Il se tourne vers ceux qui achèteront des BD dans 20 ou 30 ans (j'espère pour eux )
Nous sommes socialement conditionnés par notre pré-carré, il faut essayer d’en sortir de temps en temps (moi le premier !).

[toine74]

La chronique du Diable et Coral est en ligne !

[Olivier_D]

Elles est très bien, ta chronique !
Je suis un grand fan du dessin de Homs, et l'album, graphiquement, est magnifique. C'est plus "peint" que dans Shi, le dessin se fond dans la couleur. L'allure de l'héroïne ne m'a pas gêné, parce qu'on est vraiment dans un récit fantastique plus que dans une reconstitution pointilleuse des années 30 à Prague. On a surtout des dialogues, au milieu d'ambiances bien rendues.

C'est le troisième album récent, après Jésus aux enfers et Juda, qui utilise un dialogue avec le diable, la coïncidence est assez amusante. Il doit y avoir un truc dans l'inconscient collectif qui titille les auteurs

Les personnages sont intéressants et le lien affectif entre une Coral volontaire et dynamique et son rabbin de père est sympa à suivre, l'histoire est bien menée, le chapitrage est agréable. Moi, j'ai bien aimé. Je laisse un peu reposer, et je pense que je vais le relire assez vite.

Techniquement, je me demande un peu comment Homs a obtenu ce style de rendus, en tout cas c'est très réussi.

[Clovis Sangrail]

Et pour le langage, je suis d'accord qu'il n'y a pas besoin d'aspect "historique" en permanence, mais juste quelque chose d'un peu plus "ancien" dans les formulations de phrase. En tout cas je me sens plus à l'aise avec un phrase plus travaillé dés qu'on est sur des récits anciens (je tique vite sur les abus de langage ou le vocabulaire qui n'a pas sa place à une époque donnée).
Même si objectivement, le langage des rues ou des gens du cirque dans les années 1930 à Prague, cela ne devait pas voler bien haut niveau rhétorique et vocabulaire employé

On peut même imaginer qu'il y avait un argot spécifique, comme dans toutes les communautés populaire un peu fermées et plus ou moins en marge de la société.

Je suis plutôt du côté des puristes en ce qui concerne les dialogues en BD — c'est même un élément auquel je suis assez sensible : pour autant, sans exiger que ça soit du "langage d'époque" (qui peut rapidement devenir lassant, cuistre et laborieux), il me semble qu'il est toujours mieux d'éviter les anachronismes flagrants en terme de lexique ou de formulation et d'utiliser un niveau de langue trop actuel par rapport à l'époque ciblée, du type "Quoicoubeh" dans la bouche d'un personnage antique , pour caricaturer . Le meilleur compromis (de mon point de vue) est souvent un niveau de langue plutôt classique et neutre.

En tout cas, visuellement Le Diable et Coral semble brillant. Cela n'est pas sans m'évoquer un aspect hugolien ([cf. i]L'Homme qui rit[/i]) dans les premières planches que l'on voit dans la preview.

Je rejoins les critiques sur l'aspect, euh, déroutant , de l'héroïne (il est plus que certain qu'une fille de rabbin dans la Tchécoslovaquie de 1938 ne ressemblerait pas à ça), mais la réponse de Homs transmise par Érik me paraît entendable malgré tout : et, après tout on est dans une œuvre d'imagination, et fantastique—ce n'est pas une œuvre historique.