Cet irrespect des planches originales étaient partagé par des auteurs dont la dimension artistique était souvent niée par la société d'alors , et par eux-mêmes .
Morris expédiait des USA ses planches de Lucky Luke en les roulant , les timbrant et en écrivant l'adresse des éditions Dupuis directement sur le verso de la planche , transformée en colis !
Quant à François Craenhals , il m'a dit un jour qu'à une époque il se servait de ses planches comme emballage pour confectionner les paquets qu'il postait ...et il ne m'avait pas donné l'impression de blaguer.
Ces deux exemples extrèmes ne doivent pas faire oublier l'essentiel : on ne connaît pas à ce jour , avec précision , quel était le parcours classique des originaux que l'auteur remettait à l'éditeur .Ils aboutissait à l'imprimerie , mais après...les planches étaient-elles toujours restituées aux auteurs , ou gardées chez l'éditeur et son imprimeur , qui les stockaient pour de futures réutilisations ( toutes ces planches étant prépubliées , puis utilisées pour la confection des albums , ou des reprints dans d'autres publications).
A partir de quelle année la restitution systématique des originaux à leurs auteurs a t-elle été une réalité ?
Depuis la reconnaissance culturelle du genre , de lourds contentieux potentiels sont en jeu dans cette affaire , dont peu d'échos nous parviennent.