de CriticaBD » 15/12/2012 00:21
Je suis un grand fan de Hermann devant l'éternel.
Un bon Jérémiah au coin du feu, ça fait toujours plaisir.
On pourra dire ce que l'on veut de ses scénarios. Ca peut paraître creux mais Hermann est tellement éblouissant dans sa narration... Il me semble qu'il a tout à fait trouvé sa voie en étant actif en tant qu'auteur de bandes dessinées.
Ce qui me sidère tout particulièrement, c'est la capacité qu'il a à réaliser une planche complète sans phylactères alors que la succession des cases suffit à ce que l'histoire progresse, et surtout à ce que la psychologie des personnages se révèle. Un tout tout grand maître avec une maîtrise telle du dessin que je ne prendrai même pas le temps de m'épancher en long et en large sur celle-ci. LE meilleur.
Pourtant, Polanski se serait exclamé à la vue de planches de Hermann : "Ça, c'est du cinéma!"
J'ai encore relu il y a peu de temps la trilogie des "Immergés" parue chez Glénat et réalisé par Juncker. Et là, l'illumination, la limpidité de la pensée : "Ça, c'est du Hermann!"
Exactement la même approche d'une histoire. Des personnages aux caractères prononcés, parfois durs. Des successions de cases qui se suffisent à elles-mêmes pour nous faire progresser dans l'histoire. Des histoires plus complexes que chez Hermann mais des histoires que l'on peut aussi très facilement résumer à une ou deux phrases car le plus important, c'est la relation entre les personnages.
Juncker est également capable par sa narration à nous plonger au coeur de l'histoire tout comme Hermann.
Par exemple, dans le tome 3 d'"Immergés", l'arrivée de l'avion américain alors que les bateaux de réfugiés sont attachés au sous-marin confine vraiment au pur génie. Cette scène est tellement magistrale que j'étais sur le bateau avec l'équipage, j'ai vu l'avion arrivée, j'ai aperçu la bombe et j'angoissais autant que j'ai angoissé à la lecture d'un "Hiver de clown", suant pour savoir comment Jérémiah allait bien pouvoir s'extirper de ce foutu bateau resté à quai sous la neige.
Un autre point important qui rapproche les auteurs est leur utilisation de l'humour noir et des piques, souvent très bien placés avec des textes qui font mouche.
Et je me prends à rêver. Et si Juncker reprenait Jérémiah!
Certes le dessin serait diamétralement différent. Ce qui pourrait en rebuter certains. Mais ça n'est pas grave. Je constate tellement de similitude dans la narration d'une histoire de Hermann et de Juncker que je suis certain que Juncker est à même de prolonger l'oeuvre du maître en en gardant l'essence tout en y ajoutant sa touche personnelle.
Evidemment Hermann a un dessin à nul autre pareil mais je crois que ce qui touche les lecteurs avant tout, c'est la narration de ses histoires. Et Juncker es dans al droite ligne d'Hermann pour cela.
Je me demande si les aficionados des deux auteurs se retrouvent dans ce sentiment où si lors de ma relecture des "Immergés" j'ai par trop forcé sur la dive bouteille pour voir de telles similitudes.