* * * Ciné-Club 115 : Les Climats (Bilge Ceylan 06) * * *

[sergent latrique]

Message précédent :
'tain, je vais me retrouver tout seul ....

[lobo]

Triste. Jolan ne comprend pas que le ton qu'on emploie sur un forum est capital. Il parle toujours de démocratie pour dire j'ai le droit d'avoir les goûts que j'ai. Mais ce n'est pas du tout de démocratie qu'il s'agit. Il s'agit de civilité, d'urbanité. Chacun peut évidemment penser ce qu'il veut de quoi que ce soit. Mais si on veut inviter à un débat et entretenir une relation durable entre participants (c'est bien ce dont il s'agit sur ce topic) il ne faut pas exprimer son avis d'une façon qui soit blessante pour celles et ceux qui sont d'avis contraire. Notamment comme ici en matière de goûts artistiques. Et encore une fois, il ne s'agit pas de changer grand chose, ne pas transiger sur son opinion mais employer un ton bienveillant qui invite au débat.
Ben, sergent que vas-tu faire ?

[sergent latrique]

Je continue de regarder des films mais je n'aurai certes pas le bénéfice de la variété des goûts de chacun. C'est ce qui est intéressant ici car j'ai pu découvrir des films vers lesquels mes envies ne m'auraient pas porté.
Je regarde le Ray néanmoins et je poste des avis dans les divers sujets ciné à l'occasion

[jolan]

La Complainte du Sentier - Satyajit Ray - 1955
...
6/6

[jolan]

Bon, je vous ai laissés tranquille pendant bien trois semaines, vous avez pu débattre tout votre saoul (c'était passionnant d'ailleurs)

On peut reprendre le Ciné-Club et regarder des films maintenant ?

On se fait une séance spéciale Palme d'Or à Cannes ?

[Le Rescator]

Je suis parti de la liste des lauréats https://fr.wikipedia.org/wiki/Palme_d%27or en remontant le temps depuis 2022 :

- Il faut remonter à 1994 pour découvrir une Palme d'Or que j'ai vue en salle :

1 ) Pulp Fiction (1994) - Chaque scène est culte

- Ensuite, parmi ceux plus anciens que j'ai vus au moins une fois :

2 ) Mission (1986) - La musique d'Ennio Morricone
3 ) Apocalypse Now (1979) - La musique de Richard Wagner
4 ) Le Guépard (1963) - La scène finale
5 ) Le Salaire de la Peur (1953) - La tension permanente

[jolan]

Pour débattre des films récompensés à Cannes, il y avait cela :

https://www.bdgest.com/forum/post3994873.html#p3994873

[jolan]

Bon, par contre une spéciale Palme d'Or c'est sympa que si on la fait pendant le festival

Donc ok, j'ai compris, pas de spéciale Palme d'Or.

Alors que celui qui veut proposer une liste pour la nouvelle séance le fasse

[jolan]

Tiens, puisqu'il est question ces derniers temps de "débat" (même si c'est uniquement pour me reprocher de l'empêcher, ce qui est idiot, il suffit de vérifier dans ce topic, où je dois être celui qui débat le plus de tout et de rien, mais passons)

Il me semble que le plus intéressant pour débattre en matière de cinéma serait plutôt de comparer deux films, plutôt que de comparer et discuter de nos goûts respectifs.

Et en la matière, il n'y a sans doute rien de tel que de visionner un film et son remake.

Et comme personne ne semble vouloir proposer de liste, je propose de partir sur une séance consacrée à "A l'ouest, rien de nouveau" (dont nous avions parlé sur un autre topic il y a quelques semaines), avec la version de Lewis Milestone en 1930 et la récente, de Edward Berger en 2022.

C'est en tout cas la séance que je vais bientôt faire.

S'il reste encore quelques cinéphiles sur ce forum, n'hésitez pas à vous faire connaître

(Je précise, puisque ça ne semble pas évident, et ce sera la dernière fois que je ferai allusion à ces idioties qui pourrissent le topic depuis des lustres mais qui ont tendance à revenir à chaque printemps : je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, à dire que mes goûts seraient meilleurs que ceux des autres, ou que j'ai raison, ou quoi que ce soit du genre. Je suis stupide, mais pas à ce point. J'ai juste créé ce topic pour discuter de cinéma entre passionnés. C'est même la raison pour laquelle j'essaie de faire revivre ce topic dont personne ne veut une dernière fois... Mais je n'y peux pas grand chose si mon ton passionné en heurte certains. Il ne s'agit que d'avis sur des films. Que ceux qui ne supportent ni la contradiction ni les avis tranchés passent leur chemin)

[Aleksi]

Désolé, depuis fin mars/avril, je suis sous l'eau et je n'ai même pas eu le temps de faire la séance sur laquelle je m'étais lancé (c'était pas une grande perte pour Barbarella dont j'ai vu tout de même la moitié... mais sur mon temps perso, j'ai même pas le temps de regarder d'autres trucs, à part aujourd'hui où j'ai pu mater... 30 min de Star Wars )
Je veux bien continuer même si je n'avais souvent pas grand chose à dire de mon côté, n'étant pas un grand orateur (même avec un clavier), le plaisir étant (quand le film me plait) dans le visionnage

[jolan]

Koule.

J'enverrai le premier film (le Milestone) ce week-end à tous les participants qui se seront manifestés.

[jolan]

Bon, il semblerait que le Sergent ait déserté à son tour... lui qui (comme moi) n'avait manqué aucune séance depuis le début.

Je t'ai envoyé le lien vers le premier film

Et si tu le veux bien, nous noterons désormais sur 20, la notation sur 6 ne m'ayant jamais plu.

[jolan]

Séances qu'on n'a pas faites

Séance Satyajit Ray
Séance spéciale Palme d'Or
Séance comparative "A l'ouest, rien de nouveau"
Séance hommage à Jacques Rozier

[jolan]

Séance 103

La Complainte du Sentier – Satyajit RAY – 1954

Un beau film. C'est l'une des belles vertus du cinéma que de nous proposer ce genre de découverte, et j'ai donc passé un très beau moment devant cet objet cinématographique. Un voyage dans un autre univers, dans un autre temps. Un film très réaliste, et en même temps réalisé d'une très belle manière, très poétique, à la japonaise je trouve. Un très beau travail de cadrage, de lumière, de photographie en N&B, de beaux mouvements de caméra. Pour un premier film, tourné avec une équipe réduite d'amateurs, sans moyens, ce film est une réelle réussite, bien plus intéressante que les tonnes de films ineptes déversées depuis à grands renforts de dollars et d'effets spéciaux. On a là du vrai cinéma artisanal.
L'histoire en elle-même est assez sommaire, guère passionnante, mais touchante. Nous suivons le destin d'une petite famille désœuvrée pendant quelques années, je dirais environ une année, après le prologue. Le couple, les deux enfants, la « tata », et la vie avec quelques villageois. Nous sommes au plus près de la nature, des animaux, de la vie paysanne. Une vie ancestrale, pleine de croyances, de traditions, de mœurs inamovibles, comme gravés dans le passé. Nous assistons à quelques petites péripéties, mais c'est surtout la chronique de l'enfance à travers les yeux du petit Apu, qui découvre la vie aux côté de sa grande sœur Durga, débordante de vie et de ruse, de joie et de curiosité.
Je comprends maintenant pourquoi les trois films forment la « trilogie Apu », parce que pour moi, dès la première scène, c'était plutôt le « monde de Durga ». Son rôle est très beau, et la jeune comédienne est épatante. Mais la fin de ce film (adapté d'une oeuvre autobiographique) met malheureusement un frein à ce petit monde fragile. Une fin très triste, à un film qui, comme souvent, en racontant peu de choses, raconte beaucoup de choses. Les petites choses qui font la vie. Et qui font que ce film a des accents de vérité et de beaux moments de grâce qui resteront.

13/20

[jolan]

Bon, apparemment pas besoin de t'envoyer le deuxième film.

* * *

Je mate le deuxième Satyajit Ray cette nuit.

J'enchainerai ensuite avec la séance spéciale Cannes.
D'ailleurs, après une quatrième session basée sur les Palme d'Or, je pense consacrer une future séance aux Prix du Jury.

[Aleksi]

Vu A l'ouest rien de nouveau par Milestone.
Oscar du meilleur film et meilleur réalisateur en 1930.
Et pour un film de cette époque, c'est vrai qu'il y a quelques séquences bien réussies et des images marquantes.
Je ne me rappelle plus le livre en détails (lu il y a bien 20 ans), mais il me semble assez proche, du moins dans la vision pacifiste de son auteur.
Le début montre l'entrée en guerre, et l'exhortation d'un professeur envers ses élèves à aller s'engager pour partir au front, un début enthousiaste, plein d'espoir, candide même puis leur formation avant d'aller au front este dans cet esprit bon enfant. Cela dure une 20aine de minutes avant l'arrivée sur le terrain. Ces 20 minutes sont sympathiques mais pas dingues en terme de cinéma pur, l'arrivée de la gare pose déjà une autre ambiance et ambition pour le film avec ce cadrage à travers la verrière, qui découpe le cadre et en plusieurs tableaux/croix, bref là il se passe quelque chose, et d'ailleurs juste après les premiers bombardements arrivent et mettent les jeunes dans le bain avec le premier mort de cette bande d'amis.
S'ensuit la rencontre avec le vieux Kat, et les premières scènes sur le front (avant cela une longue séquence dans un abri de tranchée où l'on ressent bien les tirs des obus français avec poussière et plafond qui tremblent et premiers signes de SSPT pour plusieurs jeunes soldats), la scène sur le front est quand même réussie (malgré un recyclage de plans et les moyens de l'époque, en ayant vu Babylon il n'y a pas si longtemps, je me demande combien il y a pu y avoir de blessés/tués sur le tournage !) avec une image marquante de bras arrachés accrochés aux barbelés.
Après cette offensive, c'est le repos pour ceux qui sont encore là, et des discussions sur la guerre (qui a commencé... et démontre l'absurdité de la situation), aller voir le camarade blessé, le sentiment d'être vivant du héros, la rencontre avec les filles, la permission du héros qui se voit complétement déconnecté du reste de la population et son retour au front désabusé pour retrouver ses derniers camarades.
J'ai bien aimé l'ensemble certaines séquences sont vraiment bien fichues et belles, ça reste par contre assez plat en termes d'émotions pures, du moins, c'est plus l'histoire que la réalisation/mise en scène et acteurs qui m'a procuré quelques émotions

[Révéler] Spoiler:

notamment la mort de chaque ami proche et surtout celle de Kat qui sont ratées dans la mort en elle-même et surtout le contrepoint, sur le ressenti du héros souvent éclipsé par un méchant fondu au noir

J'ai toujours du mal à noter, surtout des vieux films, mais je dirais 13 ou 14/20

[jolan]

Cool.
Je t'envoie le deuxième film alors (on zappe la version téléfilm avec Borgnine)

Et je revois le Milestone au plus vite (pour en débattre si besoin)

[Aleksi]

Il est sur Netflix non? Je devrais pouvoir le voir (reste à trouver le créneau !)

[jolan]

Ca je l'ignore.

Mais si tu as besoin, tu me dis

Pour le créneau, ça me laisse le temps de mater les deux films de cette séance, le deuxième Satyajit Ray, une Palme d'or et un Jacques Rozier. Je me sentirai un peu seul sur les trois derniers, mais puisque c'est ainsi...

Et tu pourras proposer la liste de la séance 105 si tu veux

[jolan]

All Quiet on the Western Front – Lewis MILESTONE - 1930

Comme dans « Le Pont » auquel le film fait souvent penser, nous suivons un groupe de jeunes lycéens qui s'enrôlent en souriant pour aller faire la guerre, comme s'ils partaient pour une colonie de vacances. On croise alors le facteur Himmestoss, qui se retrouve gradé et en profite pour se venger de sa condition première en menant les classes et en humiliant tous les jeunes du village (« oubliez ce que vous étiez, je ferai de vous des soldats, ou je vous tuerai »).
Puis c'est l'arrivée sur le front, avec la découverte des soldats plus âgés et expérimentés (avec en particulier le gentil et bourru Katczinsky (« ces jeunes se font tuer trop vite », « s'il te casse un bras tu pourras rentrer au pays, c'est mieux qu'une balle dans le ventre », « c'est un cadavre, ami ou pas »), des tranchées, des combats, de la mort. Le premier mort ne donne pas lieu à une scène à la hauteur, comme s'ils étaient déjà résignés et habitués à ce qu'ils vont vivre, c'est une fin de scène totalement ratée. Lors du premier assaut, de jolis plans : un joli petit travelling avant sur les soldats en position, une mitraillette qui tue en contre-champ panoramique, et enfin la tranchée en travelling arrière.
Nous avons alors une scène que j'aime beaucoup, où ils discutent et s'interrogent sur les raisons et les causes de la guerre, lors d'une pause digestive. Pourquoi fait-on la guerre, qui a commencé, ils devraient se battre entre eux nus dans un champ et le meilleur gagne.
Ensuite la mort de certains jeunes, la destinée de la paire de botte qui rendait tellement fier le jeune Franz au moment de partir, et qui passe ensuite d'un soldat à un autre. Puis l'évocation d'un verger de cerisiers blancs en fleur, qui me rappelle la scène dans « 1917 » (ce doit être un clin d'oeil). Ensuite la scène avec le soldat français dans le trou d'obus, qui manque un peu de force. Puis la jolie scène dans le miroir devant l'affiche qui représente une jeune femme. Puis la nuit chez les françaises de l'autre côté de la rivière (un peu bizarre l'intérieur de la maison de Suzanne, on se croirait plus au Mexique qu'en France)
Quelques séquences enfin dans un hôpital, avec un plan sur la fenêtre qui passe de la nuit au jour (je me demande si ce n'en est pas la première occurrence ?), de la blessure à la guérison. Paul part alors quelques jours en permission dans son village, mais il est vite lassé par l'hypocrisie des anciens, qui jouent à la guerre sur une carte, qui la voient comme une simple partie d'échecs, une stratégie de positions. Sa visite à son ancien prof « on vous a cru, mais c'est sale et douloureux de mourir pour son pays » finit de le convaincre qu'il ne peut plus vivre parmi les civils qui ignorent tout de la réalité de la guerre. Il décide de retourner sur le front, où il retrouve sa compagnie décimée, jusqu'au bon vieux Kat, qui meurt dans ses bras alors qu'il le croyait sauvé. Puis Paul meurt à son tour en sortant de la tranchée pour approcher un papillon.

J'en avais un lointain souvenir de film un peu plus dramatique encore, plus fort en tension et en noirceur, et lors de cette deuxième vision j'ai surtout été marqué par le côté un peu trop édulcoré des faits relatés (et par les quelques passages plus légers et humoristiques avec Tjaden, le vieux soldat idiot au grand nez) Mais c'est très bien ainsi, ça équilibre. Et encore davantage par la qualité de la réalisation et du fait que ce film a très peu subi les ravages du temps. Il y a en effet une belle panoplie de plans et mouvements de caméra ambitieux, de jolis cadrages, une très belle image, une belle lumière (de beaux effets de pluie en arrière-plan), ce qui donne au final un très bel objet cinématographique.
Il y a aussi quelques longueurs, quelques petits défauts inhérents aux films de cette époque, mais nous avons là un film réussi, au message humaniste qui apparemment n'est pas compréhensible par tous un siècle plus tard. Quelques millions de morts en plus dans un siècle n'y changeront probablement rien non plus.

12/20

[jolan]

J'ai lu ton commentaire, et il me semble qu'on a vu le même film.
Même si moi, du fait du manque de scènes plus fortes, j'ai plus fait attention à la réalisation qu'aux émotions (que je n'ai jamais vraiment ressenties, on est tellement habitués à la violence désormais)
Et pareil, je me demandais s'il n'y avait pas eu de blessés ou de morts sur le tournage, mais bon, les explosifs de scènes de batailles doivent être moins dévastatrices que de vraies bombes, et si la chorégraphie est bien travaillée, ça devrait passer. On ne tourne pas un film - avec une préparation minutieuse de chaque plan - pour tuer des figurants !