Chroniques Amérindiennes - G. Schimpp / Q. Alcatena -iLatina

[Bolt]

C'est tout frais, c'est la nouvelle sortie patrimoniale de iLatina. Accessoirement, c'est aussi le retour en librairies francophones du talentueux Quique Alcatena après le tout récent Barlovento.

Chroniques amérindiennes nous plonge dans les mythes et légendes des peuples autochtones des Grands Lacs : Hurons, Ottawas, Iroquois, etc. De la plume de Gustavo Schimpp surgissent des histoires qui rappellent la finesse du récit du grand romancier canadien Joseph Boyden Dans le grand cercle du monde. Tout au long des dix histoires qui constituent ce recueil, nous découvrons un monde au réalisme magique subtil. Des sociétés rituelles où le courage et la lâcheté ne s'opposent pas forcément ; où la cruauté et la violence font partie de la vie quotidienne, et où la relation avec la nature dépasse notre entendement.

Plus d'infos et un extrait chez l'éditeur.

[Solomon]

J’espère qu’un éditeur français publiera un jour Travesia por el laberinto, le chef-d’œuvre de Mazzittelli et Alcatena.

[Olaf Le Bou]

Drapeau, wishlist, et toutes ces sortes de choses

[superboy]

Je l'ai feuilleté en librairie et c'est vraiment très beau, le genre de dessin que j'adore, N&B avec une multitude de traits. Ce qui m'a retenu de le prendre, en dehors du fait que je suis reparti avec une dizaine de nouveautés dans la musette cette semaine, c'est l'aspect anthologie du bouquin qui est composé d'historiettes de dix pages ou moins, j'ai l'impression. Trop court à mon goût, comme Evaristo avant ça, j'apprécierais des avis à ce sujet afin de me lancer ou pas.

Quoi qu'il en soit, ce nouvel éditeur me plaît déjà.

[Bolt]

l'aspect anthologie du bouquin qui est composé d'historiettes de dix pages ou moins

Cet aspect a été évoqué sur le topic de Barlovento. Pour rappel, les publications de BD en Argentine étaient quasi-exclusivement dans les revues et magazines (Fierro, Skorpio, El Péndulo, SuperHum®, Puertitas et j'en passe...) quand les auteurs ne publiaient pas directement en Italie ou dans une moindre mesure en Espagne. Le découpage en une dizaine de pages ou les histoires courtes y étaient (et le sont encore) monnaie courante.

[superboy]

Merci Bolt d'éclairer ma lanterne. A propos d'Evaristo, je m'étais déjà posé la question. Avec celui-là, la prépu me semblait de plus en plus évidente. Tu as l'air de sous-entendre que ce genre de récits courts est la norme. Y a-t-il aussi de la place pour des histoires à suivre à la mode de chez nous, sans césures distinctes entre les épisodes, dans ces magazines ?

[Olaf Le Bou]

Oui, l'éternaute en est un bon exemple.

[Bolt]

Voilà, sachant que la version dessinée par Francisco Solano López est une des premières dans le genre "série continue" en Argentine. Récemment réédité par iLatina, il y a La Grande Arnaque de Carlos Trillo et Domingo Mandrafina. Je pense également à Perramus de Juan Sasturain et Alberto Breccia.

Je tiens à souligner qu'il faut distinguer celles produites pour les revues argentines et celles faites à destination du marché européen (concomitant à l'émergence de la junta), avec une idée du découpage qui pouvait différer.

[superboy]

Décidément, la collecte d'infos, je préfère quand les autres la font pour moi. Merci à tous les deux. En plus, vous me servez ma bonne résolution de 2020 sur un plateau. Je vais donc m'atteler cette année à découvrir l'Eternaute qui est sur mon radar depuis longtemps sans avoir jamais été une priorité et Perramus que je ne connaissais que de nom. Je vois que ce dernier est introuvable en neuf. Des bruits de couloirs à propos d'une rééditions, à tout hasard ? Sinon, je peux le trouver en bibli de toute façon. La Grande Arnaque, après vérification, je l'avais lu il y a longtemps, à l'époque où j'empruntais tout et n'importe quoi sur la seule foi de la couverture. Je n'aurais pas su retrouver le titre tout seul, pour être franc.

[Olaf Le Bou]

Décidément, la collecte d'infos, je préfère quand les autres la font pour moi. Merci à tous les deux. En plus, vous me servez ma bonne résolution de 2020 sur un plateau. Je vais donc m'atteler cette année à découvrir l'Eternaute qui est sur mon radar depuis longtemps sans avoir jamais été une priorité et Perramus que je ne connaissais que de nom. Je vois que ce dernier est introuvable en neuf. Des bruits de couloirs à propos d'une rééditions, à tout hasard ?

Perramus, non seulement c'est introuvable en neuf mais c'est difficilement trouvable en occase également.

Mais pour ce qui est d'une réédition, elle arrive d'ici peu aux US chez Fantagraphics, sous forme d'une intégrale, mais en format réduit par rapport aux Glénat d'antan. Je crois qu'une édition italienne est également dans les tuyaux.

Bref, soit tu prends le risque d'attendre une éventuelle rééd française de qualité, soit tu chopes une version étrangère.

[superboy]

OK, je pense que se sera la bibli dans un premier temps.

[Bolt]

Alors concernant Perramus, je viens de vérifier:
- édition FR de Glénat (1991) => 24 x 32 cm
- 1ère réédition IT chez 001 Edizioni (2016) => 21,7 x 30,5 cm
- 2ème réédition IT chez 001 Edizioni (2018) en paperback => 16,5 x 24 cm
- édition US de Fantagraphics (2020) => 21 x 27,3 cm approx.

Ensuite, à propos de l'Eternaute, les deux versions sont à mon sens essentielles dans l'histoire de la BD argentine, voire mondiale. La deuxième version dessinée par Breccia a été escamotée par l'éditeur de l'époque (ironie du sort, c'était publiée dans une revue plutôt orientée droite) et se termine brutalement.
Il existe une suite à la première version, inédite en français, demandée en 1976 par un éditeur à Héctor Oesterheld. Francisco Solano López n'était pas très chaud pour reprendre la suite mais s'est quand même mis au boulot. Il finissait même par recevoir le script de main en main car Oesterheld était passé dans la clandestinité. Ce dernier a fini par être enlevé, torturé et disparaître sous la dictature militaire. Solano López a quand même reçu la fin du script mais a mis en doute qu'elle était de la main d'Oesterheld.

Enfin pour revenir au sujet, Alcatena fait maintenant partie des artistes vénérés en Argentine. Sa carrière a eu plusieurs virages, il a pigé pour un éditeur anglais en parallèle à ses travaux locaux, puis a travaillé pour Marvel et DC dans les années 80-90 avant de rencontrer Eduardo Mazzitelli et de former un des grands duos de la BD argentine de ces 20 dernières années.

[Solomon]

Il y a beaucoup de suites de El Eternauta.

El Eternauta (Oesterheld-López)
El Eternauta (Oesterheld-Breccia sr.), remake du premier.
El Eternauta II (Oesterheld-López), suite du premier. Ensuite renié par López, qui n’appréciait pas le message politique de l’ouvrage pro-Montoneros.
El Eternauta III (Ongaro-Osval-Morhain-Meglia), suite du deuxième, préparé pour promouvoir la revue italienne L'Eternauta. Jamais approuvé par López.
El Eternauta: El mundo arrepentido (López-Pol). Suite du premier.
El Eternauta: El odio cosmico (Barreiro-P. Muñoz-Taborda-Rearte). Suite du premier. Jamais approuvé par López.
El Eternauta: El regreso (López-Pol). Suite de El mundo arrepentido, en 5 parties.

Presque tous sont illisibles (sauf, bien sûr, les deux premiers).
El Eternauta II est lui aussi laid et peu inspiré, mais je recommande de le lire au moins une fois. Il est émouvant de savoir qu’Oesterheld l’a écrit dans la clandestinité.

D’autres histoires longues sud-américaines sont, par exemple, le chef-d’œuvre de Trillo et Mandrafina Peter Kampf lo sabía, le deuxième épisode de Mort Cinder (Los ojos de plomo), Chances et Immaginaria de Altuna.

[Bolt]

Et encore il y a les multiples suites d'El regreso dans les années 2000, les projets avortés...

Sinon, je doute fortement que celle écrite Ongaro dans les années 80 reste dans le canonique.

[superboy]

Merci de toutes ces précisions. Je sens qu'il va falloir que je prenne le temps de démêler ce sac de nœud avant de me lancer.

[j0lindien]

Salut

Achat de la journée avec le dernier Joe Sacco (Payer la terre) ! Je sens que je vais me régaler ces jours ci ...

Au passage j'ai lu que Perramus était difficilement trouvable en occase, et forcément j'avais dans l'idée de bientôt le chercher ... mais j'ai vu il y a quelques jours chez un de mes dealer le tome 4 donc je vais me dépêcher d'y retourner ...

Ciao

[Torelli]

Lu et en plus d'être une bd magnifique du au trait de Alcatena qui rend des planches pleines de détails et à chaque pages tournées je me disait wahou !! C'est aussi superbement écrit.
En plus même si ce sont à chaque fois des histoires courtes. Il y en a dix en tout. Elles sont toutes réussies et parle de magie, de mélancolie, de vengeance et de pleins d'autres choses. Il y a un côté assez poétique également qui sied bien à l'univers indien. Bref une très belle surprise.

[Bolt]

Assez d'accord, Alcatena fait très bien le boulot (quoique j'ai ressenti son trait essoufflé sur la fin) et les scénarios de Schimpp sont très bien troussés, ils tombent juste et on sent un gros travail de recherche sur les différentes cultures et croyances amérindiennes.
Enfin petit avertissement pour le lecteur qui veut s'y approcher, les Chroniques Amérindiennes évoluent dans un background fantastique.

[Torelli]

Gros background fantastique d'ailleurs. On est loin des Pionniers du nouveaux monde par exemple pour comparer avec une période historique un peu similaire.