J'ai découvert
Sorcières et magiciens et
Le Pont des Pirates récemment (à vrai dire dimanche dernier !
), un peu par hasard, dans un salon de la BD. Je n'y cherchais pas particulière de la BD pour enfant, j'y cherchais simplement des planches qui d'une part m'accrochent, et qui d'autre part puisse me servir d'extraits pour illustrer un cours d'histoire des arts pour lycéens.
Je passe donc rapidement sur l'esthétique de l'œuvre — si elle n'avait pas attiré mon œil, je ne l'aurais pas sélectionné.
Je reviens plus en détail sur la critique de "simplisme" qui me semble particulièrement infondée. Les histoires sont courtes, de deux à une quinzaine de pages, ce qui limite évidemment la complexité du scénario ... Cette limite étant posée, je vois mal ce qui la justifie, les histoires jouant davantage sur les ambiances que sur les rebondissements. Sur ce point à mon sens, la maison d'édition a tendu le bâton pour se faire battre, en estampillant les deux tomes "BD pour enfant" — qui plus est, honte suprême !, à lire à partir de 4 ans. Non, non, je demeure convaincu qu'il s'agit bien de bandes dessinées pour adulte ... qui peuvent plaire à des enfants (avant 6 ans j'en doute un peu quand même). Par contre, elles me semblent parfaites pour apprendre à lire des images — ce qui s'apprend comme lire du texte.
Il se trouve que j'ai justement deux enfants en âge de lire des BD — une petite fille de 6 ans et un garçon de 9. Nous avons donc ouvert tous les trois
Le Pont des Pirates dimanche après-midi. J'avais sélectionné l'histoire éponyme pour ma fille — héroïne oblige —, et "Soir de fête" pour mon fils. À 9 ans, les codes sont parfaitement intégrés (crâne = cannibale, dessin anguleux = théâtre de marionnettes, sens de lecture des images ...). Il est d'ailleurs assez stupéfiant d'entendre vocaliser par un autre (un enfant qui plus est) ce que l'on est, mot-pour-mot, en train de penser en regardant une image. J'en tire deux conclusions évidemment : 1. il faut bien parler de
lecture d'image, et non d'observation ou de description ; 2. Vincent Wagner maîtrise parfaitement le langage iconique.
À 6 ans, les codes sont moins en place, il faut montrer ce qu'il y a a voir, expliquer, décrypter. Et là encore
Le Pont des Pirates me parait particulièrement propice aux apprentissages : travelling arrière dans "Soir de fête", découpage du gaufrier dans "Bateau pirate", détail du dessin exploité dans l'image suivante etc., l'essentiel des codes peuvent être retrouvés.
Nous y avons pris tous les trois beaucoup de plaisir.
En résumé, que ce soit pour un adulte ou pour un enfant, je range ces deux tomes (et particulièrement le deuxième) dans les œuvres de toute première qualité, et attend le troisième avec impatience !