Il y a des découvertes qui ne font qu’à vil prix dans un rayon à l’odeur moite de papier des années 80. Des trésors froissés, parfois sans jaquettes, promettant des yeux fous à fracasser les portes des hôtel hantés. Couverts d’une étiquette en francs recouverte d’une autre étiquette en euros elle-même rapidement dissimulée sous une étiquette de ce jaune putassier comme en trouve seulement en solde et chez Dasigual (ta mère me pardonnera). Etoiles déchues des nuées des étagères les plus hautes, ils s’entassent dans un panier trop plein de gibier de pilon, ternes parmi les Yugi-ho, One Piss et Shaman King mais porteur de la graine mauvaise du poison capiteux des mélanges de fins de soirées.
Ils ont l’énergie du punk mais pas sa niaiserie. La montée implacable de la tension qui n’étouffent pas la personnalité des protagonistes. La folie pure sans faire fouillis, la cruauté abjecte sans la complaisance, la critique sociale d’une précision chirurgicale sans la pédance, la philosophie sans l’absconcité, l’arrivée du monstre sans cesser de penser, observer les sphéres politiques/sociales/judiciaire/médiatiques se percuter et se fragmenter. Creuser l’humain avec une pelle émoussée et voir ce qu’il y a dedans.
Faire un inventaire à la Prévert, « vivre heureux en attendant la mort ».
Lire The World is Mine et mourir.
Je n’essaierai pas de résumer ce road-movie fou entre le tueur sauvage au regard d’enfant et son complice incel vite perturbé par un monstre jamais rassasié aux yeux doux qui croque le Japon et ses habitants entre ses dents immenses. Pas plus qu’on ne peut faire le tour de tant de personnages secondaires d’une qualité rare, du flic aux tics nerveux à la passionaria du collège et passant par le politique sincère et vaguement exhibitionniste.
Parce que tout est dans les non-dits, dans les gerbes de sang, dans les yeux exorbités, dans la poésie muette qui passe entre deux goute d’eaux, entre deux balles, entre deux tueurs.
Certaines œuvres sont des constructions. Celle-ci est un Big-Bang sur 14 tomes.
Hideki Arai a dû faire des excuses pour ce manga alors que c’est sa nation entière qui lui en doit. Qu’importe ceci, et qu’importe si j’ai plus aimé Ki-Itchi que sa suite Ki-Itchi VS et encore moins Irene qui contient en germe le personnage de Mon Chan mais beaucoup trop de bites (dessinées) et de vagins (prononcés) et que j’ai trouvé répétitif. Parce que ça continue, par Saint-Frusquin, et le 27/07/2022 est sorti une adaptation ravageuse de Becoming Father. Il n’y avait même pas 10 likes sur la bande-annonce youtube. Rien à foutre, j’adore le nombre 11.
Effectivement "The world is mine" est un must, et Hideki Arai un des meilleurs mangakas. J'ai hâte de voir ce film tiré de son manga "Miyamoto Kara Kimi e" qui d'ailleurs va sortir chez Black Box".