Petite info pour la forme :
La société de production ALM ICON est cloturée. Je rends les bureaux (je me garde une petite place pour bosser quand même. Flo va devoir se créer un nouvel identifiant s'il veut me faire de la pub ici
, il signera ses messages de son nom, comme ça on verra s'il pense ce qu'il dit (c'est facile d'avancer masqué), et laisser mes ordinateurs tranquilles, il travaillera chez lui. (Ça vaut pour tous les "Flo" et les autres
)
(... de toutes façons, entre nous, Flo de Icon, ça a été au moins 3 personnes différentes !! C'est un peu comme les profs de mon fils ou mes élèves, je les appelle tous "Michel(e)", c'est plus simple, c'est unisexe (au moins pour la prononciation), et facile à retenir. Mes amis s'appellent, comme mes assistants : "Flo" (idem simple et unisexe).
Maintenant chacun reprend son identité, je n'ai plus d'amis, plus d'assistants, mon fils est en vacances, et j'ai fini les cours à l'ESRA pour cette année. Bye bye Michel et Flo !
Et merci à ceux qui m'ont aidé et ont partagé cette aventure : Benoît, Damien, Clément, Olivier et ce cher Flo (ha ? il existe ou pas ?) (il ne le sait pas lui-même). Et ceux avec qui on a bossé (entre autres) : Valérie Mangin, Damien Marie, Corinne Bertrand, Hervé Richez et Olivier Sulpice... Ceux de la Pub, ils s'en foutent que je les cite ici.
J'ai eu des idées fulgurantes dans ma carrière, j'ai lancé avant tout le monde, avec Anne Ploy, une saga fleuve de 20 albums avec 4 dessinateurs sur les destins de personnages au fil du temps (la Transgénèse aux Humanos), j'ai fait (car c'était mon idée) cela avant Frank Giroud, et Philippe Bonifay (désolé les gars !), bon d'accord, on n'a pas connu le même succès que Frank... Mais ça, c'est pas ma faute !
Du coup on n'a sorti que 15 albums sur 20, et encore, j'ai sauté du bateau bien avant...
J'ai lancé le premier magazine de BD gratuit (avant ZOO et Bamboo mag) : Pastek, tiré 150 000 exemplaires et distribué sur le réseau bd spé (quelqu'un l'a vu ? non... Je me demande où sont passés les cartons, et pourquoi d'un coup, la profession nous a tourné le dos), avec Cromwell, Alfred, Antoine Perrot (MrHihihi) etc... Plein de beaux mecs comme ça !... Mon pote, qui a eu cette géniale idée, est mort, et le magazine avec lui (après 1 seul numéro "diffusé"). On n'a pas eu le temps de se mettre au point, de peaufiner le truc, et c'est bien dommage ! Belle expérience quand même.
ET puis avec mon studio ALM ICON, j'ai eu l'impression, une fois encore, d'être dans l'air du temps, avec un petit coup d'avance... Mais là, c'est moi qui ne tiens pas le coup, je n'y crois plus, je crois que je me suis trompé de voie depuis le début. J'ai un bon feeling pour sentir les tendances, mais c'est un instinct de survie plus qu'une vocation, depuis le début de ma carrière je nage pour ne pas couler, et comme je n'aime pas l'insécurité, j'essaie d'aller le plus vite possible, je bouffe à tous les râteliers, je veux être bon partout, glorieux et commercial à la fois...
J'ai couru après les éditeurs et le marché en voulant garder mon authenticité, mais c'était tronqué. J'avais besoin de la BD pour manger et nourrir ma famille, ce qui est totalement absurde (mais j'ai vécu 17 ans là dessus, et certaines années plutôt bien, merci !).
Ces derniers temps, j'ai réalisé que je n'aurais jamais fait tout ça si je n'avais pas eu peur de tout perdre. Je ne savais que dessiner et inventer des histoires, je n'étais bon qu'à ça. SI je perdais la BD, je perdais tout.
Tant mieux, j'ai pu aller jusqu'au bout de mes défis personnels, et je sors grandi de tout ça, mais je n'ai plus peur. J'ai gagné au loto !
(je plaisante)
La BD, c'est une recherche, une passion, un bonheur, et si c'est vécu dans la souffrance et la peur, c'est complètement contreproductif et ça ne mène à rien... Comme toute forme de création.
Aujourd'hui, je ne vois plus le salut dans la gloire, mais dans la sérénité. Il n'y a plus de dessinateurs qui m'épatent, qui me donnent envie de relever le gant, je vois surtout beaucoup de gesticulations (j'ai été un gesticulateur moi-même). Et puis, il y a longtemps que je ne lis plus de BD... Je ne bosse plus guère pour le cinéma et l'audio-visuel (j'ai refusé la dernière proposition de designer, sur un beau film fantastique, qui m'a été faite par un réalisateur que j'affectionne pourtant beaucoup), je n'y crois plus et je ne suis plus à vendre...
Je vais consacrer mon temps à moins courir et à trouver mon plaisir dans mes projets BD les plus personnels, le tatouage et la peinture,... dans tout ce qui me passe par la tête dans l'avenir. Le tatouage, c'est un dessin fait pour 1 personne qui vous le demande, 1 personne qui s'en remet à vous pour lui donner un échantillon de votre savoir faire pour la vie ; la BD c'est une création qui cherche à toucher des milliers de lecteurs qui n'ont rien demandé ! C'est autre chose, les deux se complètent.
Désolé pour cette tartine
Je fais mon boulot d'auteur, je m'exprime sur un forum où on ne m'a rien demandé !
A+
Loïc.