J’ai profité d’un surplus d’argent et de davantage de temps pour lire en ce début d’été pour faire l’acquisition des 4 intégrales de Jojo et de celle de Mademoiselle Louise. Et je dois dire que j’ai passé une dizaine de jours à déguster ces récits, je ne regrette vraiment pas mon achat.
J’ai découvert Jojo quand j’étais enfant, à la fin des années 1990, avec le tome 4 (Le mystère Violaine). Ma mère ayant également bien aimé, nous avons continué à acheter les tomes pour la famille, les petits frères et sœurs appréciant aussi au fil du temps.
Mais c’est vrai qu’à l’adolescence je me suis mis à lire d’autres choses et j’ai délaissé Jojo. Sauf que ma mère a toujours continué les achats pour elle et les plus petits, et quand je retourne à la maison je tombe régulièrement sur un Jojo qui traîne en album unitaire.
Pourtant je n’avais jamais relu la série en entier. Alors je me suis dit qu’arrivé à 30 ans il était temps de redécouvrir cette saga, avec un écrin de qualité et davantage d’explications contextuels.
Et là… la claque. J’aimais bien Jojo en tant qu’enfant, j’ai adoré en tant qu’adulte. Il y a une vraie poésie dans les dessins comme dans les histoires, les récits sont doux-amers en offrant de vraies réflexions sur l’enfance, ses joies et ses peines.
Relire Jojo en tant qu’adulte modifie vraiment la perception de l’œuvre de Geerts. Moi qui pensais lire des histoires sympathiques de mon enfance, sans prétention, j’ai trouvé une vraie œuvre travaillée et intemporelle, un véritable classique de la BD franco-belge. Il y a un univers à part, hors du temps. Des décors dignes des années 1950 pour des récits finalement valables autant dans les années 1980-1990 qu’aujourd’hui.
En réalité c’est faussement désuet et de prime abord c’est un aspect qui pourrait en rebuter certains… mais ce serait une erreur, il faut continuer pour obtenir toutes les saveurs de Jojo !
Surtout, c’est l’une des rares récits où aucun tome n’est réellement faible ou peu inspiré. Il y a bien sûr des récits mieux que d’autres (encore que ce soit un choix personnel), mais ils ont tous quelque chose, une patte ou une touche « Geerts ». On rit, on s’émeut, on passe un moment de grâce et de détente.
Ainsi Un été du tonnerre est mon gros coup de cœur, une véritable ode aux vacances (tome 2 de l’intégrale).
Au final si j’avais plus ou moins perdu de vue Jojo pendant 20 ans, c’était finalement pour mieux le retrouver
Pour Mademoiselle Louise ce fut une découverte totale, je n’avais jamais entendu parler de cette série. C’est frais et très bien pensé sur le thème de l’argent qui ne fait pas le bonheur. Certaines histoires courtes sont meilleures que d’autres, c’est logique vu le format (uniquement des saynètes qui se succèdent durant 4 albums), mais les dessins sont toujours enchanteurs.
L’idée d’avoir une petite fille riche alors que Jojo était un jeune garçon de milieu populaire est une trouvaille remarquable.
Je conseille vraiment à tous les adultes ayant un peu de poésie au fond du cœur de (re)découvrir les œuvres de Geerts, il y a des pépites d’humanité incroyables.
Unique bémol sur les dossiers des intégrales Jojo : les albums et leur création ne sont pas au cœur des présentations (dommage) et il manque certaines sources ou références pour les documents parfois. Bon en revanche les extraits du calendrier des scouts de 1993 en pleine page sont juste incroyables, alors cela compense
"Mais la plus belle des victoires, mon fils, est de faire battre le coeur de ton peuple.
Je te confie cela, car lorsque ma vie s'achèvera,
Toi, tu seras roi. »
Terenas Menethill II