DimVanJack a écrit:
J'aime bien ce genre de récit. Ici, ça me parle directement, les Portugais ont immigré massivement en France durant les années 70, le gouvernement local, celui de Salazar, étant une dictature sanguinaire ayant foutu le bordel dans le quotidien de gens simples ne demandant rien avec les foutus guerres dans les anciennes colonies. Le récit se focalise sur un duo de personnages et je dois dire que je suis touché par leur périple. Une partie de ma famille a immigré à cause des guerres (Russie et Algérie) et mon père par exemple fut ouvrier avec tout ce que cela peut induire malheureusement pour la santé. Le récit est poignant et je dois dire que c'est à la fois, beau et triste de voir de tels récits. L'histoire est simple, mais bien écrite et on sent que l'auteur y a mis son coeur, certes c'est romancé j'en conviens, mais quand on sait que ça parle en partie de l'histoire de sa famille, on comprend mieux. Ce n'est pas un récit aux multiples péripéties, mais c'est un portrait un de gens simples et dont le quotidien parle à tous et toutes. C'est plaisant et captivant. Les dessins, sont comme pour d'autres BDs du genre, simple, mais réaliste et avec un ton et des couleurs sobres. Bref, c'est beau, passionnant et on a envie d'en savoir plus sur cette migration massive et l'histoire de ceux qui la composaient.
Excuse-moi, je te reprends un peu. Les Portugais ont immigré massivement à partir des années 50 avant que le phénomène ne décroisse après les choc pétrolier et la Révolution des Œillets (qui laisse le pays dans une instabilité politique très forte durant trois ans). Plutôt que "sanguinaire" (et dieu sait qu'il y a eu un paquet d'enlèvements et de cadavres abandonnés dans les coins de rue), O Estado Novo était une dictature "froide" et oppressante, fermée sur elle-même jusqu'à grosso modo le milieu des années 60, avec un leader qui s'effaçait derrière son système, et qui s'est bâti sur une police civile omniprésente sur tout le territoire (la PIDE) et des éléments culturels supposément rassembleurs (bon, c'est une des conditions sine qua non d'une dictature, ici les "3F"), quitte à en effacer certains autres (la région de l'Alentejo, plutôt orienté communiste, en était la principale victime). Sans prêter allégeance à un des deux blocs de la Guerre Froide de peur de perdre sa souveraineté, O Estado Novo était viscéralement anti-communiste et collaborait de facto avec les Etats-Unis. Sinon, il s'est accroché jusqu'au bout à ses colonies, avant que les officiers ne s'organisent pour renverser le gouvernement avec la Révolution des Œillets.