Pour simplifier, disons que Davodeau a passé un contrat moral avec un viticulteur : pendant une année, chacun initiera l'autre à son métier.
Après quelques classiques, Davodeau amène donc son « ignorant » de viticulteur vers une bande dessinée plus difficile d’accès. Le viticulteur (gardien du temple en son domaine) a ses réticences « Moi, j’ai besoin qu’on raconte quelque chose » …
- par principe, je spoile à partir de là, même si je ne suis pas pleinement convaincu que ce soit nécessaire -
… Davodeau lui répond « Toi qui passes ton temps à râler contre les vins qui font tout pour ressembler à ce qu’on impose au public, tu ne vas pas renâcler devant un livre qui te surprend ! ». Puis le viticulteur se prend au jeu « dis donc, c’est vraiment étonnant, les derniers bouquins que tu m’as filé… Je n’avais jamais lu des trucs pareils ». C’est de Marc Antoine Mathieu dont il est question. Ensuite, à propos de Maus, E.D. « il (le dessin) est parfaitement accordé au propos du récit… Dessiné réaliste, « Maus » aurait été obscène ». E.D. emmène son « ignorants » rencontrer MAM. L’ignorant, à propos du rendu de MAM et ED « tout vous oppose… », ED « Je ne suis pas d’accord. On partage ça : nous ne sommes pas tant des dessinateurs que des raconteurs d’histoires. Notre dessin est une écriture ». MAM de poursuivre « Nos livres ne peuvent pas plaire à tout le monde… Ce qui m’importe par-dessus tout, c’est qu’ils soient cohérents avec la vision du monde que j’y développe… Ensuite, y entre qui veut ». L’ignorant se prend une « baffe » avec Le photgraphe. Vers la fin, l’ignorant accompagne E.D. au festival de bande dessinée de Bastia, il y découvre l’OUBAPO ! L’adhésion n’est pas gagnée ! Quoique, l’ignorant repart avec Faire semblant c’est mentir de Dominique Goblet, cela de son propre chef.
Bon, bref, Davodeau parle de tout ça et ton propos rejoint un peu ce qu’il essaye de faire passer dans les discussions qu’il a avec le viticulteur.
J’aime bien ton approche du dessin d’Isabelle Pralong, j’ai lu il y a un certain temps
L’éléphant, mais n’en garde qu’un souvenir lointain. Quoiqu’il en soit, je n’en conserve pas un souvenir de lecture tel que le tien, je pense que l’œil du lecteur s’adapte avec le temps, pour peu qu’il accepte de s’ouvrir vers d’autres territoires graphiques. De là, la compréhension du sens du dessin s’affine, et le domaine des lectures accessibles s’élargit. Je retrouve dans
Oui mais il ne bat que pour vous ce que tu développes à propos de
L’éléphant, plus largement, je dirais que travail d’Isabelle Pralong sur les corps est très fort dans ce qu’il parvient à faire passer sur le ressenti du moment de ses personnages. De ça, il y en ressort un effet visuel très proche du théâtre - je ne sais plus si c’était aussi vrai pour
L’éléphant -, comme une très légère exagération, juste suffisamment perceptible pour accentuer le sens, pour venir donner vie à ce qui se joue dans le texte.