Olaf Le Bou a écrit:Suite et fin de l'anthologie Frontline combat, avec ce volume 2 qui reprend les numéros 9 à 15 de la série :
encore du lourd, avec du Davies, du Severin, du Toth, du Wally Wood.... et Kurtzman au scénar sur une bonne partie des récits...
Ah, j'ai commandé le premier tome, il est arrivé quand je finissais de lire le premier recueil des
Two-Fisted Tales, donc tout s'enchaîne à merveille.
Donc, c'est le règne de Kurtzman, qui traite de différents conflits (les deux guerres mondiales, la guerre de Corée qui arrive dans l'actualité…), soutenu par des dessinateurs de premier ordre (je ne me lasse pas de Jack Davis, pour ma part…). Il livre en général des récits sans concession, avec des personnages accrochés à leurs illusions mais broyées par la machine infernale. Kurtzman dans sa mise en scène confronte le soldat américain au soldat ennemi : c'est moins franc que dans
Two-Fisted Tales, où il ose carrément mettre l'ennemi, civil ou militaire, au centre de la scène, mais c'est déjà une rupture avec des habitudes de l'époque. Ici, l'histoire la plus forte que j'ai lu pour l'instant, c'est "
l'Heure h", qui rappellera un moment fort de
La Canonnière du Yang-Tse. En revanche, Kurtzman n'est pas exempt de fautes de goût. Le récit "
Contact", qu'il dessine lui-même, arbore un ton assez patriotique et chauvin, qui tranche nettement avec le reste du sommaire, et qui affiche une vision assez bas du front de la puissance de feu américaine. L'ironie, s'il y en a une, ne transparaît aucunement. Est-ce la faute de la traduction ? Il faudrait que j'aille vérifier.
À propos de traduction, je trouve le boulot correct, mais sans plus. La version française colle bien trop à la version d'origine, presque mot à mot, occasionnant des lourdeurs, des répétitions, des anglicismes et des impropriétés. Traduire "
canopy" par "
canopée" et non "
verrière" voire "
cockpit" (relevé dans
Two-Fisted Tales), ou "
he wants very badly" par "
il veut de très mauvaise manière" au lieu de "
il insiste lourdement" (relevé ici) relève de la faute de débutant.
Je n'insisterai pas sur le lettrage, propre et net, mais un peu au minimum syndical (ce qui est dommage : les EC Comics avaient un lettrage raide, mais avec une forte personnalité, qui ne transparaît ici aucunement).
Ces deux petits détails (qui, hélas, pour la BD franco-belge, ne sont que ça, des détails : l'édition BD dans notre pays semble volontairement méconnaître l'importance du lettrage) gâchent un peu une édition raisonnée qui a pourtant pour elle toutes les qualités : excellente reliure, très belle couverture, papier agréable, présentation chronologique et intégrale. C'est d'ailleurs la grande force de cette édition, remettre dans le contexte une œuvre qui bénéficie d'une aura exceptionnelle en France, et que l'on peut redécouvrir aujourd'hui avec ses qualités évidentes et ses quelques défauts. De quoi regarder avec un œil neuf une idole, à défaut de la descendre de son piédestal.
Bon, je retourne lire la suite, parce que, malgré les petites pétouilles, je ne m'en lasse pas.
Jim