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Harvey Dent et le Silence des agneaux: avis sur un scénario

Harvey Dent et le Silence des agneaux: avis sur un scénario

Messagede marno felipa » 23/05/2014 13:19

Bonjour à tous,

j'aimerais soumettre à la lecture sagace des hôtes de ces lieux un petit scénario que je vois comme un exercice d'écriture.

C'est alors que j'écrivais le mot "FIN" que j'ai réalisé qu'il entretenait quelques (hem...) ressemblances avec le Silence des agneaux mais que diantre! Disons que je rend hommage au chef-d'oeuvre avec tout le respect et la modestie de mon amateurisme. :P

C'est un presque huis-clos à deux personnages, Harvey Dent (oui, celui de DC comics, et plus précisément celui de mes souvenirs de la série animée des années 90) et Dannie Walls, une jeune travailleuse sociale chargée de sa réinsertion.
Mon but était de me faire la main sur les dialogues qui me causent toujours beaucoup de soucis et de travailler dans un style réaliste.

1) les retours à la ligne indique un changement de cases.
2) chaque case n'est pas décrite, je laisse ce soin à votre imagination.
3) les descriptions de cases précèdent les dialogues qui y figurent et sont en gras.

Je remercie donc d'avance les lecteurs qui voudront bien me donner leurs avis critiques.

BLIND GIRL

Nuit dans une grande ville américaine, quartier de vieux immeubles résidentiels, miteux. Phares de voitures de police dans la rue.

Dans un des immeuble, des hommes et des femmes en tenue d'intérieur sont amassés autours d'une porte. Ils sont choqués, hésitants.

Deux policiers montent les escaliers, à bout de souffle.

Dans l'appartement sans lumière, une silhouette dont on voit les dents blanches hurle.

Deux hommes enfoncent la porte.

L'intérieur n'est pas éclairé. Une silhouette assise sur un fauteuil, dos aux fenêtres.

Les policiers armes sorties s'approchent et découvrent la scène. Choc et dégoût.

Un homme haletant faiblement est carbonisé sur toute la moitié gauche de son corps, la ligne de démarcation est droite et nette.

Un chalumeau poisseux par terre.

Vue par la fenêtre depuis l'extérieur de l’appartement. Des traces de mains ensanglantées sur l'escalier de secours.



Pour la réplique suivante : succession de cases représentant l'intérieur de l'asile d'Arkham. Très sombre, glauque, prisonniers en uniformes gris sombre, gardiens, violence.

HARVEY (off)
Les médiocres...

Le système est gangréné par les médiocres...

Il les créé, les nourrit, leurs castrent petit à petit le cerveau entre la pierre de l'information et celle du divertissement, les fait baiser entre-eux dans des lits suédois standardisés pour qu'ils produisent encore plus de médiocres...

Des milliers et des milliers de fois chaque jour, ça recommence...

A ce stade, la médiocrité n'est plus une petite nation isolée, c'est une invasion, une pandémie...

Ils sont partout...
Ni chaud ni froid, fades, semblables...



Gros plan sur le visage défiguré d'Harvey Dent, il regarde bien en face, amusé.

HARVEY
Une nation de tièdes...

Harvey est assis dans sa cellule. De l'autre côté de la vitre qui sert de mur, Dannie Walls, une jeune femme, est aussi assise. Elle est habillée de gris sombre. Pull large, jupe longue, mocassins. Cheveux en queue de cheval, très austère. Elle a l'air de profondément s'ennuyer. Des gardes surveillent de loin sur les hauteurs d'un cat-walk.

DANNIE
Brian Jackson est mort parce qu'il était tiède ?

HARVEY
Toute sa vie sans doute. Mais à la fin, un peu de contraste l'a rendu moins... banal.

HARVEY
En noir ET blanc... sans ce gris... démocratique. La nouvelle couleur du peuple.

DANNIE
Monsieur Dent, je ne suis pas ici pour discuter de vos crimes. Votre dossier m'a été assigné car le juge Barnston estime que, eut égard à votre passé de procureur général, vous êtes l'un des super-criminels les plus aptes à réintégrer la société et la servir à la mesure de vos compétences.

Profil défiguré de Harvey, souriant.

HARVEY
Le juge Barnston a vu les photos de Brian Jackson après mon petit entretien avec lui?

Dannie de face, imperturbable, point de vue de Harvey.

DANNIE
Oui.

Profil intact de Harvey.

HARVEY
Et c'est moi qu'on enferme ici.

DANNIE
Le juge Barnston a... une vision optimiste de l'humanité.

Harvey de face désigne chaque côté de son visage.

HARVEY
De laquelle ?

Dannie regarde des papiers qu'elle a apporté.

DANNIE
Il me demande de travailler avec vous à un projet de réinsertion. Il a quelques idées... vous commenceriez par recopier les minutes de procès, on pourrait même envisager un jour de relier votre cellule à un centre d'appel de conseils juridiques, strictement surveillé bien sûr...

HARVEY
Miss Walls, avez-vous souvent affaire à ces « super-criminels » ?

DANNIE
Non, vous êtes mon premier dossier. Je m'occupe habituellement de la réinsertion des hommes de main que vous engagez pour se faire tabasser par vos amis « super-héros ».

HARVEY
Ah oui... Le sel de la terre...

DANNIE
J'obtiens de très bons résultats, ce qui est semble-t-il assez suspect aux yeux de ma hiérarchie. Ils estiment que mes compétences seraient mieux employées à la source du problème.
En m'occupant de vous autres un jour par semaine, je conserve le « droit » de garder mes autres dossiers.

Ils s'observent.

DANNIE
J'ai une proposition de projet particulier pour vous Mr Dent.

Dannie glisse un dossier dans le tiroir qui sert à faire passer les plateaux repas.

DANNIE
Le juge Barnston pense que vous retrouveriez plus vite le contact avec votre compassion si vous pouviez assurer la défense des victimes.

Harvey se lève pour prendre le dossier. Les gardes sur le cat-walk pointent leurs armes vers lui.

DANNIE
Il propose donc que vous aidiez l'avocat d'une pauvre famille récemment endeuillée à préparer son dossier.

Dannie est debout, Harvey assis est penché sur le dossier.

DANNIE
Notre séance touche à sa fin. Je vous laisse réfléchir aux propositions du juge et vous revoie jeudi prochain, même heure...

Plan sur les toilettes d'Harvey et du petit lavabo adjacent.

HARVEY
même lieu...

Sur le lavabo sale, un petit savon gris marqué Ark.As.

Salle de bain de Dannie. Elle prend une douche, dans une toute petite cabine de douche.
Elle se lave avec le même petit savon marqué Ark.As.


Retour à la prison, devant la cellule d'Harvey. Harvey est assis en camisole de force, une muselière sur le visage.
Dannie s'assoit à sa place en face de lui.


DANNIE
Les gardiens m'ont dit que vous avez fait déborder vos toilettes. Ils ont dû vous évacuez de votre cellule et faire venir un plombier assermenté... et vous avez arraché le nez de l'un des gardiens avec les dents pendant votre transfert.

HARVEY
Une situation urgente. Voyez-vous notre directeur ne cesse de voir son budget réduit, on en est à rationner le papier toilette. J'ai donc utilisé ce que j'avais sous la main pour m'essuyer....

Plan sur les toilettes.
HARVEY (off)
Le dossier de la petite Miranda Swift.

Harvey et Dannie se dévisagent. Harvey est très amusé.
Dannie regarde un papier.


DANNIE (impassible)
Et le gardien ?

Harvey fronce les sourcils, suspicieux.

HARVEY
Quoi le gardien ?

DANNIE (imperturbable)
Pourquoi vous lui avez arraché le nez ?

Harvey est pris au dépourvu.

HARVEY
Il...Il m'a mal regardé.

DANNIE
Vos toilettes sont en bonne état maintenant et je veillerai personnellement à ce que vous soyez toujours correctement fourni.
J'ai ramené une copie du dossier et j'ai pu obtenir qu'on vous apporte le code civil et le code pénal pour vous référer, mais ils devront retourner tous les soirs à la bibliothèque.

Harvey maussade tourne la tête, son profil intact est visible.

DANNIE
Je vais vous rappeler les faits puisque vous êtes temporairement... indisposé.

DANNIE RACONTE L 'HISTOIRE EN OFF.

Photo de Miranda Swift, six ans. Une chambre d'enfant, des jouets, le lit dans l'ombre.

Le 13 mars dernier, le corps sans vie de la petite Miranda Swift, six ans, a été retrouvé dans l'appartement de sa mère Sarah Swift.

Des chaussons d'enfant dans une flaque de sang.

La petite Miranda a été égorgée dans son lit, son corps présentait des traces de violence sexuelles.

Sarah Swift, jeune femme court vêtue, rentre éméchée dans son appartement.

Sarah Swift n'était pas à son domicile de toute la nuit et l'a trouvée en rentrant d'une soirée.

Le père de Miranda, pauvre type pas rasé, prêt à entrer dans une voiture de police.

Les soupçons se sont d'abord portés sur le père biologique, séparé, de la fillette mais des amis lui ont fourni un alibi inattaquable.

Richard Cunning, CEO opulent dans son bureau.

On a par la suite découvert que Sarah Swift entretenait une liaison avec le milliardaire Richard Cunning, CEO de Cunning corp.
Une orgie de preuves a été réunie supportant la thèse de la culpabilité de Cunning.


Un homme mains attachées se fait tirer une balle dans la tête par derrière. Sarah Swift est piquée de force dans le bras avec une seringue.

Cependant, Mr Swift a depuis quitté le pays et Sarah Swift s'est suicidée.

Retour à la prison.
DANNIE
Avec la batterie d'avocats côté défense d'un côté et avec les preuves dont on dispose de l'autre, l'issue du procès est assez incertaine.

DANNIE
Il n'y a pas de tiédeur dans cette affaire. La plus pure innocente immolée dans la plus parfaite cruauté, une morte que personne ne pleure et un homme sous le regard constant du monde. Peut-être êtes-vous le dernier ami de Miranda...

HARVEY
Miss Walls, ce qui tient lieu de justice aujourd'hui est de la même espèce que la moisissure qui couvre ces murs et que les prisonniers lèchent pour quelques minutes d'évasion.
Dites au juge de tirer son verdict au sort et vous verrez la vraie justice à l'oeuvre.

Une statue de la Justice, yeux bandés, tenant une glaive et une balance à deux plateaux.

HARVEY (off)
Avez-vous remarqué ? Les deux plateaux de la justice sont les deux faces d'une même pièce de monnaie. C'est ça la vérité.


Dannie chez elle, sous la douche, encore le savon A.A.
Dans sa cuisine, elle boit une tasse de thé et regarde une photo d'elle, Sarah et Miranda.


Retour à la prison. Dent travaille à son bureau, lunettes de lecture, il est entouré de volumes de codes législatifs, il prend des notes et fait semblant de ne pas la remarquer.
Il ne lève pas les yeux de son travail.


HARVEY
Miss Walls, vous fréquentez assez l'établissement pour savoir à quel point on s'y ennuie.

DANNIE
Je vois que vous y avez remédié.

HARVEY
Je reconnais que j'y trouve un certain plaisir exotique. Je reste cependant très dubitatif quant aux avantages que vous allez en retirer.

Dannie fronce les sourcils.

DANNIE
Comment ça ?

Harvey pose son crayon et regarde pensivement le plafond.
A mesure qu'il parle il se lève, s'approche de la vitre, se fait de plus en plus menaçant.


HARVEY
Après cette affaire, vous m'en apporterez une autre, et une autre, jusqu'à ce qu'un gardien oublie un soir de ramener un crayon dont je me servirais le lendemain pour lui ouvrir la gorge et m'enfuir.
Et supposons qu'on me capture à nouveau, nous recommencerons notre manège et je finirai par vous tuer également... par pure lassitude.

Dannie est restée assise, elle est contrariée.

DANNIE
Et qu'allez-vous faire pour empêcher ça, Mr Dent ?

Harvey s'excite de plus en plus, il a les deux mains posées sur la vitre.
Dannie reste imperturbable au début mais elle commence par cacher un de ses pieds sous sa jupe, puis son visage se crispe.


HARVEY
Miss Walls je crois que vous ne saisissez pas bien à qui vous avez affaire ici. Je ne suis pas l'un de vos délinquants à qui vous conseillez d'être poli et bien coiffé devant le juge.
Je sens très bien votre peur, derrière votre tête d’efficacité bureaucratique vous savez comment ?
Entre vos cuisses, c'est une sueur que vous ne pouvez pas empêcher de couler, qui suinte, qui embaume jusqu'à moi. La peur des proies.
Vous avez cette mince plaque de verre pour vous protéger mais vous savez qu'elle ne me retiendra pas longtemps.
Vous savez que ce sourire n'est qu'une illusion, et que chaque fois que vous venez j'imagine... J'imagine comment j'éplucherai votre peau, où je jetterai votre cadavre et dans quelle position.
Je choisirai une belle lumière, ce sera un clair-obscur, le blanc de vos os, le rouge de votre sang... Oui, je le vois très bien !
Et la sagesse ancestrale des herbivores, entre vos cuisses, coule, et coule, et coule, et coule....

Dannie se lève brusquement et s'enfuit.
Harvey éclate de rire.


Chez elle Dannie dans sa cuisine, coudes sur la table, visage dans ses mains.
Elle pleure.
Mains croisées devant sa bouche, elle fixe l'horloge murale qui indique trois heures du matin.


Retour à la prison. Harvey est assis, un dossier sur les genoux.
Dannie s'assoit à sa place, elle a retrouvé son visage impassible.
Ils se regardent en silence. Dannie soutient ce regard sans sourciller.


HARVEY
Votre dossier est prêt. Une plaidoirie de génie.

DANNIE
Mr Dent, j'ai longuement repensé à notre dernière conversation... vous avez parfaitement raison bien sûr.
J'ai peur, je ne l'ai jamais renié en moi. La différence c'est sans doute que je n'en tiens pas compte. Vous pouvez la renifler comme ça vous chante, elle n'affectera jamais ni ma résolution ni mes actes.
Quand au reste, vous avez aussi raison. Le juge Barnston est un imbécile de croire qu'on éveillera jamais en vous une étincelle de compassion ou de devoir civique. C'est foutu pour vous de ce côté-là.

Harvey la regarde avec mépris, il a gagné.

DANNIE
Et je sais que vous vous échapperez. Tant qu'on ne se décidera pas à vous abattre d'une manière ou d'une autre, vous recommencerez à tuer au hasard de votre insanité. Cela aussi c'est la vérité.

Dannie et Harvey se lèvent.
Harvey la regarde avec triomphe, il sourit.
Il glisse le dossier par la fente qui sert au passage du plateau-repas.
Dannie s'en saisit.
Le dossier dans la main, Dannie le regarde avec un léger mépris.


DANNIE
J'attend pour jeudi prochain votre dossier pour la défense.

Harvey est pris de court et la dévisage avec étonnement.

HARVEY
Hein...quoi ?

Dannie range le dossier dans sa sacoche.

DANNIE
Je me suis arrangée avec le juge et les deux parties adverses. Ils sont d'accord pour jouer à ce petit jeu.
Dorénavant je veux toujours avoir les deux dossiers en main. Deux brillantes argumentations, l'une pour l'accusation, l'autre pour la défense.
J'en choisirai une au hasard.
Elle sera présentée à la partie concernée comme pièce à utiliser anonymement. L'autre sera détruite. Le procès se jouera à huis-clos.
Ni vous, ni moi ne saurons jamais laquelle a été choisie, laquelle sera introduite dans le procès, laquelle l'aura fait penché d'un côté ou de l'autre de la balance.

Harvey a les deux mains appuyées sur la vitre, tête baissée. Comme vaincu.
Harvey s'est rassis tête toujours baissée.


DANNIE
Si cet arrangement vous convient, je vous présenterais votre nouveau cas la semaine prochaine.

Dannie s'en va. La tête toujours penchée, on aperçoit qu'Harvey sourit largement.

Chez Dannie, dans sa cuisine, les deux dossiers identiques sont sur la table de la cuisine.
Dannie les observe. Elle prend une pièce de monnaie et la jette dans les airs.
Dernière image : la pièce en l'air.


FIN
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Re: Harvey Dent et le Silence des agneaux: avis sur un scénario

Messagede Vincho » 24/05/2014 00:14

Je ne suis pas un expert du comics Batman mais j'ai parfois été surpris du côté extrémiste/sadique de Dent, on imagine parfois les mots qu'ils prononcent dans la bouche du Joker.
En dehors de cette remarque de profane j'ai trouvé ça super agréable à lire, assez fluide et bien construit: la chute est bien amenée. Pour moi c'est du beau boulot.
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Re: Harvey Dent et le Silence des agneaux: avis sur un scénario

Messagede marno felipa » 24/05/2014 15:56

Merci beaucoup pour le retour Vincho!

Je pense que le sadisme de Dent, dans cette histoire en tout cas, est exacerbé par la neutralité de Dannie. Il en fait "un peu trop", sans vraiment de subtilité, pour provoquer une réaction. Le Joker aurait sans doute été plus séducteur au début avant de frapper là où ça fait mal. Il me semblait aussi que Dent était moins manipulateur, plus direct, que le Joker. (mais je n'ai pas lu les comics donc il existe peut-être des versions ou effectivement ils se confondent!)

Après, il reste un personnage très instable, enfermé, violent et cette violence, dans sa situation, ne peut s'exprimer qu'en paroles.
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