Jean Giraud - Moebius (1938-2012)

[nexus4]

Message précédent :

Tu n'as pas tort. Cela dit, je trouve que lors son unique apparition dans La Dernière Carte, Pearl a déjà un air plus moebiusien que giraudien.

Style "Griffes d'ange"

Exactement, onze ans avant.

C'est marrant pour moi le plus Moebiusien des Blueberry est sans hésiter Angel Face.
Déjà parce qu’il est fait à la plume et non au pinceau et aussi parceque ce sont des planches entières et non des demi planches comme tous les autres Blueberry. Du coup le style suit. Au lieu d'un pinceau qui épouse le papier on a une plume qui griffe la planche donnant ce style si caractéristique.

[pistash]

Mince, alors ! Je ne parviens pas à voir le dessin présenté par Pistash ( merci quand même, pour les autres).

C'est pourtant simplement une citation de ce qu'a publié Nexus, le dessin avec la "remorque"

[Alonzo Cabarez]

Mince, alors ! Je ne parviens pas à voir le dessin présenté par Pistash ( merci quand même, pour les autres).

C'est pourtant simplement une citation de ce qu'a publié Nexus, le dessin avec la "remorque"

Zut. C'est le lien de Nexus que je suis arrivé à ouvrir, mais je n'ai pas davantage accès à ses visuels.
Faudra que j'emprunte à l'occasion un autre ordi.

Sinon, d'accord avec Nexus (c'est un peu ce que j'avais sous-entendu à la page précédente) pour Angel Face. C'est en tout cas le premier Blueberry moebiusien graphiquement parlant. Scénaristiquement, le premier Blueb moebiusien c'est sans aucun doute Arizona Love, pour la partie solo, post-Charlier.
Les plus exigeants pourraient le situer encore plus en amont, avec un court récit paru en Super Pilote Pocket et entièrement dû à Gir.

[Aigle Solitaire]

Tu n'as pas tort. Cela dit, je trouve que lors son unique apparition dans La Dernière Carte, Pearl a déjà un air plus moebiusien que giraudien.

Style "Griffes d'ange"

Exactement, onze ans avant.

C'est marrant pour moi le plus Moebiusien des Blueberry est sans hésiter Angel Face.
Déjà parce qu’il est fait à la plume et non au pinceau et aussi parceque ce sont des planches entières et non des demi planches comme tous les autres Blueberry. Du coup le style suit. Au lieu d'un pinceau qui épouse le papier on a une plume qui griffe la planche donnant ce style si caractéristique.

Pertinent et très intéressant, même.

[Rebecca Doppelmeyer]

Et cette couv :

1975, comme Angel Face

[Alonzo Cabarez]

C'est bien vu, à nouveau. Du pur Moebius, signé Gir.

[Vainsy]

Le truc, c'est qu'on pourrait aussi dire qu'il y a eu plusieurs Moebius ; que de variations entre le style hachuré de La déviation au délié impeccable des derniers albums (L'arpenteur ou Le chasseur déprime, par ex.)... Et du coup, de mon côté, j'adore le dernier cycle de Blueberry (Mister) car je trouve, justement, qu'il a été dessiné par Moebius. Mais en fait, à bien y réfléchir, c'est peut-être justement sur ces ultimes albums que Gir a réussi une parfaite synthèse de ses deux entités...

[Jopo de Pojo]

Et cette couv :

1975, comme Angel Face

Yep ! Même année, même couleur, même structure (sauf que Arzach vole...):

image.jpg

[Rebecca Doppelmeyer]

Bien vu.

[Bert74]

Et cette couv :

1975, comme Angel Face

D'accord aussi. Elle a d'ailleurs pour moi toujours tranché avec toutes les autres couv' de la série. la raison en est surement ce personnage central quasi-anarchronique avec le style des westerns de l'époque.

Finalement quand on la regarde bien on pourrait même la trouver "Tardienne", non ?

[nexus4]

Non, plutôt pas. Ou alors tout dessin avec baillonette est du Tardi.

[Bert74]

C'est bien évidemment le thème comparable qui m'a mis à l'esprit la comparaison, mais j'avais aussi en tête les qualités intrinsèques de ce dessin, et leur utilisation pour une couverture : profondeur de champ, souci de réalisme et de détail, centralisation de l'action (au coeur de la bataille), stylisation laissée de côté au profit d'une description sans complaisance (ce qui l'éloigne des couvertures habituels de la série), nuances de l'éclairage...

Bref, il y a de ça un peu quand même :

[nexus4]

Je fais la tournée des 8 sujets concernés pour avertir de la nomination aux Eisner Awards aux Amériques.
Nomination Eisner Awards 2017 : http://www.bdgest.com/news-1178-BD-Nomi ... -2017.html

[Jopo de Pojo]

Pas franchement convaincu par la comparaison avec Tardi...

Pour moi, la structure -un individu et une foule monochrome- rappelle plus Arzach (voir ci-dessus), quelques cases de "L'homme est-il bon ?" (Réponse : non) ou, en N&B, la case de bataille de "La Déviation", ces deux dernières histoires étant légèrement antérieures à la couve du lieutenant Myrtille.

[Rebecca Doppelmeyer]

Je profite de la digression sur Tardi pour citer une couv que je trouve remarquable
(et qui est dans le thème : pinceau ou plume ?)

[Alonzo Cabarez]

Yep, Rebecca. Joli.
Ce fut un de mes livres de chevet en 1976, quand j'avais quinze piges. Je venais de découvrir en 1975 que le dessinateur de Blueberry publiait des BD d'inspiration SF et fantastique dans l'Echo puis Métal Hurlant. Il n'y avait pas Internet et les seules données bibliographiques et biographiques que j'avais pu réunir autour de cet auteur bicéphale se trouvaient dans ce bouquin orné d'une superbe couverture de Tardi et dans le numéro des Cahiers de la BD Schtroumpf sur Giraud, avec une non moins belle couverture. Je les compulsais régulièrement et fébrilement tellement j'étais impressionné par la force des planches et du moindre dessin de Gir-Moebius. J'étais littéralement fasciné, comme hypnotisé, par tout ce que dégageaient ces dessins de Giraud.
Ce bouquin de Numa Sadoul permettait de bien comprendre les voies artistiques parallèles empruntées par Giraud et la dualité qui justifiait chez cet auteur l'utilisation d'un pseudonyme en sus de sa signature artistique habituelle.
En outre, ce livre édité chez Albin Michel comportait quelques cases d'un récit inédit d'Arzach qui m'ont longtemps fait espérer un second album "muet" dans la foulée du premier. Quelles ne furent pas ma frustration et ma déception de ne jamais en voir la couleur...
Comme tous les fans, je me suis rué avidement, quelques décennies plus tard sur le DVD "Arzak Rhapsody" puis sur toutes les versions d'"Arzak l'Arpenteur". Mais le "Arzach sans paroles" appartenait quant à lui à un passé définitivement révolu, il fallait en faire son deuil comme de l'adolescence, envolée depuis lurette.

Sinon, tout à fait d'accord avec Jopo de Pojo pour les similitudes (Arzach, Déviation, Homme est-il bon ?, etc...). Qu'est-ce que j'aime cette partie de l'oeuvre de Giraud !
C'est marrant, j'ai conservé dans un carton à dessins une sérigraphie de la couverture de la Jeunesse de Blueberry ainsi qu'un tirage signé (acheté en VPC sur le catalogue des Humanos dans leurs premières années d'existence) de la double page d'Arzach dont la technique graphique et les tons sont très similaires à ceux du premier tome de la Jeunesse, comme tu l'as si justement rappelé, images à l'appui.

[Jopo de Pojo]

Tu as fait là un bon achat -superbe tirage !
Je ne suis pas très partisan des rapprochements bande dessinée-peinture classique, mais il y a un côté bataille d'Ucello dans ce grand dessin. Des spécialistes trouveraient sans doute des rapprochements plus pertinents...

[Rebecca Doppelmeyer]

Joli témoignage de lecture, Alonzo.

Peux tu nous dire les formats des tirages ?

[Alonzo Cabarez]

A la louche, je dirais :
- pour la sérigraphie de la couve du tome 1 de la Jeunesse, format courant de 60 x 80
- et pour l'affiche-poster signé de la célèbre double page d'Arzach survolant un paysage où se déroulent d'âpres combats, format d'environ 100 x 70. Les Humanos, à leurs débuts, proposaient à leur catalogue plusieurs posters-affiches de très grand format, en couleurs ou en noir et blanc, signés ou non, que ce soit de Moebius ou de Druillet, les fers de lance de l'éditeur.

[Rebecca Doppelmeyer]

Ah oui ! c'est énorme !

d'âpres combats

tu fais une déviation

[Alonzo Cabarez]

Oui, c'est... inconscient.
Le ptéroguerrier (le dernier de son espèce) Arzach survole même plus qu'un scène où se déroulent "d'âpres combats" (lesquels étaient représentés en noir et blanc dans "La déviation"). Là, c'est à un véritable carnage qu'assiste Arzach. C'est un paysage où l'hémoglobine coule à flots qui défile sous Arzach et sa fidèle monture. Le rouge domine...