Le mot de Cornélius :
Tout commence avec un arbre déraciné par le vent. Celui qu’on pensait éternel est couché sur le flanc, il nous appartient de le faire disparaître. Le souverain mis à terre, sa grandeur paraît dérisoire. Bientôt, on le débite en portions calculées, on assemble ses rameaux en bottes, on le démembre branche par branche. Le travail achevé, il ne reste que la souche, dont le sol n’a pas su retenir la masse. Le spectacle de ces racines provoque le vertige ; c’est le temps de l’arbre qui s’expose à nos yeux, le passé qu’il a vécu, l’avenir qu’il se construisait.
Cette expérience va conduire Ludovic Debeurme à entreprendre un voyage temporel intime. La disparition de ses parents et l’arrivée de sa fille l’ont placé à mi-chemin d’une vie qui ne peut plus se contenter d’elle-même. Chaque être est le fruit des destinées qui l’ont précédés et son existence annonce les vies qui lui succéderont. Basculant du temps immédiat vers les abîmes du passé, rappelé dans un présent irradié par le futur, Ludovic Debeurme fait l’expérience des temps simultanés. Les époques se chevauchent et s’entremêlent dans un tourbillon d’histoires, de souvenirs et de moments diffractant les images de vies imbriquées.