de herve26 » 17/09/2012 20:48
Avouons-le tout de suite, je ne connais pas l’histoire de la Patagonie, l’auteur, Jorge Gonzales est un parfait inconnu pour moi, et enfin, le style proche de Blutch ou encore de De Crécy n’est pas celui que je préfère. Et pourtant ! J’ai lu ce récit d’une traite, sans faire de pause, tournant les pages avec impatience.
L’impatience n’est pourtant pas le fort de ce pavé de plus de 300 pages où il faut deviner les personnages, savourer les paysages déserts et suivre sur plus d’un siècle l’histoire de ces colons ou de ces Yamanas ou Onas, premiers habitants de cette terre aride. Car le style de Jorge Gonzales est particulier. Mélangeant la mise en page dite du « gaufrier » avec des pleines pages d’une beauté à couper le souffle, son style éclate dans le dernier chapitre qui retrace l’histoire de ce livre : croquis, crayonnés, pleines pages en couleurs, du texte à foison, bref un véritable feu d’artifice qui vient clore cette saga presque familiale.
Un véritable Ovni que cette bande dessinée qui revisite sans concession l’histoire de l’Argentine (on y croise le génocide des « indigènes », le mouvement anarchiste ou encore le régime dictatorial des années 70) à travers la destinées de deux familles , l’une venant d’Allemagne, l’autre étant le fruit d’un métissage.
Jorge Gonzales retrace avec immense talent l’histoire d’un peuple, l’histoire d’un pays mais surtout l’histoire méconnue de la Patagonie. On y sent la solitude des habitants, le vent, la pluie, et surtout le poids du silence, bref une atmosphère particulière, celle que veut vivre l’énigmatique Roth, une atmosphère pesante, étouffante, mais aussi où la liberté souffle sur cette terre, cette liberté que vient retrouver l’un des personnages principaux de cette histoire, après moult aventures, Julian Blumer.
Comme un lointain écho au superbe « Portugal », publié chez le même éditeur l’an passé, je ne peux que vous recommander la lecture de, ce qui reste pour moi, la découverte de cette rentrée 2012 .
"Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux" Chateaubriand