Oui c'est sympa et surprenant..
Le premier tome est très accrocheur mais rapide à lire. Le second on s'y perd un peu plus avec les flashbacks et nouveaux éléments mis en place et le troisième..... Feu d'artifice final !!! Dans tous les sens du terme !
Voici la critique (fort décousue) que j'avais écrit à l'époque sur l'excellent site
http://www.bdtheque.com :
"On va de surprise en surprise avec les éditions Ankama qui non seulement nous dégottent de jolis talents bien de chez nous pour leur label 619 mais également quelques figures de proues de la scène indépendante comme Blue Estate de Viktor Kalvachev mais également cet OVNI tout droit sorti de l'imagination débridée de son auteur Dan Hipp.
Gyakushu ! (Vengeance !) ne donne pourtant pas très envie a priori. J'avoue que les pages représentées ici même me donnent plutôt envie de fuir la lecture avec ce style rétro à la Tezuka ainsi que le dessin très (trop ?) épuré.
L'histoire de vengeance à la Kill Bill ou Lady Snowblood dans un monde mi heroic fantasy mi Spawn/Darkman n'a en soi rien de fichtrement original.
Les références de duel à la Sergio Leone sont également légion ainsi l'identité du voleur, principal protagoniste, est soigneusement éludée de la même façon que l'homme sans nom incarné par Clint Eastwood dans la trilogie du dollar.
Ce voleur, sorte de Robin des Bois un rien désinvolte, brave les autorités par jeu afin de dérober moult trésors.
Souhaitant élever son fils à l'abri avec sa compagne dans une contrée lointaine, il va être retrouvé par un sinistre Empereur et laissé pour mort après le massacre de sa propre famille.
Ressuscité sous la forme d'une créature recouverte de bandelettes, il est grand temps de régler les comptes à ses agresseurs 15 ans plus tard dans un pays dévasté par la tyrannie de son principal ennemi....
Avec un tel pitch il y a plusieurs façons d'opérer... Soit on s'y prend très au sérieux sous peine de se vautrer dans le ridicule des plus convenus soit on profite de la minceur du scénario et de sa banalité pour en faire un gros délire propre aux expériences graphiques et narratives des plus variées....
Et Dan Hipp a heureusement choisi la deuxième option en multipliant cadrages nerveux et un usage du noir et blanc à la Scott Pilgrim pour alterner scènes de flashbacks et charcutages bien en règle.
L'utilisation d'un mystérieux narrateur rythmant le récit à sa guise en nous envoyant dans le passé ou le présent du Voleur est plutôt ingénieuse car on évite la linéarité d'un récit convenu tout en ayant droit à quelques pincées d'humour plus que bienvenues.
Il n'a rien de révolutionnaire dans tout cela et les presque 200 pages du premier tome s'avalent trop rapidement mais lire un truc aussi nerveux et divertissant sans grande réflexion a quelque chose de réjouissant que j’appellerai comme de la satisfaction
Seul hic : le cliffhanger final du 1er tome soulève quelques questions en suspens et me rend impatient de lire les mésaventures de ce Voleur charcuteur mais comme le dit si bien le narrateur de cette histoire : Tout va mal finir !
D'ailleurs le 2ème volume éclate davantage l'ordre narratif en virevoltant dans le présent et le passé sans que l'on soit pour autant perdu grâce à l'aide du narrateur.
Une fois de plus, pas de quartier avec trois frères psychopathes complètement allumés du cigare et un commanditaire masqué qui semble bien connaître notre héros...
Quelques amputations plus tard et des révélations qui relancent la mécanique et notre intérêt un rien perturbé par ce mélange pop et indépendant et on arrive déjà à la fin de ce chapitre avec pas mal de réponses mais avec de nouvelles questions en suspens.
Et bien tant mieux pour une fois et pour notre plus grand plaisir !
D’ailleurs le 3ème et dernier tome offre son lot de surprises et résolve toutes les intrigues en cours.
D’ailleurs la lecture seule du dernier acte justifie l’intérêt de toute la série au complet. Grosso modo, ça charcle toujours autant mais avec un soupçon imaginé de tension et d’émotion.
Dan Hipp manipule parfaitement la narration et en joue diaboliquement avec le lecteur pour offrir une digne fin à la hauteur d’une grande saga.
Utilisant les mécanismes d’une narration éclatée et de révélations redonnant une toute autre lecture à Gyakushu, une fois la dernière page tournée le cruel sentiment de relire la totalité des quelques 600 pages se fait cruellement ressentir.
Si l’histoire n’a en soi rien d’original, c’est la recette utilisée avec cette patte graphique simpliste mais non pas simplifiée qui donne toute sa saveur à cet incroyable melting pot d’influences.
D’un intérêt initial plus qu’incertain, Gyakushu entraine et captive jusqu'à rendre le récit haletant jusqu'à la dernière case.
Les personnages ont beau être peu développés, on comprend leurs motivations et ambitions en quelques cases.
Du coup l’ensemble est plus que hautement recommandable et Dan Hipp offre un lot de passages épiques voire bouleversants sans abandonner aucun de ses protagonistes.
C’est bien la caractéristique des grandes œuvres cultes, celles qui n’auront jamais un impact commercial monstrueux mais qui auront touché ou diverti les quelques bonnes âmes courageuses pour les découvrir.
À noter un travail d’édition remarquable de la part d’Ankama. Belle découverte pour ma part"
Je suis vraiment supris qu'on n'en parle pas plus que cela !