Relu ce dyptique sur Jack l'Eventreur de Debois et Poupard. Mon avis reste mitigé.
Scotland Yard est en crise. Jack l'Eventreur tue des prostituées et joue avec des indices. Le scénario suit l'inspecteur Frederick Abberline qui enquête sous la pression de son supérieur, le Commissaire Warren. Il doit jongler entre les meurtres mystérieux, les nombreux suspects, et un "comité de vigilance" formé par des riverains excédés. Il doit également affronter ses propres démons, traumatisé par un souvenir d'enfance.
François Debois ne fait pas dans la finesse : il glisse en une cinquantaine de pages tout ce qui colle avec le "mythe" de Jack l'Eventreur : le chirurgien fou, les ruelles brumeuses, les suspects improbables, l'inspecteur dépressif et cogneur. Un scénario truffé d'erreurs historiques et de facilité qui pioche dans les différents films et BD sur le sujet, de "From Hell" avec Johnny Depp au téléfilm de 1988 avec Michael Caine...Un vrai "fourre-tout" qui donne une furieuse impression de déjà-vu. L'identité du tueur est improbable, ridicule, mais je suppose que Debois n'a pas cherché à coller à la réalité.
Heureusement que l’ambiance du Londres victorien est, ma foi, joliment restituée. Les ruelles sont sales, sombres, poisseuses, le sang coule dans les caniveaux, le trait de Poupard est épais, incisif. Les visages sont expressifs, les traits sont tirés et les yeux exorbités. Les couleurs sont délavées, organiques. Graphiquement, c'est une réussite.
Dans le Tome 2, plusieurs mois ont passé depuis les meurtres de Whitechapel. Abberline part enquêter en France sur une tuerie similaire, qui trouve son origine dans les travaux du professeur Charcot, professeur à la Faculté de médecine de Paris. L'inspecteur noue une relation avec Ambroise Méridien, une jolie parisienne, et découvre le terrible "Protocole Hypnos" . S'ensuit révélations et rebondissements rocambolesques digne d'une série B. Fort heureusement, encore, Debois et Poupard ne ménagent pas le lecteur avec des scènes sanguinolentes et un découpage cinématographique.
En résumé, une BD en deux tomes, le premier mieux maîtrisé que le second, où Jack l'Eventreur n'est pas vraiment LE sujet principal.
“Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! C'est de l'eau !”