Et voilà, encore un excellent cru (et dans ce cas précis, une excellente surprise) dans les sorties 2020. Je trouve que c'est décidément une excellente année. J'ai sans doute mon poulain pour le BDGest'Art première oeuvre, car pour un coup d'essai, ça n'est pas loin du coup de maître.
Beaucoup apprécié
Après le monde donc. Le postulat de départ n'est pas spécialement original : y a plus personne, ou presque (on a déjà lu/vu ça). Et pourtant, l'histoire est très prenante et avec des vraies surprises. On retrouve pas mal d'atmosphères et décors un peu typiques de la SF post-apo (bien qu'
Après le monde n'en soit, d'ailleurs, peut-être pas vraiment), avec les rues désertes, la végétation qui reprend ses droits en ville, etc. La narration est très réussie. Tout s'enchaîne très bien, et j'ai eu le sentiment que mon rythme de lecture m'était un peu dicté par le rythme même de l'histoire.
La relation entre Héli et Selen est intéressante.
A la fois très immédiate, froide voire distante mais avec de la complicité, une forme de complémentarité surprenante aussi en même temps qu'une sorte de contradiction, ce qui pose pas mal de questions (cf. spoiler infra).
Beaucoup aimé les dessins également, bien sûr. Sans forcément chercher à en trouver les influences (qui doivent être nombreuses, et pas seulement FB), ça m'a fait penser à Munoz (mais c'est sans doute parce que j'en ai lu récemment). Très agréablement surpris par les animaux, nombreux, moi qui suis très fan de ça, j'ai été servi. Et la manière dont est manipulée la lumière ... wahou.
Pas mal de questions et peu de réponses sur le "pourquoi du comment", finalement.
Pour certaines, on a vraiment peu d'indices : d'où viennent ces plantes ? que font-elles là ? comment ça fonctionne le truc avec les personnes bloquées et les animaux qui pètent un câble ? A la limite on peut se dire que c'est juste un truc extra-terrestre, mais je m'interroge quand même.
Pour d'autres, j'ai eu des hypothèses multiples en lisant.
Assez rapidement j'ai pensé que Selen n'existait pas. J'étais gêné cependant par la scène d'ouverture.
J'ai ensuite pensé qu'elle existait et qu'Héli n'existait pas. En fait, dans les deux cas ça aurait eu du sens, en ce que l'autre incarne un peu ce qu'il manque au personnage pour progresser dans son aventure.
Après je me suis dit qu'au fond, on s'en fout peut-être de savoir qui des deux existe, mais qu'en tout cas ils ne sont qu'une seule et même personne, l'un et l'autre représentant alternativement la vraie nature du personnage et sa capacité à se dépasser. Mais je n'étais pas trop satisfait par cette hypothèse. Et il demeure trop de choses inexpliquées : pourquoi ils parviennent à débloquer des personnes, comment ça fonctionne, bref, toutes les questions au dessus.
Et puis arrive la fin. D'abord la première, où on passe clairement un cap dans les choses inexpliquées et inexpliquables, avec la fusion d'animaux etc. (avec dessin à couper le souffle, au passage). Et puis la deuxième fin. Alors, c'est bête mais la deuxième fin m'a fait avoir un réflexe presque "primaire" et simpliste : et si tout ça n'était qu'un rêve ? Y a pas mal de choses qui pourraient aller dans ce sens.
D'abord, la scène débute dans son lit, à son réveil.
Ensuite, on semble peu de temps après la fin n°1, en tout cas Héli n'a pas vieilli et porte les mêmes vêtements. Et pourtant, ce qui vient de se passer n'a pas l'air de préoccuper grand monde et il part à l'école un peu comme si de rien n'était.
Par ailleurs, vu la fin n° 1, on pourrait s'attendre à ce qu'il ait, sinon des blessures, a minima des égratignures. Il n'en n'est rien. La fin de la fin n° 1 pourrait même laisser penser que Selen et Héli y passent complètement dans la lutte.
Ensuite, Selen est absente de la fin n° 2, pourtant, la voir retrouver son père et sa soeur aurait eu du sens aussi en écho à la scène d'ouverture.
Enfin, et je me suis fait la réflexion dès cette scène et pas seulement à la fin, lorsque Selen "débloque" le fils du pêcheur, la scène m'a vraiment fait penser à un sujet qui intervient dans son rêve lucide.
Et de manière générale, il y a une forme d'onirisme très omniprésente pendant tout le récit.
Mais tout ça ne m'explique pas le truc dans la poche en toute fin ...
Voilà voilà pour mes réflexions un peu en vrac, c'est encore frais car je l'ai lu hier, avec un peu de temps les choses vont peut-être s'éclairer d'elles-mêmes.