Ivo a mis les voiles - N. Pinheiro - Sarbacane

[Nirm]

Fin des années 80. Un quinquagénaire qui porte sur son visage brun les stigmates d'une vie sans concession, gare sa vieille coccinelle sur le bord d'une route poussiéreuse. Il pousse la porte d'un bar miteux et commande une cachaça. On entend à peine ce qu'il dit : Ivo, mécanicien de métier, fumeur invétéré et alcoolique, souffre d'un cancer de la gorge.

Mais son plus grand vice, c'est la route : sa vie durant, il n'a jamais pu se poser, toujours en perpétuel mouvement. Que quitte-il ? Où va-t-il ? Cette fois, plus que toutes les autres, seul Ivo le sait. Pedro, un jeune Carioca, beau garçon taiseux, apprend la mort d'Ivo et se lance alors sur la trace de son dernier périple, sur les routes du Nordeste.

Allant d'indice en indice, l'amour et l'amitié s'invitent bientôt au voyage. Pedro embarque dans sa voiture des compagnons improvisés, pour quelques kilomètres, parfois quelques jours : la jolie Vania qui a fui sa famille, Valdo, un surfeur à la recherche de son fils, ou encore Gabriel et Kadu, jeunes chercheurs scientifiques à l'âme poétique.Mais qui est Ivo pour Pedro ? Et qui est Pedro pour Ivo ? Le savent-ils eux-mêmes ?

Une planche :

[pleyoka]

Chouette, un nouveau Pinheiro

[Karzak]

La chronique d'Ivo a mis les voiles est en ligne.

[Cooltrane]

Chouette, un nouveau Pinheiro

Oui, il était temps d'effacer le précédent (Aile/Elle), que je trouvais assez médiocre (le scénario, surtout), même si c'est probablement sa plus grosse vente en date.

Ici, on a droit à un road-trip dans le Nordeste à la recherche d'un fantôme errant.

Assez bien "transporté", même si on reste principalement le long de la côte.

Je reste sur Bibow Bradley comme son meilleur, mais ici, on est du niveau de Lapa La Nuit.




EDIT: J'ai qd mm deux critiques envers cet auteur qui n'est plus in débutant: des détails qui nuisent à la lisibilité de l'ensemble

[Révéler] Spoiler:

1- par deux fois, il utilise le même véhicule rouge (une fois pour un oncle incestueux et une autre fois pour celle du héros) et c'est déroutant un instant. De même, on ne comprends que par les sandales romaine de l'autostoppeuse qu'il la rencontre pour le 2è fois. Ce genre de détails disparait à la 2è lecture, mais en attendant sur la première, on WTF, quoi!

2- plus ennuyant à la première lecture, les nombreux flashbacks ne sont pas visibles au coup d’œil (style un cadre ou une absence de celui-ci, par ex). On finit par le comprendre, mais un peu tard à mon gout

[Johnny Fletcher]

Acheté cet après-midi et lecture aussitôt entamée. J'en suis à la moitié de l'album et je suis emballé. Le dessin et le découpage sont fabuleux, le scénario est passionnant et déroutant. C'est formidablement bien parti pour faire un grand livre. J'en dirais plus une fois la lecture de l'album achevé bien sûr.

[Nirm]

J'ai lu et beaucoup aimé cet Ivo...
J'y ai retrouvé un peu de ce qui m'avait plu dans Lapa, la nuit.
Des personnages écorchés, mais attachants, desquels se dégagent une vraie humanité et le côté mosaïque du pays, bien loin de la carte postale notamment.
Comme entre temps, Nicolaï Pinheiro a progressé dans son dessin et sa narration, cela fait de cet album un voyage poétique et très bien mené.

[Johnny Fletcher]

J'ai fini la lecture en deux fois car je ne voulais pas bâcler en allant trop vite. C'est un album fabuleux, qui doit beaucoup au talent hors du commun de N. Pinheiro. Ses talents de conteur n'ont rien à envier à ses talents de dessinateurs. Tout est juste: les attitudes, les mouvements et les postures des personnages, leurs expressions toujours parfaitement lisibles et rendues, les décors d'une vérité qui nous donnent l'impression de pouvoir en sentir l'atmosphère comme les personnages eux mêmes. Et puis les cadrages, les compositions des planches, le découpage sont exemplaires de clarté, de sobriété et de virtuosité. Il faut parler également de la mise en couleur magnifique, aux teintes denses et soutenues, le tout baigné dans une température de couleur assez basse qui confère à l'ensemble une ambiance chaude et solaire.
Le récit pour sa part semble tout en justesse, livrant des scènes au ton réaliste et une sensation de vie accrue. Rien ne se passe idéalement, rien ne semble exagéré pour les besoins de la fiction, rien ne nous écarte de la sensation de vivre un moment authentique. N. Pinheiro maîtrise l'art de l'ellipse pour nous raconter uniquement ce qui est essentiel au récit, le nourrit sans gras ni sauce.
Tour à tour drôle, intrigant et touchant, Ivo a mis les voiles a tout de l'album durablement marquant qui vogue aisément au dessus de la production courante de bande dessinée ; bien au dessus, donc jetez vous sur cet album et lancez vous à la poursuite d'Ivo, vous ne le regretterez pas.

[ubr84]

Beaucoup aimé aussi.

Je trouve qu'il arrive à dire pas mal de choses uniquement par le dessin. Via les répétitions, ou les subtiles variations sur des attitudes notamment. Pas mal de non-dits aussi que l'on comprend en creux, via des effets de cadrage, de hors champ (le bémol de Cooltrane sur les sandales est au contraire un truc qui m'a tout de suite plu).
Puisque l'on suit à la fois le voyage du père et du fils sur ses traces, la mise en parallèle des deux road-trip est très réussie.

Je n'ai pas lu le roman dont s'est adapté, mais c'est certain que l'adaptation est réussie vu l'apport narratif des dessins

Toutes les interrogations sur le temps (on lui court après, on essaye de le rattraper, on le laisse filer etc.) m'ont assez touchées aussi.

[Révéler] Spoiler:

Et dans un road-trip l'enjeu de la destination est évidemment important.
Le récit nous construit un fin décevante à coups de "parfois c'est déjà trop tard" pour finalement être très marquant avec ce double plot twist que j'ai trouvé vraiment bien amené.

Un de mes coups de coeur de l'année !

[Nirm]

Pour la petite histoire, j'ai cru comprendre que le roman est de son père et donc Ivo est le grand-père de l'auteur.