de Bolt » 18/04/2023 22:20
Stella aime Marco, se plie en 4 pour lui, prend un boulot supplémentaire, lui paie ses heures de permis... Et affichent ensemble des sourires de façade auprès de leurs ami.e.s et familles. Mais rien ne va quand elle et lui se retrouvent au lit, Marco n'y arrive pas, ce qui met la patience de Stella à rude épreuve. C'est la rencontre avec Ludovica, pour qui Stella fait du babysitting, qui va réveiller des fantasmes insoupçonnés chez Marco. L'histoire est déjà écrite, on ne peut qu'assister à la descente en flammes du couple, qui était de toute façon promis à rester dysfonctionnelle.
Après son intéressant Padovaland, Miguel Vila (30 ans cette année) frappe fort avec son nouveau bouquin et ne fait pas dans la dentelle pour rentrer dans l'intimité de ses personnages, en particulier Marco qui est le noeud de l'histoire. Fleur de lait est un peu une extension de Padovaland, on retrouve cette même province italienne, morne, artificielle, sans avenir. Vila pousse plus loin la représentation des jeunes qui n'ont que des centres commerciaux et parcs pour tuer le temps, et la représentation des physiques imparfaits, loin des publicités dont les jeunes sont abreuvés.
Sa science du cadrage, et surtout des petites vignettes, de leur positionnement, du vide tout autour, etc... donne des compositions de page très chouettes et singulières. Les vignettes sont tour à tour contextuelles (très ware-ien), voyeuristes, ou dans le flow d'une conversation, et donnent parfaitement le rythme de la page. Je suis très fan de tout ça.
Une des forces de Fleur de lait est qu'il est très explicite dans son analyse, mais je crains que ça soit à double tranchant dans son appréciation, et que d'autres lecteur.ice.s trouvent que Vila en fait trop. A voir avec le temps, mais possible que je le remette sur la table au moment des bilans.