Comme souvent, la nuit noire s'était enlisée plus que de raison dans l'univers végétal niché au coeur de la cité.
Sans doute aimait-elle s'étirer paresseusement dans ce havre de paix ?
Emma est seule dans ce grand appartement de Los Angeles...
La bouteille de scotch est vide, l'air saturé de fumée, la pluie acide fait son oeuvre au dehors, pourrissant un peu plus cette ville de merde
Elle n'a plus de clopes...
Son voisin est encore en train de tabasser sa femme, ses gosses hurlent...
Elle n'aurait pas du accepter ce job a LA comme garde du corps pour un mec qui ne s'etait pas avéré tres clair et qui pour une raison qui lui restait inconnue s'était retrouvé fauché du jour au lendemain et parvenait à peine à la payer à la fin du mois.
Malgré son aversion pour ce type, Emma avait trouvé ca touchant. Elle avait meme accepté un arrangement sur son salaire, ce mec etait dans la merde, c'était clair.
Mais elle ne se doutait pas que se soir la elle allait découvrir le sens du mot paranoia....
Emma sort de sa langueur, s'extirpe de son fauteuil et se dirige vers la chambre, se laissant effleurer au passage par les multiples plantes vivaces qu'elle entretient avec tant de soin.
Il doit rester à côté du lit défait un paquet de Craven A, dernier survivant déjà bien entamé de la cartouche achetée deux jours auparavant.
C'est âcre, la fumée lui brule les yeux, mais Dieu que c'est bon!
Elle inspire longuement la fumée et s'amuse un instant à faire des ronds. La ville dort, elle aime ces instants comme volés, où elle seule semble réveillée.
Il pleut, elle colle son front à la vitre, c'est froid.
Toutes ces sensations la sortent enfin de sa torpeur. Elle tend la main vers le téléphone, elle a envie de lui téléphoner, comme ça, au creux de la nuit.
Tiens?! 2 messages en absence qui lui ont sans doute été laissés par son "boss".
Etrange tout de même que le clignotement rouge de la diode lui ait échappé quand elle est rentrée dans l'appartement, d'habitude elle ne voit que ça tant le couloir sur lequel donne la porte d'entrée est sombre...
Elle appuie sur la touche "play" et le magnétophone crachouille (il faudrait vraiment qu'elle change la cassette, le son est presque inaudible) :
"Bonsoir ma chérie, c'est Maman... "
Mais Emma n'entend pas la suite du message. Elle vient de comprendre pourquoi elle n'a pas vu les diodes. A peine a-t'elle eu le temps de réaliser que la lumière du couloir était allumée quand elle a ouvert sa porte d'entrée que l'index d'une main gantée vient lentement appuyer sur le bouton stop de son répondeur. Emma ne saura pas ce soir ce que mummy voulait...
Elle ignore pourquoi, mais elle n'a pas peur alors que tout concorderait à lui faire penser le contraire. En fait elle attendait sa visite depuis le début, elle est presque sereine.
Elle le voit sourire dans la pénombre, il est diaboliquement beau, évidemment, comme si cela ne suffisait pas qu'il soit la pire des crapules!
Emma, d'un coup sec du menton, lui indique le fauteuil qui perd d'un coup 2 cm de hauteur lorsqu'il s'écrase de tout son poids dessus !
Il l'invite à s'asseoir sur ces genoux mais elle préfere rester debout pour mieux le détailler.
Six mois déjà qu'elle attend sa visite. Elle la redoutait mais en même temps l'espérait ardemment.
Se pourrait-il que, dans sa paranoïa, il soit le seul capable de lui apporter un début de solution ?
En tout cas, ça valait le coup de tenter l'expérience... Une expérience qu'elle n'est certanement pas prête d'oublier!
Au début cela se passait trés bien, ils avaient trouvé une certaine complicité ....
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