T1 le 30/09/2016
T2 le 24/02
Le pitch :
L'organisation des Nations Unies rassemble plusieurs métahumains en une organisation ultra-secrète aux missions confidentielles : Checkmate ! À sa tête, la redoutable Amanda Waller mène d'une main de fer ses agents, qu'ils soient humains ou surhumains, au risque de les voir se rebeller contre son autorité.
Quelques retours :
Oncle Hermes a écrit:"Si vous ne trouvez pas la politique divertissante, c'est que vous ne la suivez pas." Amanda Waller.
Voilà une série dont, je l'avoue, je n'avais tout simplement JAMAIS entendu parler. Pas un mot. Et alors que je viens d'achever ma lecture du 1er des 2 tomes Urban, je me demande bien comment c'est possible. Mais l'essentiel n'est pas là.
Je dois avouer pour commencer que je déteste assez profondément Infinite Crisis et pourtant, avant d'avoir lu Checkmate, j'aurais pu vous dire que deux de mes séries de comics préférées des années 2000 en dérivent directement : 52 et Secret Six. Je me vois aujourd'hui contraint de porter ce chiffre à trois. Mais là où les deux autres s'inscrivent largement en faux, en réaction, à cet event -- 52 en réhabilitant, outre le Multivers, le fun, le sense of wonder et les personnages secondaires de la maison (Booster Gold plus grand héros des 52 Terres !), Secret Six en inversant le principe des super-héros tentés de franchir la "ligne" de démarcation avec le comportement des villains et en nous montrant un groupe de ces derniers finalement très humains et parfois même héroïques --, Checkmate, en revanche, s'inscrit beaucoup plus directement dans la continuité d'Infinite Crisis et y empreinte assez massivement pour son intrigue (même si cela reste lisible pour quelqu'un ayant "sauté" cette lecture).
Mais Checkmate c'est surtout pour Greg Rucka (full disclosure : c'est à peu près sur son seul nom que j'ai acheté le volume, à la base) l'occasion de s'offrir un grand tour de toutes les agences de l'ombre de l'univers DC : celle, bien sûr, qui donne son titre à la série, mais aussi l'inévitable Force Spéciale X / Suicide Squad, le CBI, le DEUS et son Département des Affaires Métahumaines, les Outsiders, et j'en oublie sûrement, dans un grand jeu d'échecs (forcément...) dont la Reine Noire, centre de l'attention du lecteur, est un personnage féminin typique de la manière ruckeste, Sasha Bordeaux, qu'il avait créée six ans plus tôt comme un garde du corps pour Bruce Wayne et qui est entre-temps devenue une cyborg suite à une exposition au Projet OMAC.
Checkmate n'est pas sans -- fortement -- rappeler les Archives de la Suicide Squad période Ostrander (bien plus que les incarnations plus récentes de la même équipe...) dans sa présentation d'une agence où se mêlent (ici, statutairement à part égale dans la hiérarchie) super-humains et simples mortels, et dans sa volonté d'inscrire l'action de ladite agence dans un contexte de politique internationale "réaliste" (Checkmate étant censé être une agence des Nations Unies). Bien sûr ici les métahumains de tous bords se joignent à l'équation, mais ils ne représentent pas pour autant un enjeu fondamentalement plus important que les luttes de pouvoir entre pays ou entre services et autres barbouzeries. Cet aspect permet souvent à Rucka de jouer, pour ainsi dire, sur plusieurs niveaux d'efficacité d'une scène : ainsi l'action "premier degré" d'un assaut sur une cellule terroriste, par exemple, est-elle doublée par la tension générale qui naît des implications politiques de cette action : untel fait-il avancer la cause de son pays sous couvert de "bien commun" ou au contraire trahit-il les intérêts de sa nation d'origine avec des risques de répercutions, etc.
À l'aise comme un requin dans l'eau dans ce genre de jeux, Amanda Waller n'y occupe toutefois pas la position absolument dominante survendue par la 4e de couv' (dans une optique marketing évidente et relativement compréhensible , mais bon déjà cette fois on a évité le renommage de la série ). Compte tenu de son passé, elle n'est même pas censée s'approcher de la moindre opération... même s'il est évident qu'elle n'entend pas se laisser gêner par ce genre de "détail". C'est en cela que Checkmate diffère le plus de la Suicide Squad et aussi ce qui fait un autre de ses intérêts. Si la série s'écrit résolument en nuances de gris, le cynisme sans vergogne de Waller s'y voit contrebalancé par l'idéalisme d'un Alan Scott ou d'un Mr Terrific, tandis que Sasha Bordeaux -- au centre du récit comme dit plus haut -- se débat à la recherche d'un équilibre médian. Pragmatique, elle n'hésite guère devant le "sale boulot" (parfois très très très sale), mais conserve un certain nombre de valeurs et la volonté farouche de ne plus voir Checkmate être pervertie comme elle le fut par Maxwell Lord -- une corruption dont elle-même a payé le prix dans sa chair.
Seul gros bémol, le dernier arc présent dans ce tome, un crossover avec la série Outsiders de l'époque, ce qui nous vaut un scénario à quatre mains avec Judd Winick qui dérape totalement sous un soudain tombereau de dialogues d'une vulgarité crasse (sans parler d'une séquence de torture un peu trop longue et un peu gratuite).
Ce dernier point mis à part, c'est vraiment une très très bonne surprise que cette série qu'Urban met pour la première fois à la disposition du public français. Vivement la seconde moitié début 2017 !
jb18v a écrit:Je rejoins Oncle Hermes sur Checkmate, que j'ai aussi pris principalement à cause de Greg Rucka
Je n'ai pas fini la lecture (2/3 environ), mais jusque là c'est excellent. Un peu de mal au début à retenir qui est à quel poste dans la hiérarchie double (noir vs blanc) ou même quadruple (roi vs reine de chaque couleur), mais bon c'est rappelé régulièrement donc pas de souci.
Lecture reprise pour ma part (j'avais entamé le T.1 à sa sortie mais me suis laissé déborder )