Masami Krumada est bien sûr avant tout connu en France pour Saint Seiya. Avant cela, il avait cependant déjà sorti 2 séries à succès : Ring no Kakero entre 1977 et 1981 et Fuma no Kojiro en 1982 et 1983. C'est ce second manga qui va nous occuper ici puisque l'éditeur NaBan a annoncé sa sortie en 3 gros volumes l'année dernière. Le premier volume sur 3 prévus regroupant 10 tomes "normaux" vient de sortir ; ou plutôt une version du premier volume puisqu'il est prévu une édition spéciale avec une couverture de Jérome Alquié et une édition normale avec une couverture de Masami Kurumada qui sortira le 22 novembre. Ceci dit, les 2 sont au même prix (32 €) et la couverture de l'édition spéciale est réversible, avec l'illustration de Kurumada de l'autre côté. Autant donc prendre la version qui vient de sortir, quelle que soit la couverture que l'on préfère.
Je commence par une critique de la forme : le succès n'étant pas garanti, NaBan a préféré sortir le manga sous la forme de pavé : ce tome 1 fait 750 pages, soit 4 mangas normaux. Ce choix se défend et n'est d'ailleurs pas gênant : le papier n'est pas lourd et les pages, sans être trop épaisses, ne sont pas transparentes. La lecture est donc agréable. Il y a aussi beaucoup de pages couleurs (notamment la totalité de l'avant-dernier chapitre), signe du succès de Krumada, quelques notes explicatives en fin de volume et les pages introductives des chapitres paraissant dans le shônen Jump, avec des phrases d'accroche dignes de bateleurs de foire et qui vont bien avec le ton du manga (De l'excellence au génialissime ; la narration de Krumada toujours au sommet !! Un succès phénoménal !! Le manga de Kurumada en tête du classement !!). En point faible et sans que ce soit catastrophique, on note quand même un peu trop de fautes de français.
Kojirô était déjà connu en France grâce à la sortie de 5 VHS dans les années 90 : les 2 premières adaptaient l'opposition entre le collège Hakuo, soutenu par le clan Fûma, et le collège Seishikân, soutenu par le clan Yasha. C'est cette partie qui est adaptée ici. La deuxième série d'OAVs adaptait l'intrigue basée sur un affrontement entre 10 épées sacrées (dont 2 apparaissent déjà dans ce premier tome). Enfin, un film voyait le clan Fûma se diviser en 2 groupes rivaux.
J'ai revu cette version animée sur youtube il y a quelques mois et ça m'avait plutôt déçu malgré quelques bons moments. Je n'avais donc pas de grosses attentes envers le manga mais, étant un fanboy de Saint Seiya, je pouvais difficilement rater ce titre, qui est un peu du Saint Seiya avec des sabres en bois (ou bokkens) et des uniformes de lycéen. C'est moins classe que la mythologie grecque et les armures, c'est certain mais le côté nanardesque pouvait être rigolo.
Et bien sûr, Kojirô = Seiya (= Ryuji de Ring no Kakero = Teppei de B't X) et Musashi Asuka = Ikki.
De fait, le manga a bien été un nanard et j'ai passé un bon moment à la lecture de ce premier volume. Il faut souligner qu'il y a quelques différences entre le manga et l'adaptation animée : pas grand chose mais assez pour en changer légèrement le ton. D'abord avec une introduction inédite d'une cinquantaine de pages qui met en avant Kojirô et certains de ses amis face à un mystérieux adversaire. NaBan l'a mise en ligne :
https://www.calameo.com/read/0061363349d538a974e34Bon, l'identité et le but de l'adversaire sont parfaitement évidents dès le début (même si Kojirô ne les devine qu'à la fin) mais ça a le mérite de nous présenter le héros et quelques-uns de ses alliés et de mettre un peu d'humour dans l'histoire. Celui-ci, sans voler très haut, est d'ailleurs plutôt efficace et les quelques passages inédits en animé (par exemple Kojirô qui s'incruste dans les clubs de sport d'Hakuo) sont plaisants à lire et à découvrir.
L'animé a en revanche rajouté quelques passages inédits, notamment autour d'Erina, la soeur de Musashi : ça ne change pas grand chose au scénario mais je dois dire que ses prémonitions sur le vent qui menaçait de tuer son grand frère étaient assez agaçantes. Je ne regrette donc pas qu'elles soient moins présentes dans le manga (Erina n'apparaît qu'à la 479ème page). Elle devient ainsi moins agaçante et plus touchante.
On a beaucoup de combats dans ce volume, souvent assez vite expédiés car il y a de gros écarts de niveaux entre les personnages. S'y mêlent duels au sabre et pouvoirs spéciaux : par exemple, Ryûma se bat avec des pouvoirs psychiques, Kirikaze avec une brume empoisonnée et des illusions... L'arrivée des épées spéciales dans le duel final prépare la deuxième saison (ce que ne faisait pas la série d'OAVs) et nous offre un beau duel final entre Kojirô et Musashi, avec une conclusion touchante et réussie tout en restant ouverte.
Au final, le manga n'est sûrement pas un chef d'oeuvre mais, si on n'en attend pas trop et qu'on est fan de Saint Seiya, c'est une agréable surprise. Je suis curieux de lire la suite, même si je connais déjà le gros de l'histoire.