de bobbibo » 04/09/2008 10:28
Des tuyaux? Des idées. OK, voici...
(Note 1: je ne parlerai pas ici des mangas à la télé: c'est une culture différente)
(Note 2: … ni non plus du phénomène inverse, passage de la télé/cinéma à la BD, comme Disney par exemple)
(Note 3: … ni non plus du passage BD vers personnages réels - comme Spiderman, etc.)
Je pose tout d'abord que le passage à la télé est pratiquement identique au passage au cinéma, toutes proportions gardées. La télé joue sur des délais de réalisation très serrés, des rythmes infernaux et des coûts très compressés, mais le problème de base est le même: l'adaptation.
Une constatation: les résultats de l'adaptation sont en général décevants, voire déplorables (même si le public marche). La question est donc du pourquoi.
Un élément de réponse se trouve dans al nature même de la BD. Celle-ci a un aspect visuel important, qui n'est pas nécessairement aisément reconductible sur écran. Quelques points:
- La BD se cadre dans ce que Scott McCloud appelle le plan infini. Une case de BD est une vue-cadrage de lecteur/auteur sur quelque chose de plus vaste et que le lecteur perçoit inconsciemment. Cela est beaucoup moins pareil avec l'œil de la caméra, qui joue sur des plans beaucoup plus délimités.
- Toujours d'après McCloud et Eisner, un aspect essentiel de la BD est l'inter-vignette. Les vignettes sont en fait des arrêts sur image, et c'est le lecteur supplée la jonction temporelle et spatiale entre les vignettes. Cela a l'air banal, mais c'est essentiel, cela constitue (affirment-ils) l'attrait majeur de al BD. Or au ciné, la continuité est le paradigme! Donc, cet aspect disparaît entièrement! Cela semblerait être insatisfaisant!
- La BD utilise elle-même beaucoup de syntaxe cinématographique: les plans-cadrages, les enchainements (le montage). En d'autres termes, l'adaptation ciné n'y apporte rien de plus. A part des effets de zoom et de pan, qui sont souvent très superflus.
- Le dessin même en BD va du (photo)réaliste au pur abstrait (en passant par le caricatural simplifié). Au ciné on adapte presque toujours le caricatural. Or, des personnages caricaturaux passent mieux en statique qu'en dynamique. Il faut le génie d'un Tex Avery ou d'un Disney pour vraiment animer des personnages abstraits/caricaturaux!
- Le scénario est un autre problème. Un 44 planches (européen) ou 12 planches (amerlo) cela n'a pas la densité voulue pour un film de 80 minutes. A la télé, c'est pire: les auteurs sont pressés comme des citrons et pondent des scénarios d'une viduité consternante.
- Je ne rentre pas dans la problématique de la sono! Ni celle des voix…
- En général, les meilleures adaptations sont celles où le tout est fondamentalement re-pensé.
Voilà. Tout cela n'engage que moi, bien sûr.
¿GDU?