L'encre de la trilogie Fantomas est à peine sèche que Julie Rocheleau propose une adaptation de La petite patrie, un roman qui a connu un grand succès populaire au Québec dans les années 1970, avant d'être décliné en feuilleton télévisé. Le dessin de Julie Rocheleau est toujours aussi beau, quoique je préfère les couleurs sauvages de Fantomas aux pastels de la Petite patrie. Mais même en demi teintes, elle demeure une illustratrice surdouée. Certaines planches muettes présentent de belles compositions chargées d'émotion.
On voit par exemple à l'avant-plan des personnages en ombres qui font la fête, mais derrière, en tout petit, des parents font leur adieu au fils qui part à la guerre. L'histoire en reste là, mais vers la fin de la BD, l'auteure reprend cette composition pour nous présenter l'annonce du décès du fils.
Le point faible de cette BD est l'absence de scénario. On y lit la vie d'un quartier populaire de Montréal des années 1940 au travers les jeux d'une bande d'enfants, mais le récit se cherche une ligne directrice qui n'apparaîtra malheureusement jamais. Au final, l'ensemble prend la forme d'une série de vignettes, sympathiques, vaguement reliées entre elles, mais le récit ne prend jamais son envol. La lecture n'est pas fondamentalement désagréable, mais on n'en retient pas grand chose... Sinon que Mlle Rocheleau à un sacré beau coup de crayon.