Après cette belle chronique coup de cœur, je peux y aller d'un retour avec bémol (j'avais hésité jusqu'ici)...
Hélas ce qui pour moi a jeté un froid dès le départ c’est la médiocrité enfin à mes yeux de lecteur lambda, pas de ès spécialiste , de la poésie de miss Emma. Pari très risqué que de dévoiler dès le départ sa poésie, parce que si tu n’adhères pas à celle-ci ben tu restes sur le côté, et t’en as un peu rien à foutre d’Emma, en matière de poésie il n’y a pas de faux-semblants, je n’en lis qu’un peu de poésie, je ne suis pas connaisseur, j’apprécie juste la poésie surréaliste, et bien sur les auteurs français de la charnière XIXième XXième, mais ça me suffit pour sentir qu’on est pas à cette hauteur...
Est-ce qu’il n’aurait pas mieux valu ne rien dévoiler du tout ? Laisser planer un mystère complet ? Comment ressentir son spleen quand t’es pas embarqué par ses écrits ?
Et puis Zidrou a eu la main un peu lourde pour son quatuor de premiers rôles :
Le mari de sa sœur a fait une tentative de viol sur Emma dont son mari entretenait une liaison avec sa sœur, c’est pas un peu trop ?
…Heureusement qu’ils sont pas plus nombreux dans la famille !
Par ailleurs, j’ai un peu de mal à l’étayer, mais j’ai eu un sentiment de récit peu fluide, on passe d’un univers a un autre sans transitions, n’aurait il pas mieux valu chapitrer le bouquin ?
En gros, je crois que Zidrou est un auteur sympa, un bon artisan avec des scénars agréables mais avec souvent un côté construit, et qui a du mal à s’affranchir totalement des recettes, alors qu’Edith est une autrice originale et sensible, dont l’univers est en étrange résonance avec l’époque victorienne. Je crois que j’ai franchement préféré son bouquin précédent Le Jardin de Minuit, où elle était seule à la manœuvre.
Je suis totalement fan du travail d’Edith, trait apparemment simple, mais en fait d’une belle épure et d’une grande justesse, couleurs chiadées avec beaucoup d’ocre, avec quelques vignettes picturales proches de la démarche impressionniste parfois, univers fin XIXème, tout ce que j’ai lu d’elle j’adore. Et en prime quelle belle femme.
Après oui, éditorialement c’est juste magnifique, le bouquin est un superbe objet, avec ses pages de garde désuètes, sa dorure, sa maquette, sa fermeture aimantée, ses vrais faux fac-similés…