Inner City Romance - Colwell

de **Alexander** » 22/04/2019 01:20

Ça parle de sexe de drogues dures douces de révolte et de la condition noire américaine, tout ça bien ancré dans la mouvance post hippie du début des seventies, on sent poindre un peu de désillusion, Altamont et l’héroine ont fait des dégâts, mais les rêves n’ont pas encore totalement échoués sur la réalité financière, il faut juste abattre le système oppressant, la machine à broyer l’être humain.
Quand il écrit et dessine tout ça le mec croit encore au grand soir de la fraternité humaine, c'est ça qui est génial, autant de foi dans l’humanité ça m’a toujours fait triper, vive les hippies, et tiens la simplicité et la radicalité du discours me font penser à ce bon vieux film de 1970 Punishment Park, au moins à cette époque les choses sont claires, il y a les bons (les hippies, les opprimés), les boeufs, et les méchants (les politiques, les flics), et le grand soir est pour bientôt, rha c’était bon la Bd à cette époque, des idées folles se propageaient dans le medium qui nous occupe, y avait vraiment du fond, même si avec le recul on entend parfois des ricanements cyniques… A lire en écoutant les Doors.

édit le titre du sujet : rajout de la majuscule à Romance

de **unrefractaire** » 22/04/2019 15:31

J'ai lu l'album (ou le recueil, puisqu'initialement les numéros étaient parus en format comic book) en VO - d'ailleurs je dois faire la fiche BDGest...
L'ensemble m'a plu davantage pour la qualité graphique que pour le scénario... Deux épisodes de mémoires sont dessinés à la manière de la gravure sur bois, ou en carte à gratter, en tous les cas un superbe noir et blanc.
L'idéologie omniprésente, comme toujours, alourdit les récits, les personnages, les situations, et génère une naïveté qui possède assez peu de charme (à mon avis). Même si l'auteur, peut-être conscient de ces limites, joue beaucoup sur le fantasme et le rêve, de manière à brouiller les frontières.
À la même époque, des auteurs underground pouvaient traiter de sujets politiques de façon beaucoup plus analytique comme Harvey Pekar, de façon ambivalente comme Crumb, de façon très esthétique comme Spiegelman qui en plus est analytique et ambivalent. Ambivalent au sens de l'inverse de la conviction militante...
Une lecture à conseiller en tous les cas...

de **bone** » 22/04/2019 16:52

La série existe déjà en VO

https://www.bedetheque.com/serie-57544- ... -1972.html

de **Alexander** » 24/04/2019 00:22

bone a écrit:La série existe déjà en VO

Je crois que Unrefractaire parle du recueil paru en 2015 chez Fantagraphics.
Effectivement il n’existe pas (encore) dans la Bel.
On en a un bel aperçu dans ce clip produit selon les habitudes de l’éditeur de Seattle. Et par la vision duquel on comprend que Revival n’a pas repris le(s) cahier(s) couleur, ce qui est bien dommage, tant les couv des comix unitaires sont belles et les autres peintures de Colwell intéressantes…
Maintenant, il faut peut être comprendre que l’auteur n’est pas assez connu chez nous pour que le tirage d’un livre avec cahier quadri puisse atteindre son seuil de rentabilité…

de **unrefractaire** » 27/04/2019 10:53

Oui je parlais de l'intégrale Fantagraphics : je vais trouver le temps de créer sa fiche à la suite de la série...
En effet il est bien dommage que l'édition française n'ait pas repris l'ensemble des documents de Fantagraphics. C'est dommage car cela ampute l'image qu'on peut se faire de ces auteurs de BD qui, parmi les underground, ont été nombreux à faire une carrière de peintre... C'est assez préjudiciable... Après celui qui aura apprécié ira se renseigner sur le net, mais bon les impératifs économiques sont décidemment mauvais conseiller...

de **Bolt** » 27/04/2019 19:53

unrefractaire a écrit:mais bon les impératifs économiques sont décidemment mauvais conseiller...

Vincent Bernière (les Cahiers de la Bande Dessinée) s'est exprimé ou a écrit sur le sujet en créant Revival : le travail patrimonial est difficilement rentable. Et même si Revival se concentre sur la réédition (M. Poche, La variante du dragon, Qui a peur des contes de fées ?...), l'éditeur ne s'interdira des oeuvres plus récentes (comme Sadbøi).

Je n'ai pas sous la main les différents livres Revival mais il me semble qu'il y une uniformisation des formats et papiers, ça peut être regrettable car par exemple l'édition de Qui a peur des contes de fées ? aurait gagné à être plus grand et sur un papier rendant justice aux couleurs de Breccia, ce qui a été justement signalé par ici.