Au début d'un projet, il y a mille envies graphiques qui surgissent, on pense aux auteurs qui ont traité des univers voisins, et aux autres... On se dit : "ça serait super si je travaillais tout en partant des ombres, ou de la lumière... Je vais prendre une couleur comme base pour tout... Je vais retravailler l'hyper réalisme... etc...
Alors, ce que je fais, c'est laisser mon corps faire comme il veut, je dis :"OK ! on le fait comme ça !", je teste tout ce que mes "pulsions" graphiques me dictent. Mais la plupart du temps, le temps d'attraper une feuille ou d'allumer l'ordinateur, et l'envie s'est révélée vaine, absurde.
Ces envies, ce sont des manifestations de l'égo, il se manifeste par pulsions frénétiques et stupides. L'esbroufe est son territoire. C'est pour ça que les ados, qui subissent leur égo sans avoir encore le recul pour relativiser, sont plus enclins à céder aux charmes de l'esbroufe, de la forme et de la frime. J'ai été ado jusque très tard !
Je pars toujours du principe, donc, que je ne sais pas du tout à quoi va ressembler mon dessin pour le projet que j'attaque. Bien sur, j'ai des objectifs en terme de mise en scène et d'identité de la narration, mais il y a mille manières d'aborder une même sensation graphique. Le tout, c'est que la sensation initiale soit le plus intacte possible au final. On se rend compte que spontanément on attribue une sensation à la forme qui la véhicule. C'est une erreur.
Voici donc une démarche de simplification (attention les yeux,parce que montré comme ça, détaché du contexte, c'est très moche !).
La lumière :
Les ombres et la recherche d'une simplification du code graphique :
Et là je laisse tomber la lumière et les ombres, c'est décidément un territoire qui nous fait basculer dans une forme qui s'auto justifie... Alors que la forme doit servir le sens avant tout. Je garde donc mes velléités d'illustrateur pour le tatouage et les dédicaces !
Démarche de simplification de la ligne :
J'ai quand même envie de marquer des différences de teintes à l'intérieur même de la zone détourée. Ca permet d'amener de la nuance dans les informations de l'image... Il y a des choses qui méritent d'être identifiées sans pour autant être détourées. La difficulté c'est de faire ça en restant informatif, sans tomber dans la digression esthétique... Mais je n'en suis pas encore convaincu : Est-ce une coquetterie que je vais regretter une fois lancé, ou un outil plus performant pour raconter ? :
Je me rassure en me disant que Hergé l'a fait en son temps. Les cheveux de Tintin, et la barbe naissante d'Alcazar sont traités en couleur sans contours, ce sont des informations qui ne méritent pas d'être détourées :
Mais c'est prendre le risque de sortir du registre graphique. Il faut trouver un code strict et précis pour définir ce qui doit être dessiné, ce qui doit juste être distingué et ce qui reste du domaine de "l'entendu"... Mais surtout, c'est gain de confort narratif pour une perte colossale de puissance, c'est évident là (enfin je trouve) :
On verra.
Bon... Là on n'est pas loin du compte. Je ne peux pas aller plus loin sans mon story board, parce que le reste, c'est le découpage qui va me l'imposer.
A+
Loïc.