Pour moi, c'est une madeleine qui restera associée à trois noms, à la base : Gotlib et Alexis, puis Franquin, venu rejoindre le staff après quelques numéros, quand le Trombone illustré (supplément agrafé au journal Spirou) a plié bagages.
Je serais enclin à ajouter à ces trois auteurs qui pour moi furent les piliers (mais les autres n'étaient pas des incapables), un autre talent hors normes : Goossens. Je devrais y adjoindre également Jean Solé, autre transfuge de Pilote (comme Gotlib et Alexis) qui reprendra graphiquement avec brio le personnage de Superdupont (scénarios Lob et Gotlib).
Fluide, je l'ai découvert avec ravissement à l'adolescence, à peu près en même temps que Métal Hurlant. Moebius, encore un ancien de Pilote et de l'Echo, par solidarité, était d'ailleurs présent dans le numéro 2, si je ne m'abuse, et je garde précieusement les premiers numéros et tous ceux avec des couvertures de Gotlib.
Je l'ai acheté régulièrement tant que Franquin y publiait ses
Idées Noires puis après son décès, j'ai acheté le mensuel en fonction du sommaire après m'être assuré préalablement du contenu (selon les auteurs présents). Mon personnage favori était Pervers Pépère.
Puis, j'y ai abonné le fiston quand il avait treize ou quatorze ans (au début des années 2000) et que la revue était encore sous l'influence de Marcel Gotlib.
Aujourd'hui, ce n'est plus que très occasionnellement que j'achète la revue. Il faut dire que le décès de Gotlib a pesé dans mon intérêt moindre pour la revue. Mais je dois convenir que je trouve cependant, malgré tous les changements successifs, le magazine assez fidèle à sa ligne des débuts. Fluide a su renouveler les talents et jouer avec le départ d'auteurs. Ceux qui ont pris la relève ont eu du courage et n'ont pas démérité.
Avant de prendre le train ou un avion, il m'est souvent arrivé de rafler deux ou trois revues dans un kiosque, parmi lesquelles FG. Mais ça m'arrive de plus en plus rarement, ayant moins d'occasions de me déplacer.
Et une autre des raisons principales pour lesquelles j'ai acheté de moins en moins souvent cette revue (et tout autre magazine, en général), c'est le manque de place. Une fois que j'ai acheté une revue, j'ai beaucoup de mal à m'en séparer. En matière de BD, je conserve et stocke tout, au grand dam et désespoir de Madame.
Au début, Hugot me faisait souvent rire mais je trouvais son dessin assez laid. J'y étais habitué parce qu'il publiait régulièrement dans les magazines des Editions du Square (la bande autour de Choron et Cavanna), que ce soit
Hara Kiri mensuel,
Charlie Hebdo,
BD l'hebdo de la BD. Et un beau jour, je me suis mis à apprécier davantage la loufoquerie et le trait (finalement efficace) de cet auteur qui n'a jamais suivi aucune mode et qui est tout sauf un auteur bobo. Une petite distinction à Angoulême ne serait pas un luxe pour ce vieux routier de la BD humoristique.
Je suis d'accord avec toi pour dire que Riad Sattouf fut une des nombreuses révélations de Fluide. Tout comme le furent Goossens, Blutch, Gimenez (déjà connu mais dont le meilleur nous fut révélé par ses publications dans Fluide), Larcenet, Binet, Tronchet, et Edika.
Fluide, ce sont des bons souvenirs.
Mais c'est également pour moi, les disparitions successives d'Alexis (en 1977, décès qui aura tant affecté Gotlib), de Jacques Lob (1990), de Franquin (1997), de Charb (2015) puis de Gotlib (2016). Et d'autres, qui furent plus occasionnels mais que je ne cite pas parce que je réponds à chaud.
Il a fallu se prendre ça dans la gueule et à chaque fois faire son deuil. C'est lourd et pas facile, surtout pour les auteurs restants.
Le décès de Gotlib est en plus survenu dans une période d'accablement général, après les attentats de Charlie, décimant plusieurs auteurs qui avaient eux-mêmes travaillé pour Fluide ou côtoyé ses auteurs (Cabu, Charb, etc...).
Je possède toute la collection de Métal Hurlant (1975-1987) et, d'une certaine manière, au cours de son existence, ce mensuel n'a jamais connu pareille hécatombe (même si à Métal, on n'est pas resté insensible aux décès d'Alexis...). Si Chaland (1990) ou Forest (1998), Moebius (2012) étaient décédés alors que Métal paraissait, ça aurait changé les choses et peut-être sonné prématurément le glas de cette revue.
Oui, Fluide, ça en évoque des choses, mine de rien.
Et j'espère que la revue continuera d'apporter le sourire aux lecteurs qui ont pris la relève.