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Jours tranquilles à Venise (Bacilieri - Mosquito)

Et toute cette sorte de choses . Fais pas semblant de pas comprendre

Jours tranquilles à Venise (Bacilieri - Mosquito)

Messagede vacom » 26/05/2012 08:50

Nouvelle sortie chez Mosquito : Jours tranquilles à Venise de Paolo Bacilieri.



Quelqu'un l'a lu ? Mon avis :

Ce livre est un contre-pied. À quoi ? À l’image d’Épinal qu’on associe généralement à la Sérénissime : beauté, rêve, romantisme… et vogue la gondole ! Ici, point de tout cela. Paolo Bacilieri dresse le portrait peu flatteur, mais tout de même attendri, d’une ville où la décadence a droit de cité. Les quatre personnages principaux incarnent la désillusion ambiante, entre usines mal en point et jeunes désœuvrés, mœurs dissolues et vieux désabusés.

Seule la couverture se pare de couleurs. Par ailleurs, le noir et blanc prévaut, judicieusement, pour ternir l’éclat d’une carte postale que l’auteur présente comme mensongère. C’est le choc entre deux mondes qu’il met en exergue, touristes d’un côté et résidents de l’autre, usant de procédés narratifs audacieux. Sans cesse, le lecteur est pris à rebrousse-poil, tandis que les dessins se succèdent. Sont-ils beaux ? Voilà bien une question sans réponse, tant ils questionnent notre rapport à l’esthétisme. Ils sont porteurs d’un message, instaurent une atmosphère revêche, difficile à appréhender, mais se jouent des canons de la beauté. En même temps qu’une réflexion sur l’homme, Bacilieri s’interroge – et nous entraîne à sa suite – sur l’art, la création, la représentation du monde.

En tout cas, le réalisme est poussé jusqu’à son degré le plus cru. Certaines scènes, sans être gratuites, au contraire, peuvent heurter. Les corps s’offrent tels qu’ils sont, sans pudeur, sans volonté de la part de l’artiste d’embellir la réalité. Les gestes, parfois obscènes, ne sont jamais masqués, tandis que la folie qui parfois s’empare des personnages est révélée avec force et détermination jusque dans ses effets les plus dévastateurs. L’ensemble reste cohérent, c’est une certitude, quoique les chemins empruntés puissent paraître ardus.

En définitive, l’album ne se laisse pas facilement pénétrer : il rebute, s’impose en bloc, mais offre une expérience de lecture très marquante, voire dérangeante par instants. La démarche est admirable et la réussite totale, qu’on se le dise.


Une lecture particulière en ce qui me concerne. Je trouve que l'auteur fait des choix assez audacieux.
Dernière édition par vacom le 27/05/2012 10:50, édité 1 fois.
vacom
 

Re: Jours tranquilles à Venise (Bacilieri - Mosquito)

Messagede edgarmint » 27/05/2012 10:24

Pas grand-chose à rajouter à ce qu’a très bien exprimé l’ami Vacom ci-dessus.

Venise, entre le mythe et réalité. Le mythe diffusé par ceux qui y passent - surtout en être - et la réalité vécue par ceux qui y vivent - surtout oublier. L’auteur, avec un trait élégant au service d’une certaine laideur, raconte la dualité de cette ville où se côtoient et s’ignorent romantisme sacralisé et décadence crue. L’auteur n’y va pas par quatre chemins, il provoque son lecteur, va au bout de l’outrage fait à la cité des Doges et, ainsi, livre une bande dessinée forte et extravagante, à la manière de ce qu’a pu remuer Federico Fellini dans son œuvre.
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Re: Jours tranquilles à Venise (Bacilieri - Mosquito)

Messagede Marion N » 04/06/2012 16:26

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