Désindustrialisation et post-industriel en BD

[Hector Spirou]

Bonjour,

dans le cadre d'une commande pour une revue anglaise, je recherche des références autour de la désindustrialisation et de l'image post-industrielle en bandes dessinées franco-belges
Parmi mes premières sélections:
- Larcenet, Le combat ordinaire
- Carle et Lopez, Sortie d'usine
- Loo Hui Phang et Philippe Dupuy, L’art du chevalement¸2013
- Jack Domon et Gilles Zampano, Les gueules noires, 2021
- Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer, Sortir de terre « à 198 kilomètres de la pyramide… , 2019
- Daenincks D. et Mako (2003), Le train des oubliés,

les références sur un monde post-apocalyptique pourraient être sympa si la dimension fin de l'industrie est bien présente.

Je vous remercie chaleureusement toute aide et suggestion,

Hector

[nexus4]

Bienvenue,

Je pense à Un Printemps à Tchenrnobyl de Lepage, post-industriel de facto, et la recolonisation de la région par la nature (j'allais dire du site, mais c'est un peu trop optimiste). Et les habitants des environs qui refusent de partir etc.

[Sysy77]

Baru est l'auteur de la désindustrialisation dans l'est (sidérurgie, mines), avec ses oeuvres comme Les années Spoutnik, Quéquette blues, le début de L'autoroute du soleil ou La piscine de Micheville.
Son propos est très social et souligne les relations fortes d'amour/haine entre les industries, leurs contraintes, leur pouvoir et leur argent, et les hommes qu'elles employaient, durs, fiers, attachés à l'outil de travail malgré la pénibilité et soudés par leurs valeurs et les corps sociaux puissants de l'époque (écoles, église, syndicats...), avant le déclassement...
En plus, son style de dessin très particulier se prête bien à ton sujet : rigoureux et précis dans les dessins de décors, relaché et grotesque pour les personnages.






Remarque : je mets les liens vers les intégrales, mais tu peux aller voir les pages extraites des tomes qui les composent pour plus de visuels.

[nexus4]

Sur la partie industrielle et les monstres de métal (donc avant la désindustrialisation) on peut évoquer Moloch.
Je me cite, ca évitera le biais des souvenirs douteux.

Il existe un fameux documentaire N&B des années 60, « MEAT », qui explore sans fard les circuits et les détours d’un abattoir aux états unis. Sans aucun commentaire, sans aucune concession on voit la vie au quotidiens de ces dépeceurs, de l’abattage des bêtes aux luttes syndicales.

Moloch est dans la même veine. Travaillé à partir de photo prisent par l’auteur dans une usine métallurgique, ce livre presque angoissant relate le parcours d’une journée de l’auteur en repérage pour son livre. L’usine nous est présentée comme une monstre d’acier à la vie propre dont les dédalles sont autant de tentacules, des recoins sombres où sont tapies des serviteurs métalliques aux formes et aux fonctions étranges accompagnés de quelques humains dont on ne sait qui est le maître ou l’esclave. Tous accomplissent leur besognes et tendent vers un destin qui semble au delà de la compréhension humaine.
Moloch est un dieu cruel, qui exige des sacrifices.

Un livre aussi saisissant et moins moralisateur que « les mauvaises gens ».

[Jey]

Dans cette série, la fin de l'industrie n'est pas le thème mais c'est du post-apoca et le monde actuel écroulé est bien présent :

[nexus4]

Coté Post-apo et industrie, cet épisode de Jeremiah qui part avec un groupe faire de la récup dans une ancienne raffinerie.

[Sysy77]

Génial le Jérémiah !
Mon préféré...

[Dunyre]

Dans Mermaid Project de Leo, il y a également une belle analyse d’un monde post-industriel où seules subsistent quelques industries de pointe, nouvelles technologies notamment. Sans compter la quasi-absence de pétrole et de gaz…

Un sujet intéressant, je travaille d’ailleurs sur cette BD avec mes élèves de Première donc je pense qu’il y a de la matière pour un article.

[Sysy77]

Une BD au propos politique, qui se complait dans la violence revancharde contre les patrons (décrite par une chronique BDGest) :


Edit : en version rigolote, tu peux jeter un oeil sur les premiers tomes de Les vieux Fourneaux, avec les évolutions différentes d'anciens ouvriers syndiqués.

[nexus4]

Je vois dans les albums "A lire aussi" des "Années Spoutnik" :



Je ne l'ai pas lu mais le pitch semble dans le thème

En janvier 2003, l’usine Metaleurop SA est mise en liquidation judiciaire. 830 employés, après des années de conditions de travail terribles, sont licenciés. On découvre que des centaines d’enfants sont empoisonnés au plomb… Loyer et Bétaucourt, journaliste, ont interrogé les ouvriers afin de faire la lumière sur ce scandale sanitaire et social pour lequel nul n’a été inquiété.

[L'Ombre Jaune]

Les trois premiers épisodes concoctés par Enki Bilal nous enfoncent sans cesse d'avantage dans l'effondrement de l'industrie numérique, mettant à mal par ce "Bug" nos dépendances insoupçonnées aux données informatiques . Un futur post-apocalyptique aussi donc, avec de nouvelles manières individuelles et collectives d'y survivre.

[jdo]

[stoney]

[nexus4]

@L'ombre jaune et @Stoney : heureusement que vous n'avez pas cité Ric Hochet, il y avait 78 tomes à mettre.
Sans rire, mettre tous les tomes d'une série n'a pas beaucoup d'intérêt. Surtout quand seule l'intégrale est disponible. Autant mettre uniquement celle-ci.

[bone]

pour le coté humain, je mettrai Davodeau





Et Bablet (post industriel)

[Hector Spirou]

Bonjour,

Je tiens à tous et toutes vous remercier chaleureusement, les communautés de bédéphiles sont incroyablement généreuses.
Les liens avec le monde de la recherche s'intensifient et c'est un véritable plaisir de faire dialoguer le 9ème art l'univers de la recherche tout en laissant des ouvertures importantes sur les différentes façon de parler de la bande dessinée.



Hector Spirou

[Sysy77]

Ravi de pouvoir t'aider, Hector Spirou.

Si on sort du domaine de la fiction et de l'autobio, les BD dites de reportage ou "du réel" se multiplient, en lien avec l'actualité ou l'évolution de la société, plus ou moins orientées selon le parti pris des auteurs, et dont les qualités (du dessin notamment) sont plus subjectives.
Plutôt qu'écrire un essai ou un article, les auteurs traitent leurs sujets par la combinaison images + textes, mais le procédé a aussi ses limites (quel est l'intéret de multiplier les cases montrant juste des personnes qui parlent dans des bulles à rallonge ?).

Exemples :

Chroniquée :


Et aussi, sur des thèmes connexes...
Du chômage :

De la mondialisation (chroniquée) :

[Jey]

Pour élargir dans le même esprit que Sysy77, j'ai bien aimé :

et

[Keorl]

Peut-être ça ?

[Olaf Le Bou]

plus un roman photo qu'une véritable BD, mais en plein dans le sujet et très bien fait :