A priori cette fois il n'y aura pas d'embrouilles d'ayants droit...addrr a écrit:J’espère de tout cœur qu’ils vont pouvoir continuer à sortir régulièrement les prochains volumes.
A priori cette fois il n'y aura pas d'embrouilles d'ayants droit...addrr a écrit:J’espère de tout cœur qu’ils vont pouvoir continuer à sortir régulièrement les prochains volumes.
Genug a écrit:A priori cette fois il n'y aura pas d'embrouilles d'ayants droit...addrr a écrit:J’espère de tout cœur qu’ils vont pouvoir continuer à sortir régulièrement les prochains volumes.
Dunyre a écrit:Bel objet que cette intégrale en tout cas, même format que pour la Jacky et Célestin. Super moment de lecture en perspective, et le dossier d’Alain de Kuyssche a l’air très riche
À n'écouter qu'une cloche on n'entend qu'un son, mais je recommande la lecture de où tout ça est assez détaillé...addrr a écrit:j’ai trouvé le dossier très riche mais aussi très vindicatif, il égratigne quand même pas mal de monde qui gravitait autour de la série à l’époque !
je n'ai pas encore lu le dossier du Tiroir, donc je ne peux pas comparer. Mais de mémoire dans le Mosquito Wasterlain raconte bien les hauts et les bas par lesquels il a dû passer...addrr a écrit:Très bonne remarque, merci.
Grosso modo, vu que je ne lirais pas cet ouvrage avant quelques temps sûrement, Wasterlain corrobore assez bien ce qui est dit dans le dossier ? Dit-il des choses différentes ?
addrr a écrit:Tiens, je peux réagir à ça maintenant que j’ai lu : j’ai trouvé le dossier très riche mais aussi très vindicatif, il égratigne quand même pas mal de monde qui gravitait autour de la série à l’époque ! Il se permet de belles digressions et on le sent ravi d’avoir carte blanche pour s’exprimer (et pas uniquement concernant la série Jeannette Pointu). C’est par moments assez drôle à lire. Ça fait règlement de comptes.
La parfaite entente ne régnait pas toujours dans cette famille établie à Marcinelle, près de Charleroi (Belgique).
Quelque temps après ma nomination, le croisant dans un couloir de l'imprimerie, Paul Dupuis me lança « Bonjour, Monsieur De Kuyssche. Il paraît que vous avez été nommé rédacteur en chef de Spirou ? ». Le quotidien d'une entreprise familiale... Le même aîné de la tribu Dupuis (par ailleurs zouave pontifical - un honneur réservé aux bons catholiques, généreux à l'égard de Notre Sainte Mère l'Eglise) devait m'engager à respecter les valeurs de la religion, en raison du fait que « Don Bosco m'a dit: Paul, ta « maison aura du succès, si tu restes fidèle à l’évangile et le propage dans le monde ».
Sans Monsieur Charles (c'est ainsi que l'appelait le personnel), René Hausman (1936-2016) n'aurait jamais connu le rayonnement que l'on sait. J'ai personnellement assisté à une réunion où se décidaient les parutions d'albums dans l'année à venir. Il y était question de nouveaux Schtroumpfs, Gaston, Buck Danny, Patrouille des Castors, etc. Avec un soupir à fendre un cœur de pierre, André Verhaeghe (responsable commercial) sortit de sa manche les chiffres de vente des précédents opus de René Hausman; il se voyait soutenu par Thierry Martens qui dirigeait le « service albums ». Le but de cette mascarade consistait à décourager la parution des Contes de Perrault (collection Terre entière), en raison des ventes modestes des précédentes productions de l'artiste verviétois. Le binôme Verhaeghe/Martens, approuvé par l'ineffable José Dutillieux, conseillait de ne pas publier Hausman, parce que, disaient-ils, « personne n’aime ça ». L’air buté, Charles Dupuis grommela : « Moi, j’aime beaucoup ». Et, pour notre plus grand bonheur, l'album fut mis en vente et a rejoint entretemps le panthéon des œuvres illustrées.
Désolé de farfouiller des souvenirs personnels, mais ce qui précède aidera à mieux comprendre les aventures éditoriales de Marc Wasterlain. Et de Jeannette Pointu. À mon arrivée chez Spirou (janvier 1978), Wasterlain était l'homme d'une série, Docteur Poche, créée en 1976. À peine me retrouvais-je assis dans mon bureau (l'ancienne chambre des enfants des précédents locataires) que la nomenklatura dupuisienne me prévenait : « Wasterlain est un bon dessinateur (sic), mais une catastrophe économique » (dixit André Verhaeghe).
En d'autres termes, ces messieurs (Verhaeghe, Martens, Van Kalck - chef de la « propagande » (re-sic) - et les commerciaux) comptaient sur moi pour mettre fin à la collaboration Dupuis-Wasterlain...
Il ne me fallut guère de temps pour conclure que ces bons messieurs ne faisaient pas leur travail : les représentants, sous la houlette de Verhaeghe, se contentaient de déposer les albums Docteur Poche chez les libraires après avoir lourdement vanté les séries à succès des éditions Dupuis - elles le méritaient bien, mais dans un monde où les éditeurs sortaient une trentaine de titres par an, soutenir de nouvelles séries de qualité n'aurait pas fait de tort aux jeunes auteurs et aurait participé à la pérennité des éditeurs belges dits traditionnels.
Certes, les ventes de Docteur Poche tardaient à décoller (en dépit de chiffres tout à fait respectables, certainement à l'aune de ce que connaissent les auteurs actuels), mais rien que cela aurait demandé d'appuyer les sorties de ces albums avec des opérations promotionnelles. Ce qui ne fut pas le cas.
Plutôt que de reconnaître ses carences, la nomenklatura cherchait des échappatoires. Dans le cas de Docteur Poche, elle tomba à bras raccourcis sur... son nez ! « Trop long, trop fin, pas réaliste, pas assez rond, trop peu Schtroumpf », rarement nez aura-t-il entendu autant de balivernes, à des lieues des obsédants « cap, roc. peninsule, oblongue
capsule, Hippocampelephantocamelos, perchoir, Mer Rouge, monument » de Cyrano de Bergerac. Trop effilé, donc, « peut-être en réaction contre les « gros nez » dont les coteries parisiennes affublaient la BD belge, de Peyo à Franquin notamment. Artiste hypersensible, Marc modifia le nez de Docteur Poche. « À vrai dire, la critique de la finesse du nez de mon personnage de magicien vient de Jijé. Ça se passe à la foire du livre de Bruxelles (à cette époque, encore au Martini Center.
Tour du Midi) où je dédicace au stand Dupuis, le premier album (Il est minuit Docteur Poche). D'une voix tonitruante, Joseph Gilain Jijè), minterpelle en me félicitant pour l'histoire qui lui a plu mais me fait comprendre qu'en caricature, on peut exagérer les traits d'un visage mais que là, j'avais vraiment dépassé la norme avec le nez trop fin et trop long du Docteur Poche. Une remarque qui n'échappe pas à certains membres présents du staff Dupuis qui s'en serviront. Ce n'est pas un pic, ni un cap, ni une péninsule. C'est le nez du Docteur Poche, clamera Yvan Delporte, aux débatteurs qui en font polémique.
Toutefois, pour faciliter la mise en couleur, j'épaissirai un peu le nez. Ça ne plaira pas du tout aux lecteurs qui réclameront le retour au fin nez. J'en tirerai quelques gags pour rire ( album n°8-Gag en Poche). » C'est en pleines arguties sur ce sujet, reconnaissons-le, primordial pour l'avenir de la planète (la nôtre, pas celle des chats) que l'entrai en scène.
Ce sont ces chamboulements que voulaient refléter les nouvelles bandes dessinées dans Spirou. Pas toujours facile à admettre par la nomenklatura Dupuis! Dans une maison où, pour être engagé(e), était exigée la recommandation du curé de paroisse (jusqu'au début des années soixante); ou se marier pouvait entraîner le licenciement (on utilisait la litote « remerciement ») de l'ouvrière concernée (ce qui n'excluait pas de torrides galipettes à l'ombre des rotatives) : où une petite main entretenait pieusement les statues de la Vierge et de Don Bosco dans les ateliers de typographie et de linotypie; où la Saint-Jean était jour férié, en mémoire de Jean Dupuis, le père fondateur, et de saint Jean Bosco; bref, dans cette maison-là, l'écho des bouleversements sociétaux contusionnait, voire mutilait les oreilles des vraies et des opportunistes grenouilles de bénitier. Nous devons à Charles Dupuis d'avoir su renvoyer aux abonnés absents à la fois les bigots et les hypocrites, réunis autour du père Sonet, grand inquisiteur exigeant d'habiller d'une gaine Playtex la malheureuse Jane, compagne de Tarzan, qui en pleine forêt tropicale se contentait, la pauvre, d'un maillot deux-pièces, ma foi très seyant.
Je raconterai un jour les manœuvres de couloir, les misérables complots de certains auteurs, dits « la génération des frustrés », en vue d'exclure les nouveaux jeunes auteurs décidés à redonner vie à la bande dessinée belge.
Spirou aura donc la primeur de la première aventure en cinquante-deux pages de Jeannette Pointu, Le Dragon vert.
Ce n'était que le début des déboires éditoriaux de la nouvelle série. Pour des raisons exposées plus haut, la nomenklatura autour de Charles Dupuis s'arrangea pour bloquer la parution de Jeannette Pointu en album ! J'allai plaider la cause de Wasterlain auprès de l'éditeur qui, déjà empêtré dans le labyrinthe de la vente de la maison Dupuis, ne suivait plus de très près ce qui se tramait dans les coulisses.
Suite à cette rencontre, Charles Dupuis passa ce qui s'appelle un savon à Martens and co et imposa Le Dragon vert au programme des sorties en 1983. L'album parut un an plus tard que prévu, et suprême machination, amputé de quatre pages (un album ne pouvait compter que trois cahiers de seize pages) dans une collection bidon (Carte blanche à...).
Cerise sur ce gâteau (avarié) : on supprima les bandeaux en haut de page, qui étaient comme un clin d'œil aux bandes dessinées d'autrefois tout en apportant un rythme narratif à la page de ce feuilleton nouvelle manière. J'ajouterai que je soupçonnai longtemps Marc de reléguer ainsi les « hauts de page » signés Didier Conrad, qui déclenchait des tempêtes dans l'aquarium Spirou, Raoul Cauvin à la manoeuvre (comme dans la campagne visant à supprimer Le Trombone illustré, supplément de Spirou, de mars à octobre 1977).
toine74 a écrit:J'espère que ce "best-off" n'est pas représentatif du dossier et qu'on y parle aussi du talent, de l’originalité et de la modernité de Wasterlain et de son héroïne.
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