L'avventura - Antonioni - 1960Impressions générales. Je n'avais pas une envie folle de voir ce film, car c'était une première et je gardais d'Antonioni des souvenirs plutôt mitigé de réalisation longue et souvent ennuyeuse. Force est de constater que l'avventura m'a séduit par son côté brut, nature sauvage et presque photo reportage qui suit un rythme irrégulier avec des ruptures et donne ce côté très réaliste, très proche de la vie en somme.
Les images ensuite, Antonioni et l'art du cadrage et des gros plans, avec cette esthétique qui donne des espaces fermés/ouverts, des portes et des fenêtres souvent dans le champ. L'histoire, s'il faut en parler n'est pas primordiale, ce qui me fait dire que l'on est plus dans le style contemplatif et introspectif et pas dans le récit pur ou l'action. Sandro (Gabriele Ferzetti, mâle à souhait mais peut-être moins subtil qu'un Ugo Tognazzi que j'aurai bien vu dans ce rôle) , emmène son amie Anna (la délicieuse, sensuelle mais ombrageuse Léa Massari) avec une camarade Claudia (Monica Vitti) avec quelques autres en croisière dans les iles éoliennes. Vacances dans ce petit monde aisé, on est loin de la classe ouvrière du néo-réalisme, du début des années 60 après la reconstruction de l'Italie.
Les images sur les îles sont très fortes et je n'ai qu'un regret et je sais que ça va faire hurler les puristes du N&B, celui que ce film ne soit pas en couleur, ce qui aurait donné encore plus de vie à la pellicule.
Bref, disparition d'Anna, recherches vaines et une quête qui se disperse alors que se cristallise le sentiment entre Claudia et Sandro qui tout en recherchant son Anna, poursuit et jouit de nouvelle conquête, sans scrupules, contrairement à Claudia.
Tout cela ressemble à un jeu de dupe car si Claudia semble bien éprise, Sandro lui est dans sa quête de plaisir. J'avoue que la seconde partie du film me parait un tantinet longue. En résumé, je retiens de superbes images, des visages et des paysages tourmentés, une Léa Massari dont on ne peut tomber que sous le charme et beaucoup de seconds rôles bien travaillés qui donnent une profondeur à ce film. Et ces derniers plans sur le parking entres ruines d'un monde passé, la main tendue de Claudia qui hésite encore et cet espace partagé en deux entre la mer et le volcan et le mur. Magistral.
Bravo pour ce choix, je pense regarder ou revoir d'autres films d'Antonioni comme le cri ou blow-up.
Ma note 7/10.
J'ai lu que le film avait été hué en projection au festival de Cannes en 60 (mais prix spécial au film alors que la Palme d'or est La Dolce vita, quelle année!)
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