La rupture tranquille est un recueil de petits strips de Terreur Graphique. Format carré un gag par planche le plus souvent, quatre cases par gag, le plus souvent. C'est le genre de petits strips qu'on trouve sur son blog et qui ont un peu fait sa gloire, du moins, à ses débuts, pas encore très lointains.
Dans la rupture tranquille on sent une volonté de rire de tout, d'aller le plus loin possible dans le gore, dans le macabre, dans le subversif, dans l'indécent.
Mais après Hara Kiri, difficile de continuer dans cette voie. Terreur Graphique est trop intelligent et cultivé pour ne pas le savoir. Il a donc ajouté à son petit bouquin deux ingrédients qui pour moi, en font un bouquin remarquable. Il y a d'abord la sincérité de l'auteur. On ressent profondément que derrière ses éclats de rire féroces et systématiques au nez de ce que l'actualité, les faits divers et la vie, tout simplement, peuvent nous envoyer de plus atroces et de plus choquant,
ces éclats de rire, disais-je, ne sont que le vieux mécanisme de défense déjà cité par Figaro. (le personnage de Beaumarchais pas le journal réactionnaire, putain retourne lire Laurent Gerra connard!) Oui, quand les provocations d'Hara Kiri étaient avant tout une réaction face à une société française pré-soixante-huitarde encore très puritaine, Terreur Graphique se force à rire de tout dans la Rupture Tranquille, simplement parce que le monde est à en pleurer.
Et puis aussi, il y a le jeu formel. Ces strips en tiroirs qui se suivent et racontent plusieurs fois la même histoire avec des points de vues différents, ces mises en pages graphiques, plastiques, terribles et recherchées. Tout d'un coup, Maurice et Patapon rencontrent Chris Ware et Daniel Clowes, le professeur Choron entre au musée du Louvre.
La rupture tranquille m'a rappelé l'époque où, quand j'achetais Fluide Glacial, j'y trouvais encore de la subversion et de l'innovation. L'époque lointaine où ils avaient encore des couilles et de l'envie.
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